La duperie est la sixième fonction découverte par Vladimir Propp lors de son étude des contes russes. L’antagoniste tente de s’emparer de l’esprit du héros, c’est-à-dire qu’il le leurre, qu’il l’amène à lui faire confiance. En quelque sorte, il le fragilise en créant chez le héros ou l’héroïne une confiance mal venue ou forcée car à ce moment du récit, l’héroïne et le héros sont dans l’incapacité de trouver mieux.
Le méchant de l’histoire, tout d’abord, assume un déguisement. Il joue sur l’apparence pour que le héros et l’héroïne baissent la garde d’une méfiance naturelle envers l’étranger : la sorcière prétend être une douce vieille dame ou encore comme chez le Terminator, il imite la voix d’une personne chère. Ainsi, la force antagoniste use de toute la persuasion dont elle est capable.
Tromperie ou coercition
Le personnage principal ne se doute pas un instant de l’intention mauvaise de son interlocuteur. Aux temps modernes, cela pourrait même être une espèce de négociation qui promet bien plus qu’elle ne peut offrir, d’où la facilité avec laquelle la naïveté du héros ou de l’héroïne succombent à la tentation.
Séduire par quelques moyens est l’arme favorite de l’agresseur. L’imaginaire de la victime lui offre une représentation rassurante d’un devenir alors incertain. Elle croit à la parole du méchant de l’histoire parce qu’elle en a besoin qu’elle soit en détresse ou dans l’ignorance.
L’imaginaire est très souvent rassurant que ce soit chez l’individu ou bien collectivement car une multitude peut être liée par un même imaginaire. Nous sommes ici dans une situation où l’héroïne et le héros sont fragilisés par l’existence, un peu comme ce pèlerin qui écoute un peu trop attentivement un discours sectaire et qui voit & entend dans une communion possible une réponse possible à sa solitude.
Afin de ne pas trop accabler la victime, le conte fait intervenir des moyens magiques dans l’arsenal du méchant. Cela semble extraordinaire, ce n’est, cependant, qu’une forme pour dire l’innocence du héros ou de l’héroïne qui acceptent comme malgré eux la proposition de l’antagoniste dont ils n’ont pas encore conscience. A aucun moment, nous jugeons de la responsabilité du personnage principal s’il écoute les conseils d’un mauvais génie. La modernité a maintenant changé la magie d’autrefois en la technologie (du moins dans ses mauvais usages). Ou bien encore, la cause ou le diagnostique d’un fait sont difficiles à déterminer comme si la cause joue de manœuvres d’évitement afin de ne pas être découverte.
A ce moment du récit, les fausses promesses du méchant de l’histoire ne sont pas perçues comme telles par l’héroïne ou le héros et nous, lectrices et lecteurs, voudrions leur crier de se méfier. Cette ironie dramatique nous ancre davantage dans le récit.
Le personnage principal peut néanmoins être au fait que face à lui se tient un être dangereux. Au lieu de tenter de séduire le héros ou l’héroïne en lui promettant quelque assurance sur ses incertitudes, l’antagoniste profère une menace directe ou voilée sur un être aimé du personnage principal.
Le héros et l’héroïne sont alors contraints dans une activité qui peut être transgressive mais ils ne seront pas responsables.
Une fonction
Les fonctions définies par Propp s’expliquent par les actes des personnages, des actes qui ont une importance pour la signification globale du texte narratif. Ou dit autrement, ces actes constituent des moments nécessaires au déploiement du récit dans le temps mais aussi dans l’espace. En tant que mécanisme narratif, elles sont fonctions car leur usage est d’articuler le récit vers son dénouement tout en lui assurant sa cohérence.
Elles servent aussi à exciter chez le lecteur/spectateur une réaction émotionnelle.
Merci de participer à nos recherches
C’est vrai qu’on a facilement tendance à croire ce qui va dans le sens de ce qu’on espère. Il est des cas dans lesquels on ne demande qu’à croire. C’est un truc connu de tous les bons vendeurs.
Comment se fait-il que mon commentaire se soit envolé ? consternation !
Vraiment désolé, Xavier. C’est la protection anti-spam qui fait parfois un peu trop de zèle. Ne vous fâchez pas, je veille toujours sur ce qu’elle fait. Et MERCI, vraiment, de participer ainsi à la vie du site.
William
Bonsoir William,
Mille z’excuses. Je m’aperçois que mon message de 14h39 est bien passé. Donc, fausse alerte. Bonne nuit.