Avant de se lancer dans le processus d’écriture d’un projet de scénario, il y a la nécessaire phase du développement. Pour ce faire, chacun possède ses propres outils.
Aujourd’hui, il est facile avec des moyens à la portée du plus grand nombre et la participation de quelques personnes de tester des scènes en les filmant. Cette activité est non seulement un moyen efficace d’affiner les considérations thématiques et tonales pour le scénario de long métrage, mais aussi un moyen d’obtenir un retour d’information de la part des parties prenantes potentielles du projet.
La pré-élaboration
Raoul Ruiz et Chantal Akerman créèrent une quantité importante de matériel écrit comme un moyen de générer et d’explorer une masse de matériaux (l’ensemble du monde ou du cadre sensuel, intellectuel, formel, imaginaire de leur projet) qui n’était pas destiné à la publication.
En d’autres termes, ces scénaristes/réalisateurs ont généré un travail écrit qui ne figuraient pas dans leurs films, mais qui les ont aidés à développer le monde de leurs histoires et des personnages qu’elles mettent en scène.
Mais un processus d’écriture de scénario n’implique pas seulement des mots sur une page ; des choses visuelles peuvent aussi intervenir. Ainsi, la génération d’une masse de matériel créatif original, générée par l’autrice et l’auteur, sur tout support (y compris les mots écrits, des croquis, la création d’images numériques, des improvisations enregistrées) peut aider la scénariste et le scénariste à développer son idée de scénario en une ébauche de scénario.
Raoul Ruiz, par exemple, souligne que dans son film L’Hypothèse du tableau volé (en 1979), il a écrit plusieurs scènes qui ne figuraient pas dans l’œuvre finale. Dans ce projet, il a remplacé certains éléments prévus par d’autres pour créer une tension entre le texte et les images. Il révèle aussi que pour ses personnages, il écrit de courtes histoires qui remplacent avantageusement l’étude psychologique à laquelle il aurait pu se livrer autrement.
Cette écriture de scènes et d’histoires supplémentaires qui ne figurent pas dans les films terminés peut être considérée comme une forme de rédaction qui informe le produit final.
Mike Leigh se livre également à des activités de pré-élaboration. Cela prend la forme d’un long processus d’improvisation avec les acteurs pour établir les personnages, l’histoire et la narration. Les acteurs explorent les personnages lors d’improvisations en solo puis ces personnages sont développés dans des improvisations de groupe jusqu’à ce qu’un récit commence à prendre forme.
Mike Leigh décrit ce processus comme de l’improvisation dans un cadre structuré : il ne s’agit pas d’une sorte de démocratie anarchique, un commentaire qui révèle son statut de leader du processus d’improvisation. Là aussi, beaucoup du matériel ainsi collecté ne figurera pas dans l’œuvre finale.
Leigh reconnaît néanmoins que c’est une approche assez longue car vous devez investiguer chaque chose qui vous apparaît à l’esprit ainsi que celles concernant les personnages, leurs mondes respectifs, leurs passés et toutes ces choses dont ils auraient fait l’expérience.
Notez aussi que cette façon de faire permet de découvrir et de renforcer les relations entre les personnages, un élément constituant du récit.
D’autres auteurs, lorsqu’ils tiennent une idée, commencent par regarder autour d’eux et dans les images et dessinent, non pas nécessairement une scène, pour entraîner leur esprit à voir les choses, un esprit dont la tendance est dans l’intellection.
Mais cela prend du temps pour trouver la bonne image car comme Picasso l’avait déjà remarqué, l’art consiste en l’élimination de l’inutile.
L’expérience d’autrui est une source indispensable. Ne serait-ce que pour qu’un dialogue sonne juste. Les paroles d’un lieutenant de police et celles d’une professeure des écoles sont à mille lieues les unes des autres. Cependant, accumulez des faits et des témoignages permet d’informer la fiction. Vous pourriez être fasciné par un personnage historique dont vous auriez étudié la vie, mais même dans ce cas, une biographie si elle se veut romancée, ne sera qu’une succession de morceaux choisis, d’événements aptes à participer à la fiction.
Et ces événements ne seront que d’une imitation imparfaite précisément parce qu’un récit est une fiction.
De nouveaux moyens
Autrices et auteurs possèdent dorénavant de nouveaux moyens assez bon marché pour développer leurs idées de fiction. Toutes sortes de logiciels existent sur le marché qui permettent en plus de l’écriture de travailler sur des supports audio-visuels (personnels ou visionnés sur l’internet) qui peuvent les aider dans le développement créatif de leurs idées.
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