Le contexte est un élément d’importance en fiction. Qu’on le nomme monde ou univers, il participe à l’authenticité du récit. Il ne s’agit pas seulement de procurer une image d’arrière-plan à l’histoire. Le monde est une entité à laquelle certains personnages seront totalement soumis et d’autres (dont souvent le héros ou l’héroïne) seront totalement opposés.
Un contexte s’impose souvent à l’auteur et à l’autrice lorsqu’une histoire commence à vouloir s’imposer avec force. On trace rapidement quelques lignes et puis on se met à travailler ses personnages oublieux parfois que les détails du monde ont un rôle plus qu’une fonction à jouer.
Tous ces facteurs doivent s’harmoniser avec l’intrigue de l’histoire, ses personnages, le thème et l’ambiance générale de l’œuvre.
Un monde à part
Considérons Robinson Crusoë ou Le Train sifflera trois fois : ces histoires auraient-elles été différentes situées dans d’autres lieux ou d’autres époques ? Absolument.
Le contexte, le monde dans lequel vous jetez vos personnages, fournit bien plus qu’un cadre à l’histoire. Il rend certaines choses nécessaires et d’autres seulement possibles. Lorsque vous choisissez votre monde, vous avez intérêt à le choisir judicieusement et bien, car ce choix définit et circonscrit les possibilités de votre histoire.
Outre son importance en termes de crédibilité, le cadre contribue aussi énormément au sentiment général ou au ton d’une histoire. Il crée un mélange d’ambiance, de ressenti des personnages et d’atmosphère générale qui finit par faire partie intégrante de l’attrait et du sens de justesse d’un récit autant que son intrigue, que l’importante caractérisation des personnages ou tout autre facteur.
Un manoir victorien ou la Première Guerre Mondiale sont deux univers qui offrent des opportunités pour certaines histoires et sont totalement impossibles pour d’autres.
Un contexte contribue à l’authenticité et à la crédibilité du discours. Une jeune femme habituée de la vie parisienne qui prend possession par héritage d’une belle demeure à la campagne se trouvera confrontée à une nouvelle réalité qu’elle ne comprendra pas et qui ne laissera pas d’opposer son point de vue aux mœurs et manières des habitants historiques des lieux.
C’est par le détail que l’on précise un lieu. De même, certains aspects du contexte seront privilégiés car ils mettent en place les conditions de ce qu’il va suivre dans l’histoire. L’implication du lecteur peut être renforcée par une bonne gestion du contexte parce que les descriptions physiques et sensorielles de l’univers de l’histoire permettent au lecteur de faire l’expérience de cet environnement à travers son imagination, comme s’il y était, comme s’il était « vraiment là », qu’il voyait, entendait, respirait, goûtait et ressentait le monde du récit.
Lecteurs et lectrices peuvent être transportés dans l’univers de l’histoire grâce à une description physique vivante et évocatrice des lieux. Ils peuvent également éprouver un sentiment supplémentaire d’implication et de satisfaction si on leur donne, en tant que partie intégrante du monde, des données factuelles qui le fascinent et lui donnent l’impression d’apprendre quelque chose.
Une tendance à croire
Posons l’animisme qui est une croyance que les objets (essentiellement ceux de la nature) ont une intention, un but dont ils seraient conscients. Maintenant, votre personnage principal est un prêtre catholique. Dans l’acte Deux, il est projeté dans le monde animiste et il s’opposera à ces téléologistes sur un plan philosophique ou religieux selon les auteurs.
Ce qui compte, c’est qu’il y a dans cet exemple deux mondes différents, honnêtes envers leurs propres croyances, qui ne font pas de prosélytisme mais les circonstances feront que la rencontre sera conflictuelle.
Maintenant, vous apportez cette situation conflictuelle à vos lecteurs et à vos lectrices et vous leur demandez d’y croire. Toute la magie de la fiction, tout son génie, tient là : dans cette tendance à accepter le discours que l’on vous fait, à ne pas mettre en doute la parole d’un auteur.
Ainsi, les aspects singuliers d’un contexte prennent une importance vitale pour le récit car, s’ils sont négligés par les auteurs ou les autrices, alors cela compromettra la crédibilité naturelle du récit. Une histoire, c’est un dialogue entre deux imaginaires qui se rendent une confiance mutuelle.
Si le contexte n’est pas clairement établi d’emblée, l’expérience partagée et recherchée entre personnages et lecteur/spectateur sera malaisée. L’univers fournit une unité. Une histoire peut impliquer des développements complexes affectant une grande variété de personnages, les questions peuvent devenir très complexes ; il peut même y avoir plusieurs points de vue et plusieurs lignes dramatiques prenant place à des niveaux différents de la société.
Pourtant, un cadre cohérent fournit un fond sur lequel même des développements de l’histoire ou des personnages sans lien direct avec l’action seront perçus comme appartenant au récit et non comme des digressions, simplement parce qu’ils apparaissent dans le même univers.
Le cadre dans lequel les personnages évoluent aident l’auteur à emmener son lecteur/spectateur précisément là où il veut. Un manoir gothique par exemple offrent une atmosphère palpable qui devient alors une des conditions de la tension dramatique inhérente aux lieux.
Certains lieux seront ainsi travaillés pour la charge émotionnelle qui entrera alors dans leur définition. Dans Le Train sifflera trois fois, c’est la peur et l’indifférence lâche des habitants de la ville qui justifie les actions du héros et le déploiement de l’intrigue qui, sans cette peur manifeste, aurait des difficultés à nous arrimer à cette recherche désespérée d’aide.
Vous pourriez tout aussi bien vouloir fustiger la dictature des bien-pensants, les opinions majoritaires et ce laminage des cervelles auquel se laisse volontiers faire les esprits comme des buvards s’imprégnant de médiocrité. Et tout cela, ce n’est pas dans les réponses de votre héros ou de votre héroïne aux événements que vous pouvez le décrire, mais dans leur opposition à un monde dans lequel ils sont jetés.
Le monde aura un nécessaire impact sur la caractérisation de vos personnages. Mais aussi sur le thème. La descente du Mississipi dans Huckleberry Finn ou la remontée du fleuve Congo dans African Queen ont tous deux une portée symbolique qui participe à la signification de l’œuvre.
Recherche
Se documenter sur les lieux que l’on envisage pour un récit peut aider l’imagination mais cela offre aussi des pistes diverses pour l’exploration. Ainsi, en décrivant un lieu, vous pourriez par quelques indices introduire une menace possible… Et si cette centrale nucléaire n’était pas aussi sécurisée qu’elle le paraît.
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« Vous pourriez tout aussi bien vouloir fustiger la dictature des bien-pensants, les opinions majoritaires et ce laminage des cervelles auquel se laisse volontiers faire les esprits comme des buvards s’imprégnant de médiocrité. Et tout cela, ce n’est pas dans les réponses de votre héros ou de votre héroïne aux événements que vous pouvez le décrire, mais dans leur opposition à un monde dans lequel ils sont jetés ».
Oui, bonjour et bravo Willam, fustigeons 😉 !!!