Lors du précédent article ICI, nous avons mis en avant que la motivation majeure du personnage principal était ce qui le poussait à agir. Il s’agit donc d’une force agissante sur le comportement du personnage dans votre histoire.
Nous avons aussi vu que pour décrire l’arc dramatique du personnage (qui consiste en une évolution de sa personnalité entre le début et la fin de votre histoire), il était nécessaire d’opposer deux états psychologiques assurant un changement de polarité (tels que de la solitude à l’amour, de la peur au courage, de l’immaturité à la sagesse…).
Maintenant, voyons ce qui se passe entre ces deux extrêmes.
Le principe est qu’on ne peut se réveiller un beau matin en ayant réglé tous ses problèmes, ses failles ou ses blocages. Il en est de même pour vos personnages.
Ce renversement trouve son origine dans les prises de conscience qui feront jour dans l’esprit du personnage au fil de l’histoire. Ces révélations sur lui-même peuvent venir du personnage qui fait alors un choix conscient pour changer ou bien vous pouvez le forcer à accepter le changement en ne lui donnant aucune autre possibilité que d’essayer un nouveau système de croyances, de saisir une opportunité ou d’adopter une nouvelle façon de vivre.
Question d’intériorité
Ainsi, vous montrez les effets du changement sur le personnage. Comme il s’agit de décrire une intériorité, c’est en accomplissant des actions et des réactions que votre personnage selon les circonstances illustrera le mouvement interne de sa psyché.
Ce sont les circonstances (les événements extérieurs) qui provoquent le changement et qui rendent crédible la possibilité de cette transformation progressive de la personnalité du personnage. Ce changement intime apporte de la richesse à votre histoire car le personnage est une puissante force d’attraction pour un lecteur.
Cependant, on ne peut se contenter de faire évoluer un personnage si cette évolution n’est pas initiée par des événements extérieurs au personnage. Il doit exister un lien de causalité entre les événements et le mouvement interne de la psyché du personnage. Ce qui se passe autour du personnage est le catalyseur à la fois pour la croissance interne de celui-ci et l’intérêt du lecteur.
Comment concrétiser ce changement dans les faits ?
En liant les événements et l’arc dramatique dans une relation de stimulus et de réponse. Le changement n’est pas immédiat. En fait, le personnage lutte pour maintenir son point de vue sur le monde et son attitude actuelle, habituels la majeure partie de l’histoire. Le personnage n’est tout simplement pas prêt à assumer ce changement dont il a pourtant absolument besoin.
Mais il ne peut se résoudre à changer car il ne comprend pas encore qu’il doit changer. Il fera donc tout son possible pour éviter de se retrouver face à face avec son problème. Les choix qu’il fera (avant que le renversement se produise) vont se retourner contre lui ou le blesser d’une manière ou d’une autre jusqu’au point de le briser moralement.
C’est alors que le personnage se retrouve dans une situation où il n’a pas d’autres choix que de comprendre à quel point son entêtement était stupide et qu’il accepte enfin de changer.
Ce voyage intérieur du personnage est un cheminement, un parcours, un itinéraire avec des étapes. Ces étapes sont parfois une avancée, une prise de conscience légère et parfois, le personnage fait non pas une marche arrière mais se renfrogne dans son comportement néfaste.
Le personnage doit résister au changement. Et c’est de toutes façons une tendance bien naturelle. A la fin de votre histoire, il vous faudra montrer que le changement est complet au cours d’un dernier événement extérieur. Cet ultime événement sert à montrer que le personnage a réellement changé.
Des micro arcs
Nous avons donc envisagé l’arc dramatique sur toute la longueur de l’histoire. Mais des micros arcs sont aussi possibles le temps d’une scène.
Généralement, le personnage entre dans la scène dans un certain état d’esprit tout empreint d’une émotion spécifique et il en sort armé d’une toute autre émotion opposée cependant à celle initialement décrite.
Les émotions sont des choses délicates à gérer entre l’absence de connexion avec le lecteur (qui ne la perçoit pas) et la surenchère dans l’exploitation de cette émotion qui conduit alors à un manque de naturel dérangeant (problème du pathos).
Bien sûr, les événements de la scène (extérieur au personnage) peuvent influencer de façon crédible le changement d’émotion à l’intérieur du personnage (traduit alors dans son comportement).
Tout s’articule autour des actions externes et de la structure de la scène. Cette structure peut se décomposer en :
– un but,
– un conflit,
– un climax (généralement sous la forme d’une frustration pour le héros).
Le but
Le but est l’objet que poursuit le héros (selon son point de vue au moment de son entrée dans la scène) pour cette scène et uniquement pour celle-ci. Pour éviter une confusion, mettez en place cet objet dès le début de la scène afin que l’intention du personnage à ce moment spécifique soit bien déterminée.
Le conflit
Le conflit se concrétise par la résistance que rencontre le personnage pour atteindre son but. Toutes les formes (dialogue, mouvement, découpage de la scène…) sont possibles pour exprimer ce conflit.
Le climax
Le conflit mène tout naturellement au climax de la scène (ou son apogée si vous préférez ce terme).
L’idée est que le personnage (qu’il soit principal ou non) se sente frustré dans cette scène afin de provoquer une réaction émotionnelle chez lui qui va interférer sur la polarité de l’émotion (de positif à négatif ou réciproquement).
Par exemple, si le personnage arrive plein d’espoir et déterminé, il ressort de la scène complètement découragé.
Ainsi se sont les événements extérieurs (sous la forme d’un conflit) qui initient l’arc dramatique spécifique de la scène.
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