Les conditions d’un parcours héroïque à venir sont celles d’un désert. La fertilité, le sens de la vie ont disparu. Comme si toute l’histoire d’un pays ou d’un royaume s’était figée dans l’ignorance. Par conséquent, un challenger plus jeune que le vieux roi emprunte des chemins inconnus, affronte un dragon et gagne un trésor, qui peut être des richesses ou un objet plus distinctement symbolique, comme le Graal dans les mythes du Graal ou un poisson sacré dans les mythes du roi pêcheur.
Le parcours héroïque transforme la vie de celui ou de celle qui s’y aventure. La vraie découverte est celle de l’affirmation de la vie. Une telle perspective embrasse les difficultés et les défis de la vie. Néanmoins, ce n’est pas un geste égoïste. Lors de son retour chez lui ou chez elle, l’héroïne ou le héros ne font rien moins que partager cette connaissance nouvelle qu’ils ont acquises au prix de périlleux efforts.
Alors la foule acclame le retour du héros ou de l’héroïne. Le peuple est enclin à se soumettre à la loi nouvelle que lui inspire de telles aventures. Il ne sait pas encore qu’il se soumet à la tyrannie de l’admiration. Le retour du héros et de l’héroïne est une promesse de guérison. On se sent de nouveau vivant et plein d’espoir. Mais les lendemains qui chantent ne sont que la perte de nos illusions.
Un parcours individuel
Considérons le conflit générationnel. Vous êtes jeunes et toutes figures d’autorité si vous l’identifiez ou toutes formes d’autorité si vous vous bornez au concept est pour vous un obstacle. Ces figures ne sont pas si mauvaises, c’est juste que leurs vérités viennent d’un autre temps.
Alors il vous faut emprunter le chemin héroïque. C’est à tout âge qu’on constate son insatisfaction de son système familial, de son activité professionnelle, de sa propre communauté ou même de la façon dont on vit sa propre vie. En cherchant à trouver une plus grande vitalité et plénitude pour soi-même, on cherche aussi des réponses qui contribuent à une transformation collective.
Quand on ressent l’ennui ou la sensation de devenir étranger à soi-même, de ressentir une vacuité de ses pensées et de ses idées, que la mort, l’absence, l’abandon en un mot la perte envahit notre âme, qu’une addiction, un échec ou de la colère s’empare de nous, alors il est temps d’accomplir le voyage héroïque.
Que ce soit une insatisfaction ou un désir d’aventure, ce voyage métaphorique vous transformera inévitablement. Vous en reviendrez avec de nouvelles idées, de nouvelles perspectives sur votre place dans le monde ; un monde par définition hostile mais duquel vous tirerez une soudaine révélation quelle qu’en soit par ailleurs la nature.
Il faut du courage pour entreprendre un tel voyage.
Il existe une théorie qui dit qu’en expérimentant sa propre métamorphose, vous pouvez contribuer à la transformation de tout un système : son cercle familial, son milieu professionnel, sa communauté et pourquoi non, la société tout entière. Joseph Campbell, dans Le Héros aux mille et un visages, définit le héros comme le champion non pas des choses à devenir (un espoir qui ne demeure que ce qu’il est) mais des choses en devenir ; c’est un processus incessant car ce dragon qui doit être tué par le héros (c’est-à-dire nous) est précisément le monstre du statu quo : rejetez donc le gardien du passé.
La tâche du héros et de l’héroïne a toujours été d’apporter une nouvelle vie à ce qui s’est sclérosé. Le remède en somme est à portée de volonté. Au lieu de se contenter de personnes exceptionnelles capables de mener une telle quête, nous devrions tous le faire. L’héroïsme d’aujourd’hui exige que chacun d’entre nous trouve le trésor de nous-mêmes et que nous le partagions avec la communauté dans son ensemble en faisant et en étant pleinement qui nous sommes.
Dans la mesure où nous le faisons, nos royaumes seront transformés.
Merci