Dans la fiche du personnage de l’assassin (Charles), j’ai établi que l’animateur (la victime) harassait l’assassin et celui-ci s’est alors engagé dans un processus de vengeance visant ceux qui l’humiliaient.
Mon problème consiste à ne pas dévoiler l’identité de l’assassin tout en montrant qu’il est un souffre-douleur ce qui crée à la fois une sympathie voire une empathie envers lui mais plutôt que de vouloir prendre sa défense, je crains que cela n’incite aussi à penser qu’il ait pris sa revanche sur ceux qui le harcèlent et je ruine mon récit en dissipant le suspense quant à l’assassin.
Un nouveau mobile
Il me faut en conséquence trouver une nouvelle finalité à la mort de l’animateur. Dans son propre récit, Glenn Gers a imaginé que la victime avait trouvé le moyen d’identifier le serial killer par son ADN. Sa mort est donc logique.
Cette partie du récit est du domaine du thriller. Le surnaturel (ma propre histoire de fantôme) est lié à la relation entre Ariane et Éric qui est une histoire d’amour. Je ne peux cependant récupérer l’idée de Glenn Gers puisque ma victime est l’animateur vedette d’une émission de télé-réalité dont la ligne éditoriale se concentre sur les phénomènes surnaturels.
Ce que montre Glenn Gers, c’est que dans cette phase de recherche de leur sujet, auteurs et autrices ne doivent cesser de s’interroger, de s’objecter des contradictions, d’assumer leurs doutes.
Et une idée en chassant une autre, je m’oriente vers un assassin (Charles) imaginé par l’animateur qui aurait alors déguisé son suicide sous la forme d’un meurtre perpétré par cet assassin imaginaire. Cette idée m’ouvre de nouveaux horizons, bien plus qu’un véritable serial killer dont il faudrait découvrir l’identité. Maintenant, il me faut expliquer les motifs de cette mise en scène surprenante et en quoi elle impactera la relation amoureuse entre Ariane et Éric.
Ce que j’aimerai que vous compreniez avec cette série d’article, c’est que j’essaie de suivre la pensée de Glenn Gers, les interrogations qu’il se pose dans l’ordre dans lequel il les pose afin de démontrer le processus de sa réflexion.
Le matériel qu’il utilise (un mélange de thriller et de romance) ne me convient pas. J’ai glissé vers quelque chose qui me parle davantage, c’est-à-dire horreur et histoire d’amour (ou romance) avec cette histoire d’amour au cœur du récit.
Mes réflexions actuelles me prouvent que mes recherches manquent d’ampleur. Un nouveau personnage s’impose à moi et l’introduction aussi d’un culte. Ce personnage se nomme Anne et voici sa biographie.
Anne
Anne est une jeune fille de 18 ans. Elle n’avait pas cinq ans lorsque ses parents rejoignirent un culte satanique. Maintenant, deux options s’ouvrent à moi : soit ses parents dans un sursaut de responsabilités ont décidé de protéger Anne et l’ont tenu éloignée des activités du culte, soit ils ont élevés Anne à suivre aveuglément les dogmes machiavéliques du culte.
Je prends la seconde option car Anne s’est récemment échappée de l’emprise du culte et les membres de celui-ci sont à sa recherche. Anne a rejoint la petite communauté qui s’est constituée pour tenter de comprendre la mort de l’animateur.
Comment Anne a t-elle pu se retrouver parmi eux ? Je ne peux éluder cette objection. Anne doit posséder certains pouvoirs extraordinaires (ce qui a facilité sa discrète évasion du culte) mais toutes ces années passées dans l’obscurantisme, sans aucun contact avec le monde extérieur et probablement un corps meurtri, ont fait d’elle une jeune fille timide, presque soumise, en quête de sa personnalité constamment refoulée.
La seule certitude pour Anne est qu’elle possède des pouvoirs qui manquent aux autres, ce qui en fait en quelque sorte une élue. L’un de ses pouvoirs qui agit naturellement, sans l’invocation de rituels ridicules, est que lorsqu’elle est blessée par autrui, Anne s’imprègne des traits de personnalité ou des qualités éventuelles que possédaient cet autre jusqu’à en faire une sorte de coquille vide.
Maintenant, j’ai ma réponse. Et si un individu quelconque qui s’apprêtait à rejoindre la communauté a croisé Anne et a tenté de l’abuser, Anne s’est défendue avec ses pouvoirs et a asséché l’âme du misérable.
Forte des informations et ne sachant pas où aller, il lui apparut logique que l’invitation à rejoindre la communauté lui offrait une soudaine sécurité.
La relation avec Éric
Je modifie la fiche personnage de mon personnage principal Éric. Sa fille est morte d’une leucémie non plus à l’âge de dix ans, c’est-à-dire une enfant, mais à dix-huit ans, c’est-à-dire précisément l’âge de Anne.
J’établis donc une relation entre Éric & Anne qui fera l’objet d’une intrigue secondaire (l’une des intrigues secondaires puisque nous écrivons une série de quelques épisodes) dans laquelle Anne sera le personnage principal et Éric celui qui l’influencera à changer. Une tâche difficile pour Éric si tant est qu’elle n’échoue pas.
Éric aidera Anne à nouer avec ce qu’elle est vraiment, qui fut étouffé par ses années passées au sein du culte. Anne résistera à Éric car elle doit découvrir par elle-même ce que c’est que d’être une femme ce qui noue une nouvelle relation entre Anne et Ariane mais cette nouvelle relation ne sera pas traitée dans une intrigue autonome : elle se greffera sur la relation entre Anne et Éric.
Nouvelle objection : puisque Anne est le personnage principal d’une intrigue secondaire, nous savons qu’intérieurement, elle aspire à changer mais qu’est-ce qui l’affecte extérieurement de manière telle qu’elle se fixe un objectif ? Quel est son désir maintenant que nous avons défini son besoin ?
Ma première idée sera que son désir, même si elle ne le formule pas encore très précisément pour le moment, est de se venger de ses parents qu’elle juge responsables de son état psychologique dont elle a pleinement conscience de l’altération. Je la présenterai dans un premier temps comme une jeune fille timide, qui donne d’elle-même une image plutôt sympathique, qui possède un agenda secret qu’elle n’a pas encore totalement éprouvé et qui la mènera à représenter une terrible menace indistincte envers les autres.
Éric se montrera très protecteur envers Anne. Il gagnera progressivement sa confiance (peut-être en lui parlant de sa fille qui lui manque terriblement) et Anne se dévoilera ce qui fortifiera le désir d’Éric de la protéger contre les tentatives du culte pour la récupérer.
Éric veut aider Anne à se réinsérer dans la vie qu’elle aurait dû avoir et l’aidera à intégrer son passé afin qu’il n’interfère pas avec le futur d’Anne.
J’ignore encore la relation exacte que Anne entretient avec le culte. Pourquoi ceux-ci mettent-ils tant de persévérance à reprendre Anne. Que représente t-elle pour eux ? Il demeure un mystère autour d’Anne qui se révélera au fil des épisodes. Anne sera-t-elle l’incarnation d’une entité maléfique invoqué par le culte lors de quelques rituels singuliers ?
D’ailleurs, la dialectique de la relation entre Anne et Éric pourrait jouer sur cette insistance d’Éric à sauver Anne des ténèbres dans lesquelles elle fut jetée et la résistance de l’entité en Anne dont Éric ne soupçonne pas encore la présence.
Anne se retrouve donc jeté dans le désir de vengeance de l’animateur (se reporter à la fiche de l’animateur ci-dessous) et au contact de forces qui agiront et réagiront sur ses propres pouvoirs.
Une personnalité qui évolue
Dans la dialectique de confrontation que Anne entreprend d’une part avec l’entité maléfique et d’autre part avec Éric, sa personnalité s’affirmera. Si le culte qui la poursuit avec tant d’assiduité et dont elle s’est échappée n’abandonne pas leur intention de ramener Anne dans leur giron, c’est que Anne est dotée d’une puissance qui peut autant faire le bien que le mal selon les circonstances.
La question dramatique est de savoir si Éric qui a fait le choix de protéger Anne parviendra ou non à vaincre le mal qu’elle nourrit en son sein mais qui la constitue aussi. Éric ne risque t-il pas de détruire Anne en la poussant à aller à la rencontre d’elle-même et d’affronter ce mal qui lui est inhérent ? Éric peut-il donner à Anne l’amour d’un père alors qu’il est lui-même dans la souffrance d’avoir perdu sa fille ?
Gardons à l’esprit qu’Anne est entachée d’un profond ressentiment envers ses parents ; elle éprouve une haine terrible à leur égard pour ne pas lui avoir donné le choix de sa vie et quand elle se montre cruelle, avec intention ou non de blesser, ce sont les souvenirs de ses parents qui affleurent à la surface, comme des moments douloureux refluant de son inconscient.
Je ne suis pas certain que les raisons qui ont poussé les parents d’Anne à rejoindre une secte participent grandement à l’intrigue. Ils ne seront évoqués que virtuellement : par les dialogues. En revanche je ne souhaite pas leur donner un blanc-seing quant au dénouement heureux concernant Anne.
Elle fut trop meurtrie. Malgré les efforts d’Éric, elle ne survivra pas : la mort sera son salut & sa rédemption. Personne néanmoins ne s’arrogera ce droit : ni Éric, ni le culte. Anne choisit enfin sa destinée. Sa mort ne sera pas vaine car elle permettra à Éric le contact avec sa fille depuis l’au-delà.
L’animateur
Pour quelle raison l’animateur s’est-il lui-même empoisonné en faisant croire à un assassinat ? Posons d’abord la figure du monarque pour ce personnage. Ce personnage est un animateur et un producteur célèbre et envié d’une émission de télé-réalité dont la ligne éditoriale est le paranormal.
Sa position ne le rend pas magnanime. C’est un être autoritaire et méprisant qui s’est arrogé un pouvoir discrétionnaire afin d’écraser toute velléité chez autrui. Mais qu’est-ce qui a mené à la mise à mort de ce prétendu monarque de fait ?
Est-ce que cet étrange rituel de sa mise à mort est lié à sa fonction dans le récit ? Cette mort est fondamentale pour l’histoire car c’est par elle que toute l’intrigue se met en branle : Ariane est divorcée de l’animateur et vit dans un village isolé ; la communauté se constitue pour tenter de comprendre les raisons de cette mort ; Anne rejoint alors cette communauté ainsi que Éric où il rencontre Ariane et tombe amoureux d’elle.
Ce régicide fait partie d’un plan d’ensemble encore mystérieux. Peut-être devrions-nous noter que depuis quelques temps, la notoriété de l’animateur s’effondre ; son émission ne fait plus recette ; ses investisseurs le délaissent. Le souverain est remis en question par ses sujets.
La haine et le mépris remplacent l’obséquiosité. Ariane aurait pu le soutenir mais leur séparation a eu lieu avant sa déchéance alors qu’il était encore le souverain régnant sur une cour dévouée tant qu’il répondait aux attentes. Maintenant, il sait qu’Ariane souffrait et qu’il avait eu tort de croire qu’elle s’était mêlée à la cour.
L’animateur s’est empoisonné mais c’est en fait un substitut rituel dans lequel se donner la mort est interdit et cela explique l’intercession d’un assassin imaginaire. Cette figure inventée représente cette foule autrefois adoratrice qui honnit et bannit le guide qu’elle s’était donnée.
La cause première de la décision de l’animateur de mettre fin à ses jours serait donc la disgrâce. Voilà une explication bien insuffisante. Pour accepter cette mort, il faut mettre en avant les croyances, des notions qui affectent grandement la personnalité de cet homme. Ma problématique est dorénavant de rendre intelligible ce rite étrange.
Et si l’animateur s’inspirait de Faust ?
Pour savoir qui est cet animateur, il serait intéressant de fouiller son passé. Jeune animateur dans l’ombre des grands, l’un de ceux-ci lui prodiguait néanmoins des conseils mais étrangement aucune des directives offertes n’aboutissaient à des résultats tangibles pour l’animateur.
Devenu méfiant envers son mentor, celui-ci s’ouvrit à lui : accepterait-il d’adorer une certaine entité si celle-ci lui offrait la chance de sa vie ? Pour que la carrière d’un être ambitieux puisse décoller, celui-ci ne serait-il pas prêt à quelques sacrifices ?
Lorsque Ariane est tombé enceinte, l’animateur a insisté pour qu’elle avorte. Est-ce parce qu’il a craint qu’il ne saurait donné l’amour que réclame un enfant ou parce qu’il avait, comme dans Rosemary’s Baby, offert en sacrifice Ariane ?
Prenant conscience de l’horreur de son geste, il convainquit Ariane de la nécessité de se débarrasser de cet enfant maudit et comme Ariane était encore elle-même sous l’influence des vérités paranormales, elle accepta.
Mais l’harmonie du couple était rompu. Une séparation s’ensuivit ainsi que la lente décadence de l’animateur. Mais pourquoi simuler un assassinat ?
L’animateur savait qu’une communauté se constituerait pour comprendre sa mort. En imaginant un assassin avec des indices qu’il aurait disséminés, il espérait que la communauté remonte jusqu’à la secte, la dévoile au jour, l’anéantisse. Ainsi sa vengeance serait accomplie. En somme, c’est le désir de l’animateur.
Complétons le plan
Glenn Gers le rappelle : quand des pensées noircissent vos pages, notons les idées. Ces deux nouvelles fiches personnages comportent des moments qui devraient être recopiés dans le plan en construction.
Anne :
- Anne s’échappe du lieu cultuel où elle était enfermée (elle n’était pas retenue prisonnière, elle n’avait pas conscience de l’existence d’un monde extérieur).
- Anne est agressée et par ses pouvoirs, elle boit littéralement la personnalité de son agresseur.
- L’agresseur s’apprêtait à rejoindre la communauté qui s’est constituée autour de la mort de l’animateur, Anne le remplace.
- Anne rencontre Éric. Cette rencontre se passe bien. Notez ici un trait dramatique important : lorsque vous établissez une relation, l’état dans lequel elle se clôt sera inversé. Puisque la rencontre commence agréablement, cela présuppose qu’elle finira mal.
- Anne entre en conflit avec Ariane car Anne n’est pas prête à partager l’amour filial entre elle et Éric. Conformément à ce que j’ai posé précédemment, la relation entre Anne et Ariane s’améliorera au fil de l’intrigue.
- Anne ne contrôle pas son désir de vengeance qui s’abat indistinctement sur son entourage. Ariane et Éric sont menacés mais finalement Anne retient son geste.
- Les tentatives du culte pour convaincre Anne de s’en retourner. Peuvent-ils l’atteindre par Éric ?
- Anne meurt et Éric contacte sa fille.
L’animateur :
- Dans le prologue, la mort de l’animateur apparemment par un inconnu.
- Une communauté commence à se constituer autour de cette mort.
- La rencontre entre Ariane et Éric (moment déjà décrit dans leur ligne dramatique respective).
- L’animateur comprend son erreur avec Ariane.
- Le pacte avec le diable pour favoriser sa propre carrière.
A propos du genre
Vous avez certainement compris que je souhaite privilégier la romance dans cette histoire. Le thriller horrifique constitue une sorte de toile de fond à cette histoire d’amour. Cependant, Glenn Gers rappelle que le genre du récit est de la responsabilité de l’autrice et de l’auteur. Vous pourriez vouloir traiter à égalité par exemple une enquête policière et en contrepoint le parcours initiatique du passage de l’enfance à l’adulte.
Vous n’avez aucune règle à suivre. Ce qui importe est que non seulement vous communiquiez, mais aussi que vous tentiez de vous faire comprendre (c’est en cela qu’une structure est d’une aide incomparable, mais encore une fois, un soutien seulement dans votre effort à communiquer).
Glenn Gers recommande de penser les événements du récit en scènes, il nuance cependant cette directive à condition que cela vous convienne de penser en scènes. Vous avez à votre disposition des outils qui vous permettent de mieux écrire, mais ils demeurent des outils ; ils ne constituent pas votre récit.
Un récit peut se constituer d’une seule histoire, celle d’un personnage principal qui se lance dans une quête sans savoir s’il la remplira ou non. Ce que l’on constate assez souvent néanmoins, et surtout lorsqu’on aborde la construction d’une série, est qu’il y a autant d’intrigues secondaires que de relations entre les personnages.
D’ailleurs, il est impropre de les nommer secondaires car au cœur de chacune de ces intrigues, il y a un personnage principal. Nous aurons alors l’héroïne ou le héros en lutte avec le méchant de l’histoire, une relation récurrente au fil des épisodes (cette intrigue pourrait même être seulement virtuelle au cours d’un épisode qui se focalise sur d’autres intrigues) et nous aurons parallèlement, en contrepoint, d’autres relations comme celle du méchant dans sa relation avec sa femme, et cette description singulière peut affecter ou non les relations de l’antagoniste avec les autres personnages.
Lorsqu’on crée ses fiches personnages et qu’on en déduit une succession d’événements en rapport avec chacun des personnages, la tâche consistera ensuite à lier ces événements soit par une relation de causalité, soit en faire un principe du monde, un aspect du contexte qui n’a pas besoin d’être explicité comme la mise en place d’un régime autoritaire contre lequel l’héroïne ou le héros lutteront.
Glenn Gers emploie les expressions Overall Story et Person’s Story (histoire globale et histoire personnelle), ces termes sont très proches de la théorie et pratique narrative Dramatica qui distingue l’Overall Story Throughline, c’est-à-dire la ligne dramatique qui surplombe les événements, qui nous permet en tant que lectrices et lecteurs d’un récit d’observer ce qu’il se passe dans le monde et les actions des personnages dans ce monde.
Et la Main Character Throughline (entre autres) qui décrit comment le personnage principal vit les événements qu’il lui arrive, comment il agit et réagit mais selon son point de vue. Nous nous occuperons de ces concepts au moment voulu.
Question de choix
Écrire est comme l’existence rappelle Glenn Gers. C’est une question de choix et chaque choix opéré apporte son lot de sacrifices. Considérons l’amour par exemple. Il existe toutes sortes d’amour : l’amour d’un frère pour sa sœur, le couple amoureux, l’amitié ; toutes ces formes d’amour offrent tant de variétés qu’il est impossible de les traiter toutes en une seule histoire.
Autant d’amours, autant d’histoires à raconter.
Écrire une série, c’est comme écrire un film choral (Glenn Gers cite Love Actually de Richard Curtis et Nashville de Robert Altman). Dans une série, ce sont essentiellement les relations qui sont décrites : les rencontres agréables ou désagréables et l’évolution de celles-ci. Comme je l’ai précisé, la relation que peut avoir un personnage avec son partenaire dans la vie peut influer sur ses décisions et ses attitudes ou postures envers d’autres personnages mais en soi, cette relation singulière qu’il entretient avec ce partenaire est tout à fait autonome et fait l’objet en conséquence d’une histoire indépendante de ce qu’on pourrait alors appeler l’intrigue principale, c’est-à-dire l’Overall Story Throughline telle que la conçoit Dramatica : une vue objective des événements, une vue sans passion.
Alors que la relation est tout à fait subjective, tout à fait passionnée et entraîne les personnages vers des désirs qui leur sont encore étrangers : souvenons-nous des bouleversements que cause un amour naissant.
Maintenant que nous avons posé que l’histoire d’amour est au cœur du récit, Glenn Gers nous fait remarquer qu’une romance commence toujours par une rencontre. Comment donner corps à ce hasard ? Car la romance exige un tel hasard.
Vous pouvez télécharger les fiches personnages d’Ariane, de Éric, d’Anne et de l’animateur à ce moment de ma réflexion. Elles sont fort différentes de ce que j’ai pu auparavant ruminer. Qu’est-ce qui pourrait dans les biographies respectives d’Ariane et d’Éric favoriser une rencontre ?
Nous avons posé que Ariane est à la tête de la maison de production et que Éric est décidé à écrire un livre pour dénoncer le charlatanisme de prétendus interprètes de l’au-delà mais surtout pour mettre le public devant son ignorance et sa médiocrité d’esprit.
Par souci de vengeance envers son ex-mari, Ariane a décidé de son côté de lancer une série d’émissions visant à faire la preuve que son mari fabriquait de toutes pièces des phénomènes paranormaux (je trouve que cela manque d’ampleur, mais je suis encore dans la phase de recherches, je prends des notes).
Éric rencontre Ariane pour l’interroger sur ses intentions et comment celle-ci peut l’aider à documenter son projet de livre puisque tous deux ont apparemment une intention semblable. Ariane ne voit pas d’inconvénient à partager quelques recherches avec Éric et la réunion se termine entre eux avec une proposition pour Éric de conseiller technique pour les émissions à venir.
Je vous renvoie à ces deux articles : ROMANCE : PREMIÈRE RENCONTRE et LA TOUTE PREMIÈRE RENCONTRE pour mûrir un peu plus vos propres réflexions.
Glenn Gers et la première rencontre
Glenn Gers dont nous suivons la pensée dans cette série d’articles (et qui me sert de guide pour mes propres ruminations) propose de réfléchir à partir des faiblesses des personnages (Character Flaw sur mes fiches personnages) :
- Éric
Character Flaw : L’incapacité de faire le deuil de sa fille. - Ariane
Character Flaw : Immense culpabilité après un avortement.
Comment ces failles dans la personnalité des personnages peuvent-elles créer une convergence entre ces deux personnages ? Dit autrement, Glenn Gers se demande comment ces personnalités fort différentes peuvent-elles s’unir dans une histoire commune ?
Mon propre objectif est de décrire un amour passionnel, le seul qui vaille à mon sens. C’est-à-dire que les intérêts personnels s’oublient. Mais concrètement ? Quelle sera la nature de leur relation ?
Il serait intéressant si j’avais déjà une idée des différentes phases par lesquelles passera cette relation de poser d’abord l’effet recherché sur le lecteur et la lectrice de l’aboutissement de cette relation et de remonter ensuite les événements jusqu’au point de départ de cette relation.
Mais pour le moment, je pose que la première rencontre entre Éric et Ariane sera un échange agréable, sincère et tous deux ayant une souffrance à fleur de peau ressentent pour l’autre un respect et presque une admiration. Ce ne sera pas un coup de foudre auquel je me refuse de croire. Aucun des deux ne projette sur l’autre des caprices ou des fantasmes. Nous avons deux êtres qui ont envie d’en savoir plus sur l’autre.
Il est logique alors que Ariane propose à Éric de devenir le conseiller technique sur les prochaines émissions de télé-réalité que prépare Ariane. L’interaction entre les deux personnages sera d’abord de la méfiance de la part d’Ariane qui, après tout, ne connaît pas Éric.
Mais dans le dialogue sincère de celui-ci, Ariane baissera insensiblement sa garde et voudra donc en connaître bien plus sur Éric même si, évidemment, elle ne se le formule pas en ces termes.
Éric, le personnage principal, voulait obtenir d’Ariane des informations pour documenter son prochain livre. Ariane lui fera une proposition inattendue et Éric se retrouvera mêlé à l’investigation (qui est d’ailleurs sa spécialité) sur le meurtre de l’animateur.
Je résume l’approche de Glenn Gers : pour unifier deux vécus, il faut établir ce que chacun peut apporter à l’autre. En se basant sur les faiblesses respectives des deux personnages concernés, Gers en conclue que ce qui manque en chacun d’eux peut être comblé par l’autre.
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