Une fiction, ce n’est pas tant sur ce qu’il se produit, plutôt, sur qui cela se produit. Les lieux décrits, les thèmes traités… ont certes leur importance. On ne peut le nier. Cependant, l’humain au cœur de la fiction est véritablement ce qui compte.
Les êtres humains aiment observer (voire même contempler) d’autres êtres humains. C’est dans notre nature. Nous aimons aussi imaginer ce que les personnages de fiction pensent et ressentent – et si possible, non seulement imaginer mais aussi ressentir leurs expériences comme les nôtres. Nous voulons nous sentir courageux, effrayés, héroïques, confiants, triomphants, amoureux. Nous voulons habiter la vie de quelqu’un d’autre pendant un petit moment.
Il y a des films qui tiennent plus de l’intrigue et du cadre que des personnages. Le plus grand atout de Avatar est son pays des merveilles luxuriant d’îles flottantes et d’animaux extraterrestres. Mais malgré tout, notre connexion émotionnelle avec ce film vient du fait d’imaginer ce que ce serait de vivre là-bas comme Jake Sully, de s’intégrer avec la terre et les gens extraterrestres comme il le fait.
Les films avec Jason Bourne et James Bond sont très axés sur l’intrigue et peu sur la caractérisation, mais nous imaginons quand même : qu’est-ce que ça ferait d’être aussi endurant, aussi rusé, aussi cool ?
Nous nous mettons à la place des personnages parce que c’est ce que font les humains habituellement. Ce n’est pas du mimétisme. Ce n’est pas non plus se conformer à une quelconque doxa, à des préconceptions sur ce que sont ces personnages qui s’agitent ainsi devant nous.
Peut-être une sorte de compassion, une attirance naturelle vers l’autre qui fait que l’on croit reconnaître, ou du moins on se représente des émotions qui ne sont pas les nôtres mais dont on connaît ou croit connaître les effets qu’elles ont sur nous.
Ainsi, pour nous, tout est filtré à travers la lentille d’autres personnes. D’une certaine manière, le cinéma et la télévision sont l’ultime expérience par procuration. C’est pourquoi il est si important que votre scénario porte sur des personnes, et non sur les événements qui leur arrivent. Si vous voulez que vos lecteurs/spectateurs admirent votre environnement fictif, écrivez un personnage qui l’admire. Si vous voulez que les lecteurs soient émus par un rebondissement, assurez-vous qu’il touche d’abord votre protagoniste.
Les émotions au cœur de la fiction
Votre protagoniste en tant que personnage principal est le moteur de votre fiction, la pièce maîtresse qui entraîne tout le reste. Les objectifs et les motivations du protagoniste doivent être clairs dès le départ, sinon votre récit n’aura pas de sens. À chaque moment de l’histoire, le lecteur doit pouvoir comprendre ce que le personnage a à gagner ou à perdre dans une scène donnée.
La question à se poser au moment de l’écriture de la scène est de savoir comment elle affectera le personnage, voire les personnages. Les événements sont intéressants et nul ne conseillerait de les considérer de seconde main. Mais les passions qui s’expriment ainsi sur l’écran (qu’il soit extérieur ou notre imagination) nous touchent dans notre âme et notre corps.
Sans un personnage, en tant qu’imitation de la vie, une intrigue est dévalorisée. Lorsque vous planifierez cette intrigue, essayez de voir chaque chose sous la perspective de ce que chacune des choses présentées signifie pour vos personnages ou pour le personnage principal.
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Bonjour Scenarmag, William, 1ère leçon de jeunesse retenue (gravée) de Robert McKee : mieux qu’une imitation, une « métaphore » de la vie.
D’ailleurs, un tilt au terme de cette lecture d’office approuvée. Une question subite : étymologiquement parlant, « émotion » ne signifierait-il pas « ressenti privant de mots » ?
Il faudrait donc puiser au plus profond dans ce que l’âme ne traduit plus en mots. Exactement comme en musique, il s’agit bien de composer une partition.
Les personnages (du règne humain ou autre) sont l’âme de la fiction dans sa métaphore de la vie …
… puisque réveillant de fait, la mémoire intemporelle universelle qui ne se traduit plus en mot et laisse même sans voix dans une telle profondeur comme le très justement dit « silence de Mozart ».
Hi Patrice. En fait, l’âme ne s’exprime pas par les mots. C’est nous qui la recouvrons de mots souvent insignifiants. On ne s’interroge même plus sur le sens des mots. On se rassure faussement dans l’opinion commune que l’on admet sans critique. Et c’est une opinion qui se fait avec des mots.
Bien sûr qu’il faut une structure aussi pour organiser les émotions, les faire émerger progressivement et sûrement.
Cher William, je ne puis que confirmer. Il y a tout un solfège à aborder 😉