Dans une déclaration claire sur les motifs, il faut un mot qui nomme l’acte (ce qui a eu lieu, en pensée ou en action), et un autre qui nomme la scène (le contexte de l’acte, la situation dans laquelle il s’est produit) ; il faut aussi indiquer quelle personne ou quel type de personne (c’est-à-dire l’agent à l’origine de l’acte), quels sont les moyens ou les instruments qu’il a utilisés (c’est-à-dire l’effet produit), et quel est le but de l’acte qui peut différer de l’effet produit.
Les êtres humains peuvent être violemment en désaccord sur les objectifs d’un acte donné, sur le caractère de la personne qui l’a accompli, sur la manière dont elle l’a fait ou sur le type de situation dans laquelle elle a agi ; ils peuvent même insister sur des mots totalement différents pour nommer l’acte lui-même.
Quoi qu’il en soit, toute déclaration complète sur les motivations apportera des réponses à ces cinq questions : ce qui a été fait (l’acte), quand et où cela a été fait (la scène), qui l’a fait (l’agent), comment il l’a fait (les moyens) et pourquoi (le but).
La question du motif
Imaginons que l’on manipule les termes, pour l’imputation des motifs, dans un cas comme celui-ci : Le héros (l’agent) avec l’aide d’un ami (le co-agent) déjoue le méchant (le contre agent) en utilisant une lime (le moyen) qui lui permet de briser ses liens (l’acte) afin de s’échapper (le but) de la pièce où il a été enfermé (la scène).
En choisissant ici une hypothèse, nous pourrions situer le motif dans l’agent, comme si nous attribuions son évasion à un trait de sa personnalité, tel que l’amour de la liberté. Nous pourrions également souligner la force de la motivation liée à la scène, puisque rien n’est plus sûr d’éveiller des pensées d’évasion chez un être humain qu’une condition d’emprisonnement.
Ou encore, nous pourrions noter le rôle essentiel joué par le co-agent, en aidant notre héros à s’échapper, et, avec de telles pensées comme point de départ, nous pourrions convenir que les motivations de cet acte soient réduites à des origines sociales.
En utilisant la scène au sens d’arrière-plan, et acte au sens d’action, on pourrait dire que la scène contient l’acte. Et en utilisant agents au sens d’acteurs (qui agissent), on pourrait dire que la scène contient les agents.
Un des principes de l’art dramatique est que la nature des actes et des agents doit être cohérente avec la nature de la scène. Et si les œuvres comiques et grotesques (c’est-à-dire ne se souciant pas de la réalité) peuvent délibérément opposer ces éléments, le lecteur/spectateur tient compte de cette liberté d’expression, ce qui réaffirme le même principe de cohérence de l’acte, de l’agent et de la scène dans sa violation même.
Quoi qu’il en soit, en examinant d’abord la relation entre la scène et l’acte, il suffit de noter ici le principe selon lequel la scène est un contenant adéquat pour l’acte. Et que les éléments qui composent la scène ne changent pas alors que l’acte est appelé à se développer dans le temps.
Ce qui justifie une scène est l’action qu’elle décrit. Bien que distinct, il y a néanmoins une interdépendance entre la scène et l’action qu’elle contient.
L’interaction
Dans les récits et les drames, les personnages interagissent souvent les uns avec les autres, et ces interactions peuvent servir de conditions scéniques ou d’environnement. Dans un contexte théâtral ou narratif, les conditions scéniques ou l’environnement font référence à l’environnement physique, émotionnel et social ou aux circonstances dans lesquelles se trouvent les personnages. Cet environnement peut comprendre le décor, les objets, l’éclairage (tel un clair-obscur) et d’autres éléments qui contribuent à l’atmosphère générale d’une scène.
Lorsque les personnages interagissent les uns avec les autres, ils peuvent façonner les conditions scéniques ou l’environnement les uns pour les autres de plusieurs façons :
- Les personnages peuvent influencer le cadre d’une scène. Par exemple, un personnage peut changer l’humeur ou l’ambiance d’un lieu par ses actions ou ses émotions. Leur présence peut également affecter la disposition physique des objets dans l’environnement.
- Les interactions entre les personnages peuvent créer une atmosphère ou un ton émotionnel dans une scène. Si deux personnages se disputent vivement, ils peuvent contribuer à créer un environnement tendu et dramatique. En revanche, une conversation amoureuse entre deux personnages peut créer une atmosphère chaleureuse et positive.
- Les interactions entre les personnages peuvent définir la dynamique sociale d’une scène. Ils peuvent établir des luttes de pouvoir, des alliances ou des conflits qui, à leur tour, affectent l’environnement des uns et des autres. Par exemple, un personnage qui en brutalise un autre peut créer un environnement hostile pour la victime.
- Les interactions entre les personnages peuvent faire avancer l’intrigue ou introduire de nouveaux éléments dans le récit. Ces interactions peuvent servir d’environnement ou de conditions qui favorisent le développement des personnages et où les événements de l’intrigue sont possibles.
Imaginons une scène dans laquelle deux personnages, Anne et Jean, discutent dans un café confortable et faiblement éclairé. L’interaction entre Anne et Jean (les agents), les sujets qu’ils abordent et leur langage corporel contribuent aux conditions scéniques du café.
Si leur conversation devient tendue ou romantique, l’atmosphère du café peut s’en trouver transformée, ce qui en fait un élément clé de leur interaction. Les personnages d’un récit ou d’un drame peuvent être considérés comme influençant et étant influencés par leurs interactions, qui à leur tour affectent les conditions scéniques ou l’environnement de la scène.
Ces interactions sont essentielles pour développer les personnages, faire avancer l’intrigue et créer une expérience narrative riche et immersive.
Merci