Parfois on est tellement pris dans la création d’un personnage et de son héroïne ou de son héros en particulier, qu’on ne s’aperçoit pas qu’on ne leur a pas donné une claire motivation pour agir, pour se monter proactif.
Certes, il faut faire confiance à sa lectrice et à son lecteur car leur entendement et leur imagination les aideront à lier les choses ensemble et ils chercheront naturellement à se saisir de l’objectif qui meut ainsi le protagoniste dans le cours d’une intrigue.
Encore faut-il que vous-mêmes ayez pensé à cet objectif, c’est-à-dire non seulement au pourquoi mais aussi au quoi des actions de l’héroïne ou du héros.
Un problème d’importance
Le problème du protagoniste se situe dans le monde. C’est quelque chose qui est à l’extérieur de lui et qui doit être rectifié comme une iniquité qui ne peut perdurer. Alors il y a une volonté & un mouvement chez le protagoniste et par cela, l’intrigue progresse.
Puisque le protagoniste est prêt à fournir cet effort, pourquoi le fait-il ? Pourquoi veut-il ce qu’il veut ?
Ici, il apparaît un embarras. Supposons que nous savons le pourquoi, que nous connaissons le but des actions du héros ou de l’héroïne ; alors nous courrons le hasard de la répétition. En effet, une action répétitive peut être le signe d’un manque de développement et d’épanouissement du personnage. Dans une histoire bien structurée, le protagoniste doit être confronté à des défis et à des obstacles qui le forcent à évoluer et à changer au fil du temps.
Si le protagoniste continue à faire les mêmes actions ou à prendre les mêmes décisions sans évoluer, cela peut conduire à un arc dramatique plat et inintéressant. En effet, la personnalité d’un personnage est faite de couches profondes qui se manifestent dans vos thèmes et en émotions complexes. Se focaliser sur l’objectif mène à ignorer l’exploration toujours très captivante pour le lecteur/spectateur des différentes strates de cette personnalité.
La répétition peut rendre une histoire prévisible. Si le lecteur ou la lectrice peuvent anticiper la façon dont le protagoniste réagira à chaque situation parce qu’il ou elle utilise toujours la même approche, cela peut conduire à un manque de suspense ou d’engagement. Les récits sont souvent plus convaincants lorsqu’il existe une incertitude quant à la manière dont le protagoniste relèvera de nouveaux défis.
La répétition des actions peut donner une impression de stagnation à la narration. Lorsque les actions et les choix d’un personnage restent cohérents tout au long de son récit, le lecteur/spectateur peut avoir l’impression que le personnage ne fait que revivre la même scène, ce qui entraîne l’ennui et le désintérêt. Dans la vie réelle, on s’adapte et on change en fonction des expériences et des défis que l’on rencontre. Lorsque les actions d’un personnage restent identiques tout au long du récit, celui-ci peut sembler irréaliste et déconnecté de l’expérience humaine, c’est-à-dire de ce qui pousse son corps & son esprit à aller de l’avant, vers un autre que lui ou elle.
Ceci dit, il est important de noter que toutes les répétitions ne sont pas nécessairement néfastes dans l’écriture d’un scénario. La répétition peut être utilisée efficacement pour faire ressortir les défauts ou les conflits intérieurs d’un personnage, et elle peut également servir de source de tension ou d’humour dans certains contextes.
Toutefois, si elle est utilisée de manière excessive ou sans but précis, elle peut nuire à la qualité générale du scénario. Une écriture scénaristique efficace implique souvent un équilibre entre la cohérence et l’évolution du personnage, afin de créer un protagoniste convaincant et attachant.
Le passage dans l’acte Deux
Lorsque le problème extérieur s’est cristallisé dans l’esprit du personnage, qu’à tort ou à raison qu’il se soit fixé un désir, et qu’il ait pris en charge la réalisation de ce désir, l’intrigue peut commencer.
Le désir est visible. Un but visible dans une intrigue fait référence à un objectif clair et tangible qu’un ou plusieurs personnages du récit poursuivent activement tout au long de la narration. Ce but est quelque chose que la lectrice et le lecteur peuvent facilement se saisir et interpréter comme une force motrice derrière les actions et les décisions du personnage. Les objectifs visibles sont des éléments importants de la narration, car ils donnent une orientation et une direction à l’intrigue, contribuant ainsi à impliquer le lecteur/spectateur et à créer le sentiment d’une finalité dans le récit.
C’est pourquoi l’objectif doit être clairement défini afin que le lecteur/spectateur comprenne ce que le personnage essaie d’accomplir. L’ambiguïté peut être source de confusion et affaiblir le récit.
L’objectif doit être concret et spécifique, et non abstrait ou vague. Il doit pouvoir être visualisé ou mesuré d’une manière ou d’une autre afin de rendre compte des progrès accomplis. Tout au long du récit, le personnage doit progresser vers l’objectif visible, même s’il y a des revers en cours de route. Ces progrès contribuent à maintenir l’intérêt et l’investissement du lecteur et de la lectrice dans le récit. Dans de nombreux cas, la poursuite de l’objectif visible est ce qui propulse le protagoniste dans l’intrigue, et le lecteur/spectateur s’investit émotionnellement dans la réussite ou l’échec du personnage. Cet engagement vis-à-vis de l’objectif du personnage est un élément fondamental d’une narration efficace.
Le personnage principal est dans une situation et en tant que tel, il occupe une place dans l’espace de l’intrigue ; il est là, devant nous. Et non seulement nous l’observons, mais nous sommes aussi capables de ressentir par quoi il passe ; dit autrement, nous éprouvons de l’empathie pour sa situation. Lorsque la situation du personnage principal se détériore, cela maintient le lecteur/spectateur engagé et impatient de voir comment le personnage réagira.
L’aggravation de la situation crée du suspense et donne envie de savoir ce qu’il adviendra ensuite. L’aggravation de la situation du personnage principal au fur et à mesure que l’intrigue progresse est une technique de narration couramment utilisée pour créer une tension, un conflit et un sentiment d’enjeu croissant dans un récit. Cette technique est connue sous le nom d’action ascendante (rising action) et constitue un élément clé d’une structure dramatique classique.
Au commencement était le verbe
Afin de formuler ce désir, il suffit d’y donner le verbe qui le caractérise au mieux. Par exemple, le verbe s’échapper est précisément la nature du désir lorsque l’objectif est la nécessité pour le protagoniste de se libérer quelques soient les chaînes qui le retiennent.
Lorsqu’à la fin du premier acte, celui de l’exposition qui précède l’intrigue, ce verbe est clairement défini dans l’esprit de la lectrice et du lecteur, alors nous saurons vers quel dénouement doit mener l’intrigue mais nous n’en connaîtrons pas encore l’issue car cette définition du désir emporte avec elle une incertitude : au moment du passage dans l’acte Deux, ni le triomphe, ni l’échec ne sont assurés.
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Bonjour,
analyse intéressante, mais j’aurais aimé que vous développiez la notion de motivation (puisque c’est votre sujet) : quelles sont les diverses sortes de motivations possibles ? dans quelle mesure sont-elles liées au caractère du personnage ? La motivation doit-elle être particulièrement impérieuse pour que la suite soit vraisemblable ? Quels sont les réactions, les gestes, engendrés par la motivation ? la motivation est-elle un bon levier de manipulation pour l’auteur de l’intrigue ? liens entre la motivation et la chute ?
Je suis curieux de connaître vos réflexions sur ces sujets. Bonne journée.