Dans la vie réelle, nous sommes souvent confrontés à nous-mêmes et aux autres. Les êtres de fiction qui sont dépeints dans la littérature ou dans les scénarios sont écrits et lus par des êtres humains bien réels qui sont confrontés à eux-mêmes et aux autres.
Il est donc logique de considérer une approche plus ou moins psychologique à l’étude de nos personnages.
Inutile cependant de jeter les esprits des êtres fictifs sur un lit de Procuste et de leur faire subir une uniformisation de leur psyché parce qu’une certaine théorie veut ceci ou cela.
L’humain est extraordinairement complexe et les êtres de fiction tout autant. Tenter d’analyser son esprit peut décrire avec précision certains des aspects partagés par le plus grand nombre (ce qui en facilite l’identification avec le personnage principal sur lequel se porte l’empathie) mais aucune théorie ne peut être universelle. Et c’est tant mieux.
L’observation des êtres
On peut déduire des paradigmes globaux de l’observation de la nature humaine (ce que font très bien les sciences humaines et sociales). Mais cet examen est loin d’apporter la preuve scientifique que nous serions tous modelés d’un même moule d ‘autant plus que nous ne comprenons pas tous les phénomènes que nous observons par nos sens, spirituellement ou raisonnablement.
De même, comprendre les motivations de tout un chacun devient vite une tâche infinie et incessamment renouvelée. En fait, il existe un vaste ensemble de théories qui prises dans leur ensemble justement peuvent rendre justice à la complexité, à la diversité et à la richesse des expériences humaines que des êtres de fiction recopieront comme une sorte de mimétisme comportemental.
L’auteur peut se livrer à quelques recherches à partir des idées et des critiques d’autorités en la matière : Sigmund Freud, Carl Gustav Jung, Alfred Adler, Otto Rank, Melanie Klein, Donald Winnicott, Jacques Lacan et bien d’autres peuvent en effet être très profitables à un auteur lorsqu’il pense à ses personnages.
Néanmoins, la difficulté majeure de ces recherches est qu’elles ne peuvent être profitables en deux temps, trois mouvements ne serait-ce déjà la compréhension du vocabulaire rapportant les idées et les concepts de chacune de ces autorités.
En effet, tout domaine d’étude possède un vocabulaire spécifique qu’il soit scientifique, religieux ou psychologique.
Karen Horney cependant qui a aussi ses propres théories est peut-être beaucoup plus facile d’accès et partant, plus utile à l’auteur qui se débat avec ses personnages.
Elle décrit des comportements immédiatement reconnaissables. Et non seulement cela, mais sa lecture nous donne l’impression qu’elle a su pénétrer l’intime ainsi que nos incertitudes, nos manques, nos conflits personnels et ces exigences illusoires que nous attendons de nous-mêmes.
Karen Horney
Karen Horney est parvenue à corréler nos systèmes de croyances avec nos stratégies de défense et ses observations ont montré que lorsque nos défenses changent, notre approche (voire notre philosophie) de la vie change aussi.
En fait, avec un simple petit effort, Karen Horney nous permet de prendre conscience de pas mal de choses nous concernant.
Nous sommes des êtres de contradictions et les êtres de fiction le sont aussi. Lorsqu’on cherche à façonner leurs personnalités si différentes, si diverses, l’auteur peut alors se confronter avec des incohérences ou ne pas savoir comment ses personnages peuvent aider à révéler le thème de son message.
Pour Horney, ce qui semble être des incohérences est en fait une indication de la présence de conflits tout comme un accès de fièvre indique que le corps ne va pas bien. Tout devient plus compréhensible lorsque nos contradictions sont perçues comme partie prenante d’un système de conflits internes.
Les contradictions sont précisément sur quoi devrait porter une première approche lors de la conception d’êtres fictifs. Il faut penser nos personnages en termes de conflit psychologique.
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