PERSONNAGES DU SEXE OPPOSÉ

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Selon la théorie narrative Dramatica, l’un des écueils les plus difficiles à surmonter pour un auteur est de fabriquer des personnages d’un sexe différent du sien. Car on a tendance à mieux écrire sur ce que l’on croit connaître le mieux, c’est-à-dire soi.

C’est d’autant plus vrai que des études sérieuses ont démontré par le fait qu’hommes et femmes utilisaient leur cerveau de manière différente. Cependant, un auteur ne peut s’en contenter. Il lui faut donc trouver le moyen d’élaborer des personnages d’un sexe opposé au sien de façon précise et crédible (hors de question que les personnages du sexe opposé soient réduits à l’état de pantins).

La théorie narrative Dramatica s’est penchée sur la nature des esprits masculin et féminin. Certes, il est facile de distinguer homme et femme. Trop facile, certainement. Parce que voilà bien une évidence qu’il est malaisé de définir.

Être femme ou homme ne dépend pas seulement d’une apparence. D’autres choses assez passionnantes sont à l’œuvre.

Les quatre éléments fondamentaux

Dramatica commence par distinguer quatre critères de différentiation :

  • L’anatomie
  • La préférence sexuelle
  • L’identité de genre
  • Mental Sex

Concernant le Mental Sex, c’est une qualité essentiellement travaillée par Dramatica.

L’anatomie ne se réfère pas seulement à savoir si les personnages sont de sexe masculin ou féminin. Il faut aussi tenir compte des caractéristiques sexuels secondaires. Choisir parmi tous les attributs pour constituer un portrait féminin signifie que vous avez à votre disposition autant de portraits féminins que les innombrables combinaisons que ces attributs permettent.
Idem pour un portrait masculin.

Les préférences sexuelles des personnages peuvent s’orienter vers le même sexe, vers le sexe opposé ou bien les deux à la fois. Et l’onanisme n’est pas à exclure. Et parfois, des rencontres d’un soir peuvent révéler des penchants insoupçonnés.

Nous pouvons aussi citer les butch-fem. L’idée est d’utiliser les préférences sexuelles afin de distinguer les personnages de même sexe. Dramatica conseille aussi de ne pas fixer les préférences sexuelles car selon les exigences de l’histoire, celles-ci peuvent varier si les circonstances s’y prêtent.

L’identité de genre est un critère de construction sociale. En quelque sorte, cette identité signe le degré de masculinité ou de féminité des personnages. Cette caractéristique n’est pas définitive. Elle dépend en fait du contexte car lorsqu’on est en famille ou bien en virée dans la nature ou encore face à un contremaître despotique, notre identité de genre s’adapte.

Cette identité singulière n’est pas seulement comment on ressent le monde ou que l’on se ressent soi-même. Notre personnalité révèle davantage de choses sur nous que notre identité de genre. Ce que celle-ci signale cependant peut justifier un acte (ou une intention d’agir), expliquer pourquoi nous montons dans les aigus selon certaines circonstances ou simplement comment nous voulons être traité ou que nous traitons nous-mêmes les autres.

Personæ & l’identité de genre

Notre personæ nous oblige t-elle à jouer un rôle différent de notre image de soi (subjective alors que la personæ renvoie de nous une image qui n’est pas vraiment nous) dont l’identité de genre est un critère constitutif ? Peut-être. Mais c’est à l’auteur de se poser la question lorsqu’il pose son sujet.
Pour Dramatica, travailler l’identité de genre de ses personnages est un espace d’exploration permettant de découvrir les plus grandes nuances dans l’invention de personnages qui ne soient pas des stéréotypes.

La notion de Mental Sex (importante dans la construction des personnages selon Dramatica) se compose de valeurs ou plutôt de degrés entre une pensée pratique, binaire, manichéenne (dans laquelle les options sont d’égale importance), linéaire (qui s’oppose alors à la pensée créatrice, intuitive qui est beaucoup plus désordonnée mais tellement vivifiante), logique comme méthode de raisonnement (la pensée serait comme foisonnante lorsque la sensibilité n’est point refrénée), avec une intention précise si ce n’est une finalité d’un côté.

Et de l’autre côté, une pensée passionnée, très émotive mais très souple aussi (beaucoup moins rigide qu’une pensée qui ne soit en harmonie qu’avec ses propres croyances et ignorent souvent douloureusement ce qui la contredit).
Avec une telle pensée, ce n’est plus le résultat qui nous affectera. L’important, c’est de participer comme on dit (et tant pis si nous échouons, notre monde continuera de tourner).

Il s’agit bien de degrés mais vus comme des moments de nos vies. En fait, chacun d’entre nous passe selon sa situation (à un moment donné) par une pensée qui s’adapte, qui pourrait, par exemple, s’avérer rigide parce que nous jugeons qu’il le faut et l’instant d’après (dans la même situation ou une situation totalement différente) faire preuve d’une écoute prête à accepter l’autre et de ne plus s’opposer à cet autre.

D’un côté, une pensée qui nourrit le conflit et un moment plus tard, la même pensée cherchera à le résoudre. C’est un motif qui justifie à lui seul la présence d’une scène (mais pas son contenu car le conflit n’est pas en soi significatif).

Que ce soit un degré de féminité ou de masculinité plus ou moins marqué dans un sens ou dans l’autre ou bien un assemblage de traits individuels comme ce qui définit l’identité de genre, les choix que l’auteur fait pour ses personnages dans une de ces catégories ne forcent pas les décisions à prendre dans les autres catégories.

L’auteur bénéficie d’une foultitude de possibilités pour définir ses personnages avec ces quatre attributs indépendants mais nécessaires ensemble.

Mental Sex : complément de réflexions

La suite de cet article fait intervenir la théorie narrative Dramatica. Selon cette théorie, Mental Sex (un concept qui appartient en propre à Dramatica) peut être défini autour de quatre types de personnalité (une personnalité telle que la comprend et nous demande de comprendre la théorie).

  • Le type Memory
  • Le type Subconscious
  • Le type Conscious
  • Le type Preconscious

Vous pourriez tirer avantage de la lecture de cet article :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (31)

Sinon, Memory se fonde sur nos expériences. C’est en fonction de nos expériences que nous apprécions une situation particulière. Mais elles ne déterminent pas pour autant notre comportement dans cette situation.
L’attribut Male ou Female qui caractérise le concept Mental Sex peut s’appliquer aussi bien à des personnages masculins ou féminins.

Cet article pourrait vous en dire plus :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (117)

En considérant une situation particulière, il faut s’interroger si les personnages se positionnent sur les choses telles qu’elles sont, telles qu’elles leur apparaissent maintenant ou bien s’ils se focalisent sur ces mêmes choses en train de se faire.
En somme, il s’agit d’états psychologiques dont la théorie Dramatica ne donne qu’un aperçu (et qu’il faut donc approfondir).

En fin de compte (parce qu’il me faudrait moi-même approfondir davantage ces notions), nous pouvons considérer que l’endoctrinement culturel (cultural indoctrination selon les termes exacts de Dramatica) que nous recevons tous (et malgré nous) nous conduit à socialement répondre aux attentes associées à notre anatomie.

Selon Dramatica, ce rôle qui nous est imposé est très rigide et impose des comportements stéréo-typiques quant à notre façon de nous vêtir, quant aux règles de bienséance, quant à notre langage et à nos réelles capacités (que nous ne pouvons mettre en avant sans offusquer certaines sensibilités socialement protégées).
Ce rôle règle nos interactions sociales. Mais il n’est qu’un façonnage et nous n’en sommes pas l’artisan.

Lorsqu’un auteur travaille sur un personnage d’un autre sexe que le sien, pour Dramatica, cela exige un véritable engagement pour comprendre la différence entre toutes ces qualités qui nous constituent, celles que nous possédons comme par accident (on naît femme ou homme par exemple) et puis celles que nous acquérons.

Enfin, il faut accepter que nous sommes tous fabriqués de la même argile et simplement sculptés de différentes manières. Si vous souhaitez débattre, n’hésitez pas à participer dans les commentaires.

LA STRUCTURE DU SCÉNARIO ET ARISTOTE

Structure

 

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