Le conflit dans la constitution des arcs dramatiques est une lutte majestueuse : il s’agit de modeler l’âme d’un héros et d’une héroïne ! Ici nous plongeons dans une question des plus importantes, l’essence même qui insuffle la vie à nos héroïnes, nos héros et nos méchants : le conflit !
Car c’est le conflit, cette lutte majestueuse, qui fait battre le cœur et accélérer le sang ! Tout comme le ciseau du sculpteur taille le marbre brut ou les mains de l’artisan potier sculptent l’argile informe pour en révéler le chef-d’œuvre caché à l’intérieur, de même le conflit cisèle le potentiel brut d’un personnage, révélant le héros, l’héroïne, le méchant ou l’âme complexe qui se trouve en dessous.
De lumière & d’ombre
C’est le feu où les vertus sont forgées et les failles sont exposés au grand jour ! Il y a abondance de conflits, à la fois internes et externes ! Le héros et l’héroïne peuvent être assaillis de doutes et d’insécurités, une tempête faisant rage dans leur âme même.
Ou peut-être sont-ils confronté à un méchant aux desseins monstrueux, un choc de titans qui ébranle les fondations mêmes du monde ! Mais attention, artisans des mots ! Pour créer un conflit qui ait un retentissement, qui saisit le lecteur/spectateur comme un étau, il faut un œil avisé et une main ferme.
Les luttes de l’héroïne et du héros doivent sembler authentiques, leurs anxiétés crédibles. Les motifs du méchant, aussi maléfiques soient-ils, doivent contenir une lueur de logique, un reflet déformé des désirs de l’humanité car il s’agit de favoriser des liens authentiques entre la lectrice, le lecteur et le récit. Pour créer un conflit qui vibre jusqu’au lecteur/spectateur mais aussi le capture dans sa nasse, cela nécessite non seulement un œil avisé et une main ferme, mais aussi un cœur accordé au vaste spectre des émotions et expériences humaines.
Le parcours héroïque, avec ses épreuves et tribulations, doit être peint avec la touche de l’authenticité. Les peurs et les aspirations des personnages tintant en écho dans les ténébreuses cavernes de nos propres âmes.
La lutte, peu importe combien fantastique ou lointaine, doit sembler être la nôtre, tirant sur les fils de l’empathie qui se tissent à travers chacun de nous. Idem pour l’antagoniste ou le méchant dans nos récits qui devraient être façonné avec autant de soin et de complexité. Leurs motifs, bien qu’ils dévient sans doute vers le domaine du mal ou de l’immoral, doivent provenir d’une source de logique et de vérité que nous, malgré notre réticence, pouvons comprendre et peut-être, inconfortablement, sympathiser avec.
Cela ne signifie pas que nous approuvons leurs actions, mais plutôt, nous reconnaissons en eux les ombres de notre propre monde, le sombre miroir qui reflète non seulement les échecs individuels mais aussi les blessures sociétales et culturelles.
Le véritable art dans la création d’un conflit intéressant réside dans cet équilibre et cette interaction entre la lumière et l’ombre, entre le héros et le méchant. Il s’agit de peindre les deux avec des nuances profondément humaines, imprégnées de désirs, de peurs et de motifs qui, bien qu’uniques à leurs circonstances, répondent à un niveau universel. Cette réflexion perverse des désirs de l’humanité est la clé qui ouvre un récit simple en une riche symphonie de dilemmes moraux, personnels et éthiques, invitant le lecteur/spectateur non seulement à observer mais aussi à questionner, à réfléchir et à ressentir âme et corps des vérités possibles.
Il faut aussi considérer les arènes dans lesquelles ces conflits se déroulent. Les lieux, qu’il s’agisse de l’espace immense d’un imaginaire fantastique ou de l’étroitesse d’un vaisseau spatial, doivent servir à plus que de simples toiles de fond. Ils devraient refléter, défier, et même améliorer les conflits internes et externes de nos personnages, agissant comme des leviers qui provoquent le récit vers l’avant et agitent les enjeux émotionnels.
Le but de chaque récit que nous menons à bien n’est pas simplement de conter une histoire mais d’inviter la lectrice et le lecteur dans un voyage ; un de ceux qui mettent au défi leurs perceptions, agitent leurs émotions et, peut-être le plus important, leur laissent un toucher durable bien après que la dernière scène s’estompe dans le noir.
Créer une telle histoire nous oblige à suivre la frontière brouillée entre l’obscurité et la lumière, la logique et l’émotion, en s’assurant que chaque élément, du personnage au conflit, est imprégné de l’authenticité et de la complexité qui reflètent l’expérience humaine. C’est l’essence même d’une narration captivante, le cœur même de ce que signifie être une autrice ou un auteur.
Maintenant, comment, vous demandez-vous, tissons-nous ce conflit dans le tissu même de nos personnages ? Comment faisons-nous de leurs luttes non pas simplement des obstacles, mais des pierres d’achoppement sur le chemin de leur grandeur car un arc dramatique est d’abord une aspiration à une telle grandeur ?
Laissez le héros et l’héroïne affronter leurs démons intérieurs dès le début, dès le commencement de leur histoire, un aperçu de leurs vulnérabilités qui préfigure les épreuves à venir ! Ensuite, alors qu’ils font face à des défis extérieurs, laissez-les se hisser à la hauteur des circonstances, leur résolution renforcée par chaque victoire, leurs manquements tempérés par chaque défaite ! Et ne vous inquiétez pas, aspirants bardes ! Plongez vos personnages dans des situations qui testent leurs morales, qui les forcent à choisir entre le bien et le mal ! Laissez-les lutter avec des choix impossibles, leurs identités même seront en jeu !
À travers le conflit, nous assistons à la métamorphose de l’ordinaire en extraordinaire. Nous encourageons le héros et l’héroïne alors qu’ils surmontent des obstacles apparemment insurmontables, et nous tremblons devant la résolution inébranlable du méchant. Alors, aimez le conflit, conteurs ! Qu’il soit ce fourneau qui raffine vos personnages, le feu qui forge leurs âmes en quelque chose de magnifique ! Car c’est à travers le conflit que les héros et les héroïnes naissent véritablement !
Le conflit : une affaire humaine
Le conflit est la moelle même du drame, la forge qui martèle un personnage brut en un être de profondeur et de dimensions. Tout comme l’artisan potier révèle la forme cachée dans de l’argile informe, ainsi le conflit expose-t-il l’essence même de l’âme humaine.
Dans son feu, les imperfections sont exposées, les peurs se manifestent et les désirs brûlent d’une chaleur incandescente. D’abord, nous explorons le domaine du conflit de la personne contre elle-même. Ici, le champ de bataille ne se trouve pas sur une plaine lointaine, mais dans le cœur, c’est-à-dire les passions. C’est une guerre menée contre les murmures du doute, les angoisses dévorantes et le chant des sirènes de la tentation. Celle-ci n’est peut-être pas un problème digne d’une intrigue mais elle fonde indubitablement la personnalité d’un personnage.
Un homme, sous le poids d’un sombre secret, peut lutter contre le chemin vertueux ou succomber aux ombres ; une femme, aspirant à une vie au-delà des contraintes sociétales, peut défier la tradition et risquer le mépris social : ces luttes intérieures sont les plus intimes, les plus relatives, car en chacun de nous réside le potentiel pour un tel tumulte.
Et de ces forces émerge un élixir puissant : une transformation personnelle. Autrice et auteur, témoignez de cette métamorphose ! L’âme timide, forgée dans les feux d’une confrontation à soi-même, renaît avec un courage renouvelé. L’individu orgueilleux, humilié par ses propres échecs, découvre la valeur de l’humilité. Ce triomphe interne est un spectacle à voir, un témoignage de la résilience de l’esprit humain lorsqu’il est face à son existence.
Maintenant, tournons notre regard vers une scène plus large, où l’écosystème dramatique se déploie avec une grâce plus grandiose. Ici, nous rencontrons des conflits de nature plus externe : la personne et la société ou la personne et la nature. Ces forces, société et nature, vastes par essence et apparemment inflexibles, testent le courage de nos personnages de manière à la fois subtile et spectaculaire. Un dissident solitaire, qui se rebelle contre les injustices d’un système corrompu, incarne le conflit par excellence de la personne contre la société. Il se tient là défiant un monde qu’il n’a pas choisi ; il est une lueur de vérité dans un monde enveloppé dans l’obscurité. Sa lutte, chargée de périls, parle de la puissance de la conviction et de la soif inextinguible de justice.
La nature est également un adversaire redoutable. Un survivant isolé, échoué sur une île déserte, doit opposer son ingéniosité aux éléments impitoyables. Son combat pour la survie, un témoignage de l’instinct primal humain, nous force à admirer la volonté indomptable de vivre.
Ces conflits externes éclairent des aspects du caractère humain qui ne sont pas immédiatement évidents. Nous sommes témoins de la résilience d’un personnage face à l’adversité, de sa moralité mise à l’épreuve par les difficultés et de son ingéniosité qui s’épanouit dans la quête de la survie. Dans le creuset de ces luttes externes, le parcours narratif du héros est encore enrichi, son arc dramatique prenant une dimension véritablement épique.
Ainsi, le conflit, sous toutes ses formes, se présente comme le sang vital du drame. C’est le moteur qui propulse nos personnages vers l’avant, l’alchimie qui révèle leur essence et partant, d’où émerge l’essence même de l’humanité : imparfaite, résiliente et éternellement en quête.
Des conflits vraisemblables
Imaginez que l’autrice et l’auteur soient des forgerons, martelant une histoire. Le feu qu’ils utilisent n’est pas réel, mais il est tout aussi brûlant : c’est le conflit. Et ce conflit est ce qui nous fait nous préoccuper des personnages. Plus nous croyons en ce conflit, plus nous sommes aspirés dans l’histoire, avec nos sentiments et tout ce qui va avec. Pour qu’un lecteur/spectateur s’investisse vraiment dans les luttes des personnages, les enjeux doivent être clairs et avoir une signification personnelle.
Car les personnages ne sont pas de simples pions sur un échiquier prédestiné, mais des individus animés par des désirs, des ambitions et un profond désir pour quelque chose qui dépasse leur portée. Des obstacles, à la fois internes et externes, se dressent sur leur chemin, créant une tension à la fois logique dans son développement et chargée émotionnellement dans son impact. C’est cette tension, ce dialogue entre la raison et le sentiment ou les passions, qui attire la lectrice et le lecteur, car cette tension fait écho aux luttes internes que nous affrontons tous dans la matrice de la vie.
Les doutes internes, les pressions sociétales et les machinations de la providence conspirent tous pour créer un réseau de défis. Cependant, ces conflits ne sont pas de simples exercices de frustration. Ils servent un but plus profond. La résolution, si elle survient, ne devrait pas être facilement obtenue.
Les personnages doivent être testés, forcés à lutter avec des décisions difficiles, et finalement subir un processus de croissance personnelle. Des sacrifices doivent être faits, des croyances chéries remises en question et des faiblesses affrontées.
C’est à travers cet alambic que les personnages, et par extension le lecteur/spectateur, se transforment. Les cicatrices du conflit peuvent rester bien sûr, mais aussi la sagesse durement acquise et une force nouvellement trouvée. Cette lutte pour cet achèvement vibre profondément avec le lecteur/spectateur. Nous avons tous fait face à des défis, lutté contre des démons intérieurs et connu l’amertume du sacrifice. En reflétant ces expériences par procuration à travers la narration, l’autrice et l’auteur permettent à leur lecteur et à leur lectrice de se voir eux-mêmes dans la situation des personnages.
Nous nous identifions à leurs luttes, célébrons leurs triomphes et apprenons à leurs côtés. De cette manière, le conflit devient non seulement un élément de l’intrigue, mais un pont qui relie le monde fictif au paysage émotionnel du lecteur/spectateur. Ainsi, le scénariste, tel le forgeron, manie le conflit comme un outil. Dans la forge ardente de la lutte narrative, les personnages sont façonnés, les motivations sont révélées et l’empathie du lecteur/spectateur est sollicitée.
C’est à travers ce processus que les histoires transcendent le simple divertissement, devenant des témoignages de la résilience de l’esprit humain et du pouvoir transformateur de surmonter l’adversité.
L’arc dramatique et le conflit
Le moteur qui propulse un personnage, l’orage qui révèle ses profondeurs, bien sûr, c’est le conflit. Autrice, auteur, cinéaste tels des détectives avec leur loupe, scrutent l’âme de leurs créations, cherchant les failles qui les feront trembler et se transformer.
Oubliez les grandes déclarations et les discours remplis d’exposition. C’est dans les rides gravées autour des yeux fatigués, le tremblement dans une main levée, l’éclair de défi suivi d’une déglutition hésitante ; ce sont là les champs de bataille où les personnages se heurtent réellement.
Les conflits internes, ces anxiétés murmurées et rancœurs fermentées, mijotent sous la surface, colorant chaque regard et chaque choix. Un personnage hanté par une erreur passée pourrait sursauter à une voix élevée ou un rêveur aspirant à l’évasion pourrait s’attarder devant une brochure de voyage poussiéreuse.
Et puis, il y a le monde, cet antagoniste impitoyable qui lance ses revers. Un amour non partagé, un emploi perdu, une trahison qui brûle ; ces forces externes agissent comme des points de pression, poussant les personnages à affronter leurs démons intérieurs. Comme un sculpteur avec un ciseau, le conflit érode leur façade, révélant la vulnérabilité brute en dessous. Vont-ils s’effondrer sous le poids ou bien en émerger plus forts, leurs croyances remodelées, leur esprit endurci ?
C’est dans cette ronde orchestrée par l’autrice et l’auteur, dans ce ballet délicat entre tourments intérieurs et extérieurs que les personnages sont véritablement forgés par le conflit. Ils deviennent plus que des noms dans un scénario, ils sont ces êtres imparfaits et fascinants qui trouvent un écho avec les réalités hirsutes de nos propres vies.
Après tout, n’est-ce pas face à l’adversité que nous découvrons qui nous sommes réellement ?
Lorsqu’un personnage traverse ces réseaux enchevêtrés de conflits, il est essentiel que son parcours reflète une progression naturelle de réactions, de décisions et d’évolution. Chaque pas franchi, chaque décision prise et chaque relation devraient être le miroir de la perspective évolutive du personnage.
Les gestes du personnage et ses interactions avec les autres ne sont pas seulement des réponses au conflit mais traduisent aussi une transformation en interne. Cette évolution est marquée par une série de défis qui non seulement mettent à l’épreuve la détermination volontaire du personnage mais révèlent également des dimensions cachées de sa personnalité, de ses motivations et de la complexité de l’expérience humaine en général.
Un bon exemple de ce concept est celui de Lisbeth Salander, la protagoniste du film suédois Millénium, le film : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes (2009).
Le monde ordinaire de Lisbeth (son état initial)
Lisbeth est une jeune hackeuse brillante mais profondément tourmentée. Elle protège farouchement sa solitude et se méfie des autres en général et des figures d’autorité en particulier. Malgré cela, Lisbeth possède une éthique fortement implantée en elle. Cependant, ses méthodes pour parvenir à son idée de justice ne sont pas conventionnelles et même impitoyables.
Ses défis
Lisbeth est engagée par Mikael Blomkvist, un journaliste discrédité, pour enquêter sur la disparition des décennies auparavant d’une jeune femme issue d’une famille aisée. En s’immisçant plus profondément dans l’enquête, Lisbeth découvre un choquant réseau de corruption et d’abus de pouvoir qui s’étend bien au-delà du cas initial.
Tout au long de ce processus, elle est menacée, attaquée, et même accusée de meurtre.
Transformation Interne
Ces défis obligent Lisbeth à affronter ses propres traumatismes et vulnérabilités enfouis. Elle commence à remettre en question son mode de vie solitaire et sa nature gardée. L’enquête favorise aussi un lien improbable avec Mikael, qui devient son seul véritable allié.
Les actions reflétant la transformation
Alors que Lisbeth confronte ses démons intérieurs, elle commence à faire confiance à Mikael et à s’ouvrir sur son passé. Cette confiance nouvellement trouvée se perçoit dans sa volonté de collaborer avec lui.
Elle utilise également ses compétences en piratage pour exposer la vérité, même lorsque cela la met en danger.
Croissance
À la fin du film, Lisbeth a subi une transformation significative. Bien qu’elle reste une solitaire, elle n’est plus isolée. Il y a une ouverture nouvelle vers les relations et la collaboration. Elle a un sens plus fort du but et se bat pour la justice avec une détermination renouvelée.
Le parcours de Lisbeth reflète une progression naturelle de la suspicion, de la confiance prudente et, en fin de compte, vers son acceptation d’une dépendance envers autrui. Ses actions tout au long du film sont une conséquence directe de sa transformation interne.
Le point culminant des parcours est souvent un conflit majeur, un moment de défi intense ou de réalisation qui agit comme un point de bascule dans la vie du personnage. Cette conjoncture critique devrait modifier fondamentalement le cours habituel du personnage ou approfondir sa conscience de soi, marquant une transformation significative dans son arc narratif. C’est à ce moment que les expériences accumulées du personnage, les leçons apprises des expériences et son évolution progressive convergent, conduisant à un moment de clarté intense ou de changement.
Cette transformation, cependant, n’est pas seulement l’aboutissement du voyage à travers le conflit, mais aussi un témoignage de la puissance de la narration. Elle souligne l’importance du conflit comme outil narratif, essentiel pour le développement de personnages captivants, multidimensionnels qui répondent aux attentes du lecteur/spectateur.
Grâce à l’équilibrage soigneux des conflits internes et externes, l’autrice et l’auteur peuvent créer des arcs dramatiques pour leurs personnages qui ne sont pas seulement engageants mais aussi une réflexion sur notre condition humaine. Le cheminement du personnage à travers ces conflits, aboutissant à un nœud dramatique puissant enrichit finalement le récit, offrant au lecteur/spectateur une expérience de narration plus riche et plus immersive.
Un Prophète
Un Prophète, réalisé par Jacques Audiard, illustre le puissant dispositif narratif du conflit en mettant en œuvre la transformation du personnage, en utilisant à la fois des luttes internes et externes pour sculpter le parcours de son protagoniste, Malik El Djebena.
Lorsqu’il entre en prison, Malik est dépeint comme une figure brute et vulnérable, manquant à la fois d’alliés et d’une voie claire à suivre. Cependant, au fur et à mesure que l’intrigue se déroule, il se retrouve empêtré dans une série incessante de conflits qui servent de fondement pour sa transformation.
Au cœur de la transformation de Malik réside le conflit interne qui fait rage en lui : une lutte pour l’identité, la survie et la moralité. Initialement, les actions de Malik sont motivées par un désir instinctif de survivre dans les réalités difficiles de la vie en prison. Cependant, alors qu’il navigue dans ces eaux périlleuses, il est confronté à des questions plus profondes de moralité et de sa propre identité.
Cette introspection témoigne du développement complexe du personnage que le film exécute si magistralement, montrant l’évolution de Malik d’un homme poussé par la nécessité à un individu qui contemple sa place au sein du vaste écosystème de la vie et du crime.
Les luttes internes auxquelles Malik fait face sont aussi importantes à son développement que les externes, soulignant le portrait délicat d’un personnage pris entre les diktats de son environnement et les murmures de sa conscience. À l’extérieur, l’ascension de Malik à travers la hiérarchie de la prison enveloppe un microcosme de la société, où les dynamiques de pouvoir et les tensions raciales mijotent sous la surface.
Les conflits dans lesquels il s’engage avec les autres détenus ne testent pas seulement sa force de caractère, mais reflètent également les défis sociétaux plus larges d’inégalité, de racisme et de lutte pour le pouvoir. Ces conflits externes sont essentiels pour forcer Malik à élaborer des stratégies, négocier et parfois, commettre des actes de violence, favorisant toujours sa transformation.
Le film utilise habilement ces interactions pour commenter la nature du pouvoir, comment il est acquis, maintenu et exercé dans les confins d’une société qui reflète celle à l’extérieur. Un élément déterminant dans le parcours de Malik est le mentorat forcé qu’il subit sous l’aile de César Luciani, un chef de la mafia corse. Cette relation initie Malik aux brutalités d’un monde interlope hétérogène, agissant comme un levier pour sa transformation.
Le mentorat, bien que forcé initialement, devient une partie significative de l’éducation de Malik dans le crime et le leadership, illustrant comment les forces externes et les individus peuvent avoir un impact profond sur le chemin et l’évolution personnelle d’un individu.