Vous venez de finir votre scénario. Êtes-vous réellement prêt à le partager ? Peut-être mais pas avant de vous en assurer. Comment ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre.
La relecture
Lorsque vous pensez être prêt, relisez votre scénario de la première page à la dernière et en une seule fois. Ne vous interrompez pas, tout au plus surligner ce qui vous crée un doute, mais n’en faites pas plus. L’idée ici est que si vous parvenez à lire votre scénario sans anicroche au cours de votre lecture, il est fort probable qu’une lectrice ou un lecteur de votre scénario soit dans le même état d’esprit.
Si, de fortune, vous avez surligné quelques moments, après cette relecture, reprenez les points qui vous ont précédemment interpellés. Travaillez ces moments et lorsque ces corrections auront été faites, donnez-vous le temps d’une nouvelle relecture. Comprenez bien : vous ne retravaillez pas les points obscurs au moment où ils apparaissent mais seulement après que vous ayez complété votre lecture. Cet objectif de polissage est celui de la complétude. Donnez-vous le temps de reprendre votre scénario. Pensez-le car il est bien plus qu’un simple objet pour vous.
De ces points obscurs peut émerger un manque de cohérence dans les actions d’un personnage. Certes, lorsque la réaction d’un personnage est surprenante et qu’elle ne correspond pas aux traits de personnalité que le scénariste lui a attribués comme, par exemple, un personnage présenté comme une personne organisée et ponctuelle, surprise par la décision d’un autre personnage d’organiser par exemple un voyage car il ne s’attend pas à ce que cet autre le fasse ; cette incohérence dans sa réaction peut servir l’intrigue et renforcer le drame. Cette incohérence pourrait alors être expliquée ou développée au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Peut-être que l’arc dramatique du personnage implique qu’il devienne plus ouvert à la spontanéité, ou qu’il y ait une raison sous-jacente à sa surprise.
De telles incohérences peuvent donner de la profondeur aux personnages et les rendre plus compréhensibles et intéressants à suivre.
Mais parfois le comportement d’un personnage peut être problématique. Par exemple un personnage a toujours été dépeint comme introverti et timide tout au long du scénario. Un changement de comportement soudain et extrême dans une situation donnée pourrait ne pas correspondre aux traits de personnalité établis par le scénariste. Ce type d’incohérence peut troubler le lecteur/spectateur et perturber son engagement dans le récit alors qu’au moment d’écrire cette scène, le ou la scénariste ne se sont pas aperçus que ce comportement nouveau ne se justifiait pas.
S’apercevoir de ce problème n’est possible que lors d’une relecture complète car les événements sont encore frais dans l’esprit et un surlignage s’impose avant de continuer la lecture.
L’économie
Un scénario ne s’embarrasse pas de ce qui est inopportun ou inutile. Les éléments superflus d’un scénario peuvent encombrer la narration et en ralentir le rythme. Par exemple, le personnage prépare le repas et l’écriture s’attarde sur les différentes épices à disposition. A moins que cela soit utile dans l’intrigue, c’est totalement non nécessaire. Si le scénario ne lie pas cet élément à l’intrigue ou au développement des personnages, il peut être considéré comme superflu et il risque de ralentir le rythme sans apporter de valeur ajoutée à l’ensemble du récit.
L’écriture d’un scénario doit donner la priorité aux éléments qui font avancer l’intrigue, développent les personnages ou contribuent au ton général et aux thèmes de l’histoire. Les détails inutiles peuvent détourner l’attention du lecteur/spectateur de ce qui est essentiel à la narration ou comme dans notre exemple à la scène et avec le risque de perturber la fluidité de la lecture.
Un conseil peut-être. Le participe présent permet d’indiquer une action en cours. Sous le nom d’un personnage, il peut figurer entre parenthèses un geste par exemple
ANNE
(se penchant)
cette règle grammaticale se répétera tout au long de votre écriture afin de faciliter la lecture de votre lectrice et de votre lecteur. En un mot, n’y dérogez pas. C’est votre intuition qui doit fonctionner comme chez votre lectrice et votre lecteur. Lors de votre lecture, surlignez le moment de cette espèce de malaise. Vous l’analyserez plus tard.
Un autre conseil peut-être. Dans l’en-tête de la scène, vous indiquez le lieu. Par exemple
INT. CHAMBRE D’ANNE – NUIT
Assurez-vous que toutes les fois où l’action prend place dans la chambre d’Anne que l’en-tête CHAMBRE D’ANNE soit le même. N’écrivez pas LA CHAMBRE D’ANNE parce que ce simple article pertubera la lecture.
C’est l’un ou l’autre et non une fois l’un et une fois l’autre. De manière pratique, la plupart des logiciels d’écriture de scénario possède la fonctionnalité de lister vos scènes. Si vous utilisez ce rapport, vous vous apercevrez que le logiciel distingue entre CHAMBRE D’ANNE et LA CHAMBRE D’ANNE. Ce qui n’est d’évidence pas votre intention.
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