Il n’y a rien de tel qu’une situation conflictuelle pour faire entrer le lecteur/spectateur dans une histoire. Une autre technique est cependant possible : le In media res.
In media res, expression que le poète latin Horace eut la bonne idée de créer, signifie Au milieu des choses.
Le concept consiste à jeter lecteurs et lectrices dans des situations qui ont déjà commencé. Ils n’ont aucune idée de ce qu’il se passe, néanmoins, ils sont en plein milieu d’une action qui est en train de se produire.
La technique consistant à commencer In media res fonctionne depuis des milliers d’années car elle permet de capter l’attention des lecteurs. Le protagoniste est en train de vivre quelque chose d’excitant ou du moins d’inquiétant, et le lecteur/spectateur veut savoir quelle en sera l’issue. Alors qu’il ignore encore comment une telle situation fut seulement possible.
Un moyen d’accroche
Le In media res pose une question dramatique : même si l’incident est mineur, le fait que le protagoniste soit dans une action incite le lecteur à en savoir plus.
L’action est un pivot de l’histoire. Chaque fois qu’un personnage agit, quelque chose change. Et ce changement fait avancer l’intrigue. Quel meilleur moyen que l’action pour commencer une histoire et inciter le lecteur à poursuivre la lecture pour découvrir ce qu’il se passe ?
Pour accrocher aussitôt votre lecteur ou votre lectrice, commencez votre histoire par une scène (la première scène après un éventuel prologue) qui a un fort noyau émotionnel. Vous lancez votre lecteur et votre lectrice dans une aventure où il s’intéresse à votre protagoniste dès le départ.
En tant qu’auteur ou autrice, vous connaissez toute l’histoire, ce qu’il s’est passé avant et pourquoi le héros ou l’héroïne se trouvent dans cette situation. Donnez à cette scène l’impulsion émotionnelle qui attirera votre lecteur/spectateur.
Concrètement, cette première scène pourrait être un dilemme. Le personnage principal affronte une décision difficile à prendre ou bien il est face à une menace et doit faire un choix. Cette première scène ne décrit pas le monde ordinaire du héros (ce monde qui sera bientôt bouleversé par un incident déclencheur), plutôt, il se trouve dans une situation dont nous ignorons encore les conditions mais dont nous découvrirons bientôt qu’elle ne lui est pas habituelle.
Ce pourrait être un moment décisif ou bien un conflit c’est-à-dire un argument ou un combat (physique ou moral), une révélation – tout ce qui indique qu’une chaîne d’événements s’est produite dans le monde de votre récit jusqu’à ce moment décisif.
La séquence d’ouverture (après le prologue) serait ainsi chargée d’émotion et de sens (c’est-à-dire qu’elle se rapporte à l’un de vos thèmes majeurs).
Ainsi, vous posez votre lecteur/spectateur non seulement dans l’attente du résultat (que se passe t-il à la fin du récit ?) mais vous le rendez aussi avide de connaître ce qu’il s’est passé pour que le personnage soit dans une telle situation.
En lien avec le reste
En plus d’impliquer le lecteur et de l’intéresser à votre protagoniste, la séquence d’ouverture, même si elle commence au milieu des choses, est un fragment de l’histoire, qui indique le genre et donne au lecteur et à la lectrice un premier aperçu de votre protagoniste en action, tout en soulevant des questions dans l’esprit de ce lecteur ou de cette lectrice.
En fait, cette séquence d’ouverture est l’instrument avec lequel votre lecteur/spectateur s’investira dans l’arc dramatique de votre personnage principal.
Que ce soit la séquence d’ouverture ou bien la majorité des scènes, le lecteur/spectateur est dans l’attente de la résolution, c’est-à-dire qui, des personnages impliqués dans une scène, en sortira triomphant ? C’est-à-dire qui obtiendra ou non ce qu’il cherche dans cette scène particulière.
La réponse pourrait d’ailleurs être reportée dans une scène ultérieure.
En tant qu’outil, le In media res permet aussi d’introduire la personnalité du personnage. En fiction, on ne se contente pas d’observer un personnage (comme un simple passant dans la vie réelle), on s’implique dans l’expérience qu’il est en train de vivre.
Si votre l’histoire l’exige, montrer le quotidien du personnage et non le situer dans une situation inhabituelle, permet d’introduire le lecteur et la lectrice sur qui il est, sur son agir quotidien. Cela met en avant des traits de personnalité qui opéreront plus tard dans le récit.
En 2014, nous eûmes l’idée de créer Scenar Mag pour être proches des scénaristes en devenir. Nous voulions transmettre un savoir que nous accumulions car nous sommes persuadés que la connaissance se donne mais ne se vend pas. Au fil des années, le coût de maintenance de Scenar Mag a pesé de plus en plus lourd sur notre budget. Scenar Mag ne vit que des dons de ces lecteurs et de ces lectrices. Si vous le pouvez, faites un don. Merci