Le conflit est essentiel dans la construction d’une histoire. Le conflit entre dans la définition du drame. Il est constitutif de l’intrigue.
Le conflit se nourrit des enjeux. Pour comprendre ce qui est en jeu, il est nécessaire d’apporter un certain nombre d’informations avant le conflit. Si ces informations parviennent au lecteur pendant le conflit ou après, l’effet sera ruiné.
L’exposition au cours du premier acte a en charge de fournir cette information et par là, d’impliquer le lecteur dans l’histoire. Celui-ci participe à l’action (du moins, d’un point de vue émotionnel), il ne se contente plus d’observer mais est tenu par le suspense, dans un cycle de crainte et d’espoir envers les personnages.
Distribuer l’information
Mais l’information n’a pas obligation d’être distillée seulement au cours de l’exposition. En respectant la règle que l’information doit être divulguée avant le conflit, elle peut être aussi donnée hors de l’exposition.
Les scènes de récapitulation comme les a appelées Frank Daniel sont ces scènes où les personnages résument rapidement ce qui s’est produit jusqu’à présent et prédisent les événements à venir.
C’est une astuce dramatique essentielle qui permet de maintenir émotionnellement le lecteur dans l’histoire.
C’est ainsi que Woody gronde Buzz dans Toy Story :
It’s the perfect time to panic! I’m lost, Andy’s gone, and they’re going to be moving from their house in two days and it’s all your fault!
C’est vraiment le moment de paniquer ! Je suis perdu. Andy a disparu et ils vont quitter la maison dans deux jours et tout cela est de ta faute !
Cet échange est une récapitulation succincte de la situation difficile des deux personnages.
Une scène de récapitulation est nécessaire parce que même si l’action décrite après est claire et qu’elle fait somme toute son petit effet, donner certains indices au lecteur au préalable permet de mettre en œuvre un suspense potentiel, donc de l’émotion.
Si nous savons d’avance le type de problèmes que le héros va devoir surmonter dans la suite de l’histoire, les scènes qui décrivent cette suite seront alors imprégnés de davantage de suspense parce que celui-ci aura été cultivé dans l’esprit du lecteur.
La tâche principale d’une fiction pour qu’elle soit considérée comme une œuvre dramatique (c’est-à-dire comme une histoire qu’elle qu’en soit le genre) est d’externaliser l’interne aux moments les plus importants de cette histoire.
Prenons un personnage qui a une mission cruciale à accomplir : sauver des otages. L’enjeu est important puisqu’il y va de la vie des otages. Si le personnage est accoutumé à ce genre de mission, nous pourrions même y ajouter parmi les otages, un individu qui soit cher au cœur de notre héros ce qui a pour avantage dramatique essentiel de placer sur le héros des enjeux personnels.
Dans l’exposition, donc au cours du premier acte, nous assistons à la prise d’otages, à la préparation de la mission de sauvetage et nous faisons connaissance avec notre personnage principal. A la fin de ce premier acte, à la veille de lancer l’opération, le héros apprend pour une raison ou une autre mais qui doit cependant être logique avec votre intrigue que la mission doit être annulée.
Votre héros retourne alors dans la chambre d’hôtel qui lui sert de quartier général et après avoir annoncé à son équipe de se préparer au retour, il s’y retrouve seul.
Le lendemain matin, cependant, il prend la décision de désobéir aux ordres et de continuer la mission. Cette décision est un point majeur de l’histoire qui propulse votre personnage principal dans l’acte Deux c’est-à-dire que l’intrigue est lancée.
Une connexion émotionnelle
Si la scène où vous montrez la prise de décision (il s’agit donc de la dernière scène de l’acte Un) n’est pas préparée au préalable, vous ne pourrez pas connecter votre lecteur avec votre héros sur le plan émotionnel.
Il faut bien comprendre que cette désobéissance va faire de votre héros un paria et il prend le risque que son équipe ne le suive pas dans cette voie. Il ne pourra peut-être plus profiter des moyens logistiques qui étaient à sa disposition ce qui met la vie des otages et de son équipe et la sienne plus en péril qu’elle ne l’était déjà.
C’est donc une décision difficile et la difficulté doit être ressentie par le lecteur lors de quelques scènes de préparation. On ne peut pas d’un instant à l’autre, montrer le refus d’une autorité à sauver des otages (donc une grave décision qui condamne les otages) et le refus du héros d’accepter cet ordre (c’est-à-dire qu’il n’accepte pas que les otages soient sacrifiés pour une raison qui pourrait être politique, par exemple).
Parmi les scènes de préparation à cette décision devrait figurer une scène de récapitulation de la situation actuelle. On peut faire rappeler brièvement par un personnage secondaire les tenants et aboutissants de la situation compliquée actuelle dans laquelle les personnages ont aboutie.
L’intérêt d’une telle scène de récapitulation n’est pas tant de rafraîchir la mémoire du lecteur, ce qui n’est pas inutile. Mais surtout, d’annoncer un nouveau risque majeur pour le héros. Cette annonce n’est pas sans effet car elle va créer de la tension sur un conflit à venir donc du suspense donc une implication émotionnelle du lecteur avec le héros.
En décrivant les conséquences possibles et peut-être fatales d’une décision, vous allez mettre en place dans l’esprit du lecteur une question dramatique essentielle. Le lecteur va se demander si le héros va pouvoir réussir son objectif.
Nous avons mentionné dans notre exemple qu’en prenant cette décision, notre héros ne pourra plus bénéficier d’un soutien logistique ce qui signifie que son billet de sortie avec les otages est compromis.
Sa décision a créé un obstacle de taille qui renforce chez le lecteur la crainte que cette mission pourrait être un véritable suicide. Et c’est ce que pense exactement le héros. Nous sommes ainsi connecté avec lui, nous faisons l’expérience de cette décision avec le héros, nous ne sommes plus de simples observateurs mais des participants.
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