GLENN GERS : UN AUTEUR AU TRAVAIL (16)

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Jusqu’à présent, nous ne prenons que des notes sur cette série que nous envisageons d’écrire en suivant les conseils de Glenn Gers. Un animateur d’une émission de télé-réalité (je me suis éloigné de la ligne dramatique de Gers) a été assassiné.

Glenn Gers constate qu’il a devant lui une question majeure : pourquoi les autorités ne sont-elles pas sur l’affaire ? Car l’un des parti-pris de ce récit est qu’un petit groupe de passionnés par le surnaturel se sont emparés de l’enquête. Nous n’avons donc pas affaire à proprement parler à une enquête policière.

Le plan

Prendre des notes est indispensable mais lors de ce processus, il est nécessaire, lorsque cela devient évident dans nos notes, de transférer vers un plan les scènes que suggèrent les notes. Planifier son récit n’est rien d’autre qu’une liste de scènes, c’est-à-dire une succession d’événements.

Voici donc ce que j’ai écrit pour le moment dans ce plan à fur et à mesure de mes notes :

Ancienne version : [- Les premières images renvoient le crime dans la maison de l’animateur qui tient lieu de studio pour le podcast. Nous pourrions même envisager une diffusion en live de l’émission et être les témoins (tout comme les membres de la future communauté) de l’assassinat mais l’assassin reste un mystère. Le meurtre sera montré dans des détails assez horribles pour susciter une répulsion.]
Nouvelle version : Le mystère de la mort de l’animateur

– Où nous découvrons qui est Éric

. Scène dans laquelle nous découvrons la position d’Éric face aux phénomènes paranormaux.

La rencontre entre Ariane et Éric

Ancienne version : [. Lors de sa phase de recherche pour documenter le livre qu’Éric a l’intention d’écrire (comment des personnes ordinaires se retrouvent au coeur d’affaires extraordinaires), l’attention d’Éric est attirée par l’étrange comportement d’un petit groupe d’individus qui prennent en charge eux-mêmes de découvrir l’identité de l’assassin de l’animateur d’un podcast sur des affaires criminelles non résolues, un podcast que ces individus d’horizons divers suivaient assidûment.]
Nouvelle version : . Lors de sa phase de recherche pour documenter le livre qu’Éric a l’intention d’écrire (comment des personnes ordinaires se retrouvent au cœur d’affaires extraordinaires), l’attention d’Éric est attirée par l’étrange comportement d’un petit groupe d’individus qui prennent en charge eux-mêmes de découvrir l’identité de l’assassin de l’animateur d’une émission de télé-réalité portant sur le paranormal. Ces individus proviennent d’horizons divers.

Ancienne version : [. Ariane est la veuve divorcée de l’animateur et elle se retrouve en possession d’un dossier compromettant pour l’assassin. Le groupe qu’Éric a infiltré lui apprend l’existence d’Ariane et du dossier. Éric a alors la surprise de constater qu’Ariane vit près du lieu où lui-même réside. Il décide donc de prendre contact avec elle.]
Nouvelle version : . Ariane est la veuve divorcée de l’animateur et elle se retrouve en possession d’un mystérieux dossier. Le groupe qu’Éric a infiltré lui apprend l’existence d’Ariane et du dossier. Éric a alors la surprise de constater qu’Ariane vit près du lieu où lui-même réside. Il décide donc de prendre contact avec elle

– La rencontre avec l’animateur : sa mort mystérieuse suivie de la constitution du groupe qui cherchera à élucider ce crime. Cette séquence suppose une analepse. En effet, la question est de savoir si nous basculons régulièrement dans le passé de l’animateur afin de suivre les déambulations qui l’ont mené à la mort.

– La rencontre avec le serial killer mais la présentation qui en sera faite sera fausse. Nous ne savons pas qu’il est un tueur. Au contraire, c’est un personnage qui doit attirer la sympathie. L’animateur aura véritablement été tué par un serial killer. L’entité que j’ai décidé d’introduire dans le récit (en versant dans le genre de la Ghost Story) ne sera pas le coupable d’autant plus qu’Éric doute de son existence (et comme il est le personnage principal de cette histoire, le lecteur/spectateur sera amené lui aussi à douter).

Ancienne version : [- Ariane refuse de récupérer les documents.]
Nouvelle version : Ariane refuse de communiquer les documents ni au groupe, ni à Éric.

– Le serial killer demande à Éric de récupérer les documents mais celui-ci refuse.

– La mort de l’innocent : l’individu injustement accusé par le serial killer se suicide ou est tué par le groupe. Il en résulte un sentiment de culpabilité parmi le groupe qui désigne alors l’entité qui hante la demeure qu’Ariane a obtenu après la mort de l’animateur.

– Le dénouement – Dark Night of the Soul : Disparition d’Ariane
   . Le cliffhanger qu’envisage Gers pour son pilote est que le tueur de l’animateur dont on ignore à la fois l’identité et qu’il est déjà un membre du groupe menacera directement Éric et Ariane mais sans se manifester à eux leur prouvant ainsi qu’ils sont sur la bonne piste. Ce cliffhanger vient s’ajouter à la liste des scènes. La Disparition d’Ariane peut servir de cliffhanger.

Gardez à l’esprit que le plan contient des scènes ou des séquences.

Retour aux personnages

Pour cerner un personnage, des questions doivent être posées afin que nous puissions interpréter qui ils sont et pourquoi le sont-ils (certes, nous sommes le démiurge du monde et des personnages que nous y créons, mais nous réduisons certainement nos personnages à un morceau de leur psyché car c’est cette part d’eux-mêmes qui nous intéressent et qui servira l’intrigue).

QUI EST ARIANE ? ET POURQUOI EST-ELLE AINSI ?

Lorsque nous faisons la connaissance d’Ariane, elle ne se réjouit pas la mort de son ex mari. Pourtant, Ariane lui en veut certainement de l’avoir obligée à avorter prétextant que l’enfant qu’elle attendait n’était pas de lui mais de l’une des entités sur laquelle il investiguait pour une émission de télé-réalité.

Pourquoi Ariane s’est-elle laissée convaincre ? En ce temps, Ariane était aussi très versée dans le paranormal et certains indices (réels ou imaginaires?) l’ont persuadé que les conclusions de son mari étaient exactes. Elle décida donc de mettre un terme à sa grossesse.

Les années passèrent et progressivement, d’expériences en expériences, Ariane s’est départie de ses croyances. Elle prit conscience de la folie de son mari qui recherchait toujours davantage de célébrité quitte à monter de fausses preuves de l’existence des esprits et autres poltergeist (information qui nous servira à renforcer la conviction d’Éric que ces histoires de fantômes ne sont que des supercheries).

Souffrant de plus en plus de la vie avec son mari, les yeux enfin dessillés, elle prit la juste décision de se séparer de lui.

Néanmoins, Ariane est touchée par sa mort car il n’est pas permis de penser qu’il n’y a eu que des moments terribles dans cette relation. Et Ariane se souvient des joies qu’elle a connues avec son mari.

Néanmoins encore (ce procédé de réitération implique une ambiguïté chez Ariane), elle se sent vraiment libre maintenant qu’il est mort alors que même séparée de lui, son influence assiégeait Ariane qui ne pouvait s’en défaire.

Maintenant que j’ai introduit ce sentiment de liberté chez Ariane, quelle attitude concrètement Ariane tiendra t-elle dorénavant ?

Sur ma fiche thématique que j’ai complétée lors du précédent article, j’ai mentionné parmi les thèmes celui de la vengeance. Un thème réussit mieux lorsqu’il est présenté des variations de celui-ci. Ainsi, je pose que non seulement l’animateur assassiné était la vedette de son show mais qu’il le produisait aussi. Ariane deviendra la nouvelle présidente de la société et son intention sera de démonter point par point toutes les affirmations de son ex mari sur les preuves apparentes qu’il démontrait dans ses émissions.

Ce qu’Ariane tente de faire, c’est de se libérer des contraintes que lui imposait son statut de femme divorcée d’une célébrité dont on ne cessait de lui renvoyer l’image.

Son désir est donc un désir de vengeance. Lors de mes précédentes réflexions, j’ai abouti au besoin de se sentir aimée qui était la base de la Love Story entre elle et Éric (le personnage principal). Mais je viens aussi de décider qu’Ariane s’était fait avorter parce qu’en ce temps-là, elle était convaincue des phénomènes surnaturels, une croyance savamment nourrie par l’empire que l’animateur avait sur Ariane.

Je voudrais aller plus loin cependant. Il y a effectivement un manque dans la vie d’Ariane et c’est cet enfant. C’est par lui que j’entends introduire la Ghost Story. Ariane doit se libérer de ses propres contraintes, trouver une rédemption pour cette faute qu’elle a commise.

Mais cette liberté qu’elle se donne n’est encore qu’une illusion tout comme elle fut subjuguée par l’aura de l’animateur lors de leur première rencontre. Par cette liberté, Ariane croit maîtriser ses désirs et ses passions mais elle est dans la même illusion que lors de ses vingt ans maintenant qu’elle est dans la quarantaine.

j’ai d’ailleurs eu l’intuition qu’Ariane est une jeune femme rêveuse. Elle imagine sa vie plutôt qu’elle ne la vit réellement. Cette chambre d’enfant dans le manoir existe t-elle vraiment ? Ariane semble être la seule à la connaître.

QUI EST ÉRIC ? ET POURQUOI EST-IL AINSI ?

Éric est un être pragmatique, quelqu’un qui s’attache au concret. Lorsque j’ai débuté cette série d’articles, j’ai travaillé en suivant la pensée de Glenn Gers. Voilà néanmoins que ma propre réflexion s’est mêlée à la problématique.
Tout en suivant la façon de faire de Glenn Gers (qui n’est qu’une proposition parmi d’autres toujours possibles), j’ai dévié en sollicitant mon imagination. Vous constatez que rien n’est figé : plus on réfléchit et davantage d’innovations sont possibles.

De Glenn Gers, j’ai tiré que mon personnage principal serait un journaliste d’investigation. Cette activité colle assurément au thriller, seulement, alors que je conserve l’aspect romantique, j’oriente mon propre projet vers la ghost story.

J’aimerais posé qu’Éric, mon personnage principal, aurait pour activité principale la démystification des phénomènes apparemment paranormaux. Cette activité devrait favoriser sa rencontre avec Ariane. Et son implication totale dans cette activité justifie aussi les problèmes qu’il connaît avec sa femme qui s’est définitivement écartée de lui.

A propos de sa famille, jusqu’à présent, sa femme et sa fille faisait un ensemble. J’irais plus loin car sa fille est morte d’une leucémie lors de sa dixième année. Il me faut créer une aura de tristesse qui embue la vie d’Éric : un malaise qui influe sur son comportement ou entêtement à découvrir la supercherie des annonces fallacieuses de phénomènes paranormaux.

La rationalité d’Éric sera sérieusement bousculée mais je n’oublie pas que cela le renforcera dans ses convictions. Il a des doutes sur la possibilité des phénomènes paranormaux et malgré ce qui apparaît comme une évidence, il se maintient sur cette position. A t-il tort et doit-il en pâtir ?

Éric se veut concret, il n’a pas un esprit scientifique cherchant à démontrer par l’expérience la fausseté des phénomènes ; c’est un investigateur à la recherche de la vérité. Seulement, sa vérité à lui qu’il ne peut concevoir, c’est qu’il n’a jamais réussi à faire le deuil de sa fille.

Éric est perdu dans son propre passé. En fait, toute cette histoire porte sur l’emprise du passé sur nos deux personnages : Ariane & Éric.

Par ailleurs, j’ai décidé qu’Éric, contrairement à Ariane, renforcera ce qu’il croit, il ne changera pas. J’ai néanmoins introduit une subtilité ici : nous pourrions penser qu’Éric a raison sur la supercherie des phénomènes surnaturels et il faudrait que je m’emploie à le démontrer.
Ce n’est pas ce que je vise : les phénomènes surnaturels doivent paraître vrais même si Éric ne parvient pas concrètement à déterminer ne serait-ce qu’une seule cause.

Sur ce plan, il est possible qu’Éric doute de ses convictions initiales. Là où Éric devient plus résistant, c’est dans le refus de faire le deuil de sa fille. Nous verrons où cela le mènera.

Complétons le plan

Ce travail de découverte sur mes deux personnages porte en lui des scènes. Repérons quels sont les événements qui s’y prêtent le plus.

Concernant Ariane :

  • L’avortement d’Ariane

  • Ariane se sépare de l’animateur

  • Ariane devient la nouvelle présidente de la société de production

  • Ariane décide d’une nouvelle ligne éditoriale pour l’émission de télé-réalité

  • L’ascendant de l’animateur sur Ariane

  • La rencontre d’Ariane et de l’animateur

  • La chambre d’enfant

Concernant Éric :

  • Son activité de journaliste d’investigation auquel Éric a donné un tour particulier

  • La séparation d’Éric et de sa femme

  • La mort de la fille d’Éric

  • Confrontation d’Éric aux phénomènes surnaturels

Retour à Glenn Gers

Glenn Gers insiste sur le fait que le travail de recherche sur les personnages est quelque chose d’intrusif. Lorsqu’on se saisit d’un personnage, il faut créer une empathie avec lui. Il faut aller plus loin que de simplement le comprendre : il faut ressentir ce qu’il ressent, même si ce personnage vous rebute ou vous répugne.

C’est par les émotions que nous pouvons ainsi fusionner car les émotions sont universelles. Le concept de tristesse par exemple est commun. Quelles que soient les raisons pour lesquelles on éprouve de la tristesse, ce sentiment est quelque chose que nous partageons.

Il est utile de se référer aux archétypes non pas parce qu’ils sont des personnages clefs en main mais parce qu’ils fournissent la base sur laquelle on peut déployer des émotions. Le déploiement des émotions à travers les personnages permet d’explorer les différences car chaque personnage jouera avec sa propre palette d’émotions.

C’est-à-dire que deux personnages peuvent connaître l’amour mais cet amour signifiera quelque chose de différent pour chacun d’entre eux.

Écrire, c’est aussi se livrer à un certain nombre de recherches. Glenn Gers, néanmoins, conseille de ne pas se lancer immédiatement dans des recherches approfondies. Créons d’abord les personnages. A partir de cette découverte qui est le résultat d’un travail de mémoire (ce que vous avez connu, ce que vous avez lu, vu ou entendu, vos expériences ou celles qu’autrui a eu le courage de partager avec vous), vous avez obtenu des événements, des faits, des situations que vous avez précisé dans votre plan.

Les recherches se feront à partir du plan. Par exemple, dans mon plan, j’ai indiqué l’avortement d’Ariane. Pour donner corps à cet événement, je ferai les recherches nécessaires. Si je m’étais lancé immédiatement pour en apprendre davantage sur ce qu’est un avortement, ce qu’il peut signifier pour une femme, cela m’aurait fait perdre de vue mon projet qui consiste à écrire une histoire et non un essai sur les conséquences psychologiques d’un avortement : car j’ai besoin d’informations pour rendre crédible ce que je postule dans mon récit.

Vous injectez dans les événements de votre récit des informations que vous puisez dans la réalité mais d’abord, vous inventez vos événements que vous ordonnez dans un plan et vous considérez pour chacun d’entre eux des détails réels pour les valider. L’information ne doit pas prévaloir sur votre imagination mais être au service de celle-ci.

QUE VEUT ÉRIC ?

Après avoir tenté de cerner quelque peu Éric, il est temps maintenant de se pencher sur ce qu’il veut. Ce que veut Éric est impossible à accomplir. Sa fille a été emportée par une leucémie et il ne l’accepte pas. Il n’y a pas de responsable alors Éric s’accuse, porte en lui une culpabilité.

Quel rapport entre cette mort et sa volonté de dénonciation de supercheries ? De complots en somme.

Commençons par établir l’élément problématique et tragique concernant Éric : Éric n’accepte pas de faire le deuil de sa fille.

La théorie (et pratique) narrative Dramatica a catégorisé 64 éléments de caractérisation. Parmi ces éléments, celui qui décrit le mieux l’état dans lequel se trouve Éric et qui détermine son problème (Problem chez Dramatica) est : Non-Acceptance.

La définition en est : Le personnage contenant dans sa personnalité la caractéristique Non-Acceptance ne se compromettra jamais. Il tient bon, quelle que soit l’importance de la question. Il est certain que cette caractéristique étouffe les problèmes potentiels liés à la compromission mais perd également les avantages des relations où l’un et l’autre cède du terrain pour assainir la relation.

Je vous renvoie au forum dans lequel j’explique la charte graphique de Dramatica.

Comment interpréter cette définition pour Éric ?
La compromission à laquelle refuse de coopérer Éric est de s’entendre avec lui-même. La mort de sa fille lui est inacceptable et il la nie. Il ne peut la concevoir.

La solution à ce problème (Solution chez Dramatica) est évidemment l’acceptation (Acceptance chez Dramatica), admettre que sa fille est morte et en faire le deuil. Éric acceptera t-il cette solution ? Telle est la question dramatique qui doit se poser dès le pilote et dont nous aurons la réponse lors de la conclusion de la série.

Pourquoi le cheval de bataille d’Éric est de dénoncer les supercheries que des imposteurs du surnaturel instillent dans les esprits un peu trop naïfs ou fragilisés ? Par intérêt personnel. S’il y a la moindre possibilité que le surnaturel soit réel, il entend en profiter pour établir au moins un contact avec sa fille.

Je suis le cheminement de pensée de Glenn Gers. Mes questionnements ci-dessus développés correspondent à ce schéma. Vous pourriez travailler autrement. Gers, après avoir établi qui était ses deux personnages, s’est posé la question de leur rencontre. Je fais de même (et c’est assez logique comme méthode de réflexion).

La rencontre entre Ariane & Éric

En fait, il me semble aller un peu trop vite, me rappelle Glenn Gers. Les détails de la rencontre seront examinés plus tard. Il faut me livrer à une véritable enquête d’investigation : au début du récit deux êtres s’ignorent ; à la fin du récit, ces deux êtres s’aiment.

Quel que soit le mouvement que vous envisagez, ne posez pas seulement son point de départ et n’imaginez pas encore les détails, les étapes qui le mèneront jusqu’au point B. On écrit bien mieux lorsqu’on connaît comment se termine quelque chose.

Le brainstorming qui doit être maintenant mis en place concerne non pas comment deux êtres en sont venus à s’aimer mais pourquoi vous avez fait en sorte que ces deux êtres étaient destinés à s’aimer.

J’ai fait d’Ariane l’individu le plus apte à influencer Éric (c’est d’ailleurs aussi sur cette influence que réfléchit Glenn Gers de son côté). Mais alors que Gers se montre trop pragmatique à mon goût cherchant à expliquer pourquoi son personnage féminin est attiré par son personnage masculin, conformément à mes recherches (voir mes articles ALCHIMIE ROMANTIQUE & DE L’ATTIRANCE ÉMOTIONNELLE), je préfère poser une relation émotionnelle comme principe de leur rencontre et développer celle-ci au fur et à mesure de mes réflexions et découvertes.

J’accuse Glenn Gers de pragmatisme mais son intention est louable. Il faut trouver un moyen pour que lectrices & lecteurs participent à l’histoire. Ce que ressent un personnage pour un autre est l’un de ces moyens assez universel pour être reconnu par le plus grand nombre.

Gers envisage aussi que dès le pilote ses propres personnages feront l’amour mais seulement sous des circonstances qui excluent le fait d’un véritable amour.

Comment cela peut-il être possible ?
Gers jette ses personnages dans une situation dans laquelle son personnage féminin est dans un état second comme désespéré. Elle a un peu trop bu et elle implore le personnage masculin de rester auprès d’elle pour la rassurer mais en respectant un esprit de chasteté car si son personnage masculin succombait à la tentation de ce corps offert, cela ombrerait le personnage d’une teinte antipathique ce qui serait l’inverse de l’effet recherché.

Puis lorsque la femme se réveille, elle voit cet homme qui a veillé sur elle. Quelques instants plus tard, ils font l’amour dans cette chambre illuminée par l’aurore. Après l’acte, tous deux éprouvent une certaine honte à l’idée qu’ils aient couché ensemble et tentent d’en oublier l’incident.

Je conserverai cette idée pour mes personnages Ariane et Éric et j’ajoute cet épisode dans le plan.

Ce que croit le personnage principal

Le personnage principal croit savoir où le problème se situe. Mais il a tort. Cette croyance erronée le maintient dans son erreur et tous ses choix, toutes ses actions et réactions, toutes ses réponses sont orientés vers cette illusion, vers ce mensonge qu’il se fait à lui-même.

Je m’aide de la théorie Dramatica afin d’organiser mes idées. Ainsi, après avoir posé que le problème d’Éric est un problème de Non-Acceptance comme je l’ai défini plus haut, Dramatica propose de continuer avec le concept de Symptom censé d’écrire l’illusion dans laquelle Éric se contraint lui-même.

Sous cette catégorie Sympton, Dramatica propose parmi d’autres le concept de Deduction. En voici la définition :

La déduction (Deduction) est le processus de réflexion qui permet de déterminer ce qui est en éliminant tout ce qui ne peut pas être. Il a été dit : “Lorsque vous avez exclu l’impossible, tout ce qui reste, aussi improbable soit-il, doit être vrai. Cette caractéristique Deduction arrivera à des conclusions en éliminant toutes les théories concurrentes apparemment fausses jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une.
C’est très bien pour éliminer les absurdités et comprendre le fond des choses, à moins que les théories concurrentes ne soient pas toutes les théories disponibles et que la vraie réponse n’ait même jamais été envisagée. En outre, la déduction omet souvent de rechercher des situations dans lesquelles il existe d’autres vérités. Dans une histoire célèbre, un détective a réduit le nombre de suspects du meurtre pour découvrir qu’ils étaient tous coupables !

Quelle est mon interprétation de cette définition concernant Éric ?

Ce qui ne peut pas être pour Éric est la mort de sa fille. Il se refuse à en faire le deuil. Que voudrait-il qu’il soit ? Que cette présence de l’enfant dont il a parfois des hallucinations au cours desquelles l’enfant cherche à communiquer avec lui devienne une réalité.

Deux mouvements s’opposent en Éric : sa raison d’abord qui tente de le convaincre de la réalité, d’accepter les faits et qui lui permet de se remettre en question de manière féconde en dénonçant les influences mauvaises de charlatans du surnaturel sur des esprits fragilisés en particulier par une perte.

Cette manière d’agir cependant est mue par la motivation que si, parmi toute cette charlatanerie, il pouvait parfois y avoir une once de vérité, il faudrait en saisir l’opportunité.

Le second mouvement, bien plus dangereux pour Éric, est sa volonté qui le sclérose dans la négation, dans le refus de la mort de sa fille. Cette volonté ne l’autorise pas à se remettre en question, à confronter la réalité ; elle s’y refuse.

L’espoir d’Éric n’est pas extérieur mais en lui-même. Sa volonté fondamentalement compréhensible par le plus grand nombre et qui facilite l’identification (il est le personnage principal) le mène en fait à sa perte. C’est cette même volonté qui aveugle Éric sur la vraie réponse qui consisterait à suivre les étapes du deuil.

L’importance des personnages

Glenn Gers insiste sur, quel que soit le genre dans lequel vous versez votre récit, la valeur des personnages. Se concentrer sur eux est la première tâche car c’est par eux, en racontant leur histoire, que vous imaginerez la succession d’événements dont ils seront les acteurs et parfois, voire souvent, qu’ils subiront.

Les arcs dramatiques (la progression personnelle d’un personnage tout au long de son aventure) et l’action dramatique (c’est-à-dire ce qui est à la fois problématique et tragique pour un personnage) doivent s’enraciner dans le vivant, aussi improbables que soient les événements ou le tragique de la vie de ces personnages, ces éléments narratifs sont dans le concret. Même si vous ne quittez pas l’esprit d’un personnage, vous décrivez une réalité intérieure bien concrète.

Un personnage est un être fictif, mais c’est un être vivant qui s’adresse à un autre être vivant ; un auteur qui s’adresse à un lecteur/spectateur.

En conséquence, la succession des événements qui peuvent prendre plusieurs scènes pour s’accomplir pleinement (donc une séquence narrative) seront chronologiquement indiqués dans le plan.
Ensuite l’histoire réordonne les scènes et les séquences entre autrefois et maintenant dans la plupart des cas (bien que les prolepses ou sauts dans le futur soient exigées parfois par l’histoire). Pour assurer votre écriture contre le syndrome de la page blanche, et Glenn Gers insiste sur ce point, faites le plan de votre récit.

La tâche la plus difficile est certainement de traduire ce qu’il se passe dans la tête des personnages (leurs pensées, leurs sentiments, leurs inquiétudes, c’est-à-dire le non-dit) en un comportement, une attitude et des lignes de dialogue.

Ce que veut Éric constitue donc son problème (Problem chez Dramatica) qui se traduit concrètement par ce que Dramatica nomme Symptom et la solution à ce problème semble évidente, il lui faut réussir à faire le deuil (c’est la Solution selon Dramatica).

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