QU’EST-CE QU’UN ARC DRAMATIQUE ?

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Qu’est-ce qu’un arc dramatique ? Un arc dramatique est la transformation, la croissance ou le cheminement intérieur d’un personnage au cours du récit. Les arcs dramatiques, forcément subjectifs, sont liés aux lignes dramatiques objectives qui décrivent les événements.
Alors que ces arcs objectifs concernent le périple extérieur d’un personnage (séduire une fille par exemple), l’arc dramatique d’un personnage concerne son cheminement intérieur (de craintif à courageux, de timide à exubérant, d’avare à philanthrope).

Les récits axés sur les personnages se concentrent fortement sur cet arc interne, tandis que les récits axés sur l’intrigue ne l’abordent que légèrement. Chaque récit n’a pas besoin d’être une excavation profonde de l’âme d’un personnage. Mais même les histoires axées sur l’intrigue peuvent bénéficier de l’incorporation d’arcs dramatiques personnels.

Les types d’arcs dramatiques

Les arcs dramatiques positifs sont les plus familiers, puisqu’ils sont très souvent utilisés dans la fiction et les films grand public : à travers une série d’événements, un personnage améliore sa situation et s’améliore lui-même.
Puisqu’un arc dramatique peut être positif, son contraire est aussi possible. Les arcs dramatiques négatifs concernent des personnages qui se transforment d’une manière peu recommandable à la fin de l’histoire, par exemple Crime et Châtiment.

D’autres personnages auront des arcs plats lorsqu’un personnage rencontre une série d’obstacles et reste inébranlable et immuable, pour le meilleur ou pour le pire. Les arcs ambigus sont plus fréquents dans les récits littéraires. Ils offrent au lecteur et à la lectrice la possibilité d’interpréter l’arc par lui-même : est-il positif ? négatif ? plat ? Par exemple, Nous avons toujours vécu au château.
Les arcs doux-amers sont similaires aux arcs ambigus, sauf qu’ils sont moins ambigus. Au dénouement, le lecteur/spectateur sait clairement quels étaient les aspects positifs et négatifs, mais il a le sentiment que les aspects positifs l’emportent sur les aspects négatifs comme dans Nos Étoiles Contraires.

Quelle que soit votre intrigue, elle a besoin de ces arcs dramatiques subjectifs, en particulier celui du personnage principal. C’est parce que la lectrice et le lecteur ne s’intéressent pas à l’intrigue en tant que telle. Ils s’intéressent à l’impact de l’intrigue sur les personnages. Si votre intrigue est pleine d’événements fous et passionnants, mais que vos personnages sont rigides, des silhouettes en carton qui observent sans agir ni réagir aux événements qui se déroulent devant eux, votre récit sera déséquilibré et insatisfaisant.

Le désir ou objectif

La première étape consiste à se demander ce qui motive votre personnage. Que veut-il faire ? Le fait de réduire le nombre de désirs à un ou deux désirs prioritaires permettra de mieux cibler votre sujet et facilitera la création d’une ligne dramatique cohérente pour votre personnage.

Le désir n’est pas le besoin. Ainsi pour rendre les choses claires, il est utile de distinguer entre le besoin qui représente des désirs abstraits et émotionnels, étroitement liés à l’arc dramatique de votre personnage ; par exemple, le désir de trouver l’amour, le désir de rendre ses parents fiers de soi, le désir de rédemption d’un méfait passé ou le désir d’un sentiment de sécurité.

Les désirs externes, ou objectifs, sont des désirs concrets et mesurables qui se manifestent dans le monde physique et qui sont étroitement liés à l’intrigue de votre récit. Il peut s’agir, par exemple, d’une promotion professionnelle, d’une nouvelle bicyclette, d’un trésor enfoui ou d’une inscription à l’université.
Les désirs extérieurs jouent un rôle important dans le processus d’élaboration de votre récit et devraient idéalement être liés aux besoins internes de vos personnages. Le fait de lier des désirs externes aux besoins internes d’un personnage peut créer de la profondeur et de la complexité dans votre récit, rendant vos personnages plus proches et plus attachants.

Avant de pouvoir lier les désirs externes aux besoins internes, il est nécessaire de bien comprendre ce que sont ces besoins internes. Les besoins internes sont souvent de nature émotionnelle ou psychologique, comme le besoin d’amour, d’appartenance, d’estime de soi, d’acceptation, de liberté..
Les désirs externes sont des buts, des volontés ou des ambitions que les personnages poursuivent activement dans le monde extérieur. Il peut s’agir d’atteindre un objectif professionnel, de trouver un partenaire romantique, d’acquérir du pouvoir, de se venger..

Analysez la façon dont les désirs externes se croisent avec les besoins internes du personnage. Cette interaction crée un potentiel de conflit, de croissance et de complexité dans le développement de votre personnage. Posez-vous des questions telles que : Comment la réalisation du désir extérieur s’aligne-t-elle ou entre-t-elle en conflit avec le besoin interne du personnage ? La poursuite du désir extérieur procure-t-elle au personnage un sentiment d’accomplissement ou exacerbe-t-elle ses luttes internes ?

Souvent, les personnages les plus convaincants ont des conflits et des contradictions internes. Si le désir extérieur et le besoin intérieur sont en conflit, cela peut créer de la tension et de la nuance. Par exemple, un personnage qui a soif de succès et de pouvoir (désir externe) peut aussi accorder une grande importance à la famille et aux relations (besoin interne). Ce conflit peut orienter les choix et l’évolution du personnage.

Explorez les motivations qui poussent le personnage à poursuivre le désir extérieur. Le poursuit-il parce qu’il pense qu’il répondra à son besoin interne ? Ou l’utilise-t-il comme un mécanisme d’adaptation pour supprimer ou détourner son attention de ses luttes internes ?

Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, étudiez l’impact de la poursuite du désir externe sur le besoin interne du personnage. Cela conduit-il à une évolution, à une transformation ou à une réévaluation de ses priorités ?
Les personnages peuvent tirer d’importantes leçons sur eux-mêmes lorsqu’ils se rendent compte que les réalisations extérieures ne répondent pas nécessairement à leurs besoins émotionnels les plus profonds.

Pour rendre votre personnage sympathique, montrez ses vulnérabilités (Show, don’t tell). Laissez les lecteurs et les lectrices voir leurs luttes internes et leurs peurs. Cela humanise le personnage et le rend plus empathique. Un personnage est un Je, un moi, un ego, une conscience. Ainsi, l’autrice et l’auteur n’ont pas véritablement à se préoccuper si l’on éprouve de l’amour ou de la répulsion envers un personnage ; c’est de l’indifférence qu’il faut se méfier.

Introduisez des défis, des revers et des obstacles qui obligent votre personnage à faire face à ses besoins internes. Ces défis peuvent venir de l’intérieur (ses doutes personnels, ses peurs) ou de sources externes (un antagonisme ou les circonstances). Les personnages devraient connaître à la fois des progrès et des régressions au cours de leur périple. Parfois, ils se rapprochent de la réconciliation entre leurs désirs extérieurs et leurs besoins intérieurs, et d’autres fois, ils peuvent régresser en raison d’échecs ou de revers.

Conflit ou obstacle

Pour que votre personnage ait un arc dramatique, il ne peut pas se précipiter tout droit et obtenir exactement ce qu’il veut sans aucun obstacle.

Qu’est-ce qui empêche votre personnage d’obtenir ce qu’il veut ? Ce conflit peut être interne, externe ou les deux. Là encore, la liste risque d’être longue au début. Mais essayez de la réduire à un ou deux conflits majeurs. Cela vous aidera à garder le cap sur vos thèmes.

Lorsque vous commencerez à planifier votre récit au niveau de la scène et du chapitre, vous pourrez explorer les sous-intrigues et les sous-conflits. Mais pour l’instant, décidez quel sera le grand conflit de votre personnage au niveau du récit tout entier.
Les conflits internes sont des émotions immatérielles comme la peur, le doute, la dépression ou l’arrogance. C’est ce qu’on appelle parfois le défaut de votre personnage, une faille dans sa personnalité actuelle. Les conflits externes sont des obstacles concrets comme un méchant de l’histoire, un voisin curieux ou un mur géant autour du château dont vous essayez de vous emparer. Lorsque le conflit externe est un autre personnage, on parle d’antagoniste. Mais les conflits externes peuvent aussi être des choses inanimées ou des situations qui échappent au contrôle du personnage.

Vous savez ce que votre personnage veut et ce qui l’empêche de réaliser son désir. Maintenant… Qu’est-ce que votre personnage fera à ce sujet ? Quelle action va-t-il entreprendre ou être contraint d’entreprendre ? Cela en dit long sur votre personnage.
Tout le monde ne réagit pas de la même façon dans les mêmes circonstances. Cette question est particulièrement importante pour les auteurs et les autrices qui ont tendance à créer des personnages passifs.

En scénarisation, un personnage passif est un personnage qui manque d’action, de motivation ou de capacité à faire avancer l’intrigue. Les personnages passifs réagissent souvent aux événements et aux circonstances plutôt que de prendre des mesures proactives pour atteindre leurs objectifs ou influencer l’intrigue. Il peut en résulter un arc dramatique moins engageant et moins dynamique.

L’action

Les personnages passifs ont tendance à attendre que les choses leur arrivent plutôt que de rechercher activement des opportunités ou d’agir pour façonner leur propre destin. C’est une critique que l’on peut adresser à nombre d’entre nous. Les personnages passifs évitent souvent de prendre des décisions importantes, laissant d’autres personnages ou des événements extérieurs faire des choix à leur place. Ils peuvent éviter les conflits ou les confrontations, ce qui peut entraîner un manque de tension et de moments dramatiques dans l’intrigue.

Ils s’appuient souvent sur d’autres personnages pour mener l’intrigue ou faire avancer les choses, ce qui les rend dépendants d’influences extérieures. Réfléchir à cette dépendance peut vous aider à mieux vous saisir de votre personnage.
Les personnages passifs peuvent ne pas avoir de motivations ou de désirs émotionnels forts, ce qui peut empêcher le lecteur/spectateur de s’attacher à eux. S’ils ne participent pas activement à leur propre parcours, les personnages passifs risquent de ne pas connaître d’évolution significative au cours du récit.

Il est important de noter que les personnages passifs ne sont pas mauvais en soi, mais qu’ils peuvent donner l’impression d’une intrigue stagnante et moins engageante s’ils ne sont pas gérés correctement.

Dans de nombreux cas, un arc dramatique implique le passage de la passivité à l’activité pratique, où le personnage apprend à prendre le contrôle de sa vie et de ses décisions.

Quelques remèdes

Définissez des objectifs ou des désirs spécifiques pour vos personnages qui les poussent à agir. Créez des obstacles et des conflits qui obligent vos personnages à prendre des décisions et à agir pour les surmonter. Développez les luttes internes du personnage et des émotions contradictoires qui le motivent à faire des choix et à prendre des risques. Établissez des relations entre les personnages qui les mettent au défi, les encouragent à évoluer et les amènent à faire des choix qui ont un impact sur les événements.
Montrez comment le manque d’action ou le comportement passif du personnage entraîne des conséquences négatives, ce qui l’incite à changer. Concevez des moments dans le récit qui permettent au personnage de prendre le contrôle et de poursuivre activement ses objectifs.

L’action, c’est l’extérieur. Même dans un récit qui n’est pas axé sur l’intrigue & les événements, il y a toujours des occasions de mettre votre personnage en action.

L’action est essentielle à la formation d’un arc dramatique, car elle exige du mouvement. La forme du désir sans obstacle est une ligne droite et plate. Mais le désir avec un obstacle invincible devient rapidement une dynamique figée, comme ce conte populaire des deux chèvres qui s’affrontent sur un pont à voie unique.
Il faut que quelque chose cède pour qu’un changement – l’arc dramatique – se produise.. même si l’action consiste simplement à ce que votre personnage se retire de ses désirs au point d’être complètement écrasé par le conflit.

Mais ils doivent bouger d’un côté ou de l’autre pour que l’arc prenne forme.

Les enjeux

Les enjeux sont ce qui autorise une lutte à mort du personnage avec lui-même. En effet, métaphoriquement, sans enjeux, il n’a de raison de risquer ainsi sa vie.

Qu’est-ce que votre personnage risque de perdre en n’obtenant pas ce qu’il veut ? Pourquoi continue-t-il à lutter et à aller de l’avant malgré les obstacles ? Peut-être sera-t-il condamné à une vie de malheur. Son mariage pourrait s’effondrer. Peut-être ira-t-il en prison, ou sera-t-il dévoré vivant par des vampires, ou mourra t-il de froid, ou sera-t-il contraint de devenir un sans-abri.
N’oubliez pas que les enjeux ne doivent pas nécessairement être de l’ordre de la vie ou de la mort. Les conséquences d’un échec doivent simplement être suffisamment importantes pour votre personnage afin que nous soyons convaincus de la raison pour laquelle il continue d’essayer car les enjeux sont importants pour le lecteur/spectateur car il ou elle s’investissent davantage dans la réussite ou l’échec d’un personnage. Mais ils sont également importants pour le personnage. Pourquoi agirait-il s’il n’a rien à perdre ? Et s’il s’agit d’un arc de changement positif, pourquoi serait-il motivé pour s’améliorer s’il n’y a pas d’enjeu ?

Les enjeux aident à créer un arc parce que c’est une force qui pousse vers l’avant face à un conflit. Si votre personnage rencontre un obstacle et s’en détourne.. bien que ce soit du domaine des possibilités mais disons qu’il est plus facile et plus polyvalent d’avoir un enjeu.
Les enjeux ouvrent la voie à des événements dramatiques pour votre personnage à mesure que la tension monte et que le conflit s’intensifie.

Enfin le changement

Votre personnage veut quelque chose, mais il y a un conflit. Idéalement, un conflit important, si important que votre personnage ne peut pas obtenir ce qu’il veut sans changer un aspect de sa personnalité ou sans changer de point de vue sur ce qu’il veut.

Votre personnage n’est pas obligé de changer. S’il est opposé à un obstacle à son désir et qu’il ne réussit pas parce qu’il refuse de changer, vous venez d’écrire une tragédie ou un arc négatif. Mais même si c’est le cas, vous devez avoir une idée claire du changement potentiel qu’il a refusé afin de pouvoir le communiquer à la lectrice ou au lecteur.

Comment les événements de votre récit obligeront votre personnage à changer pour obtenir ce qu’il veut ? À se transformer ? Pour devenir une personne différente ? Et si votre personnage refuse de changer et se complaît dans sa propre tragédie, pourquoi et comment a-t-il résisté au changement ? Le lecteur/spectateur peut-il comprendre ce refus et ressentir de l’empathie pour le personnage, ou jugeons-nous ses actions ?

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