Avec les situations conflictuelles 1310 à 1329, nous étudierons le sous-groupe de la vengeance. Dans le sous-groupe précédent sur la transgression, celle-ci était ce qui apparaissait de l’intrigue. Avec ce sous-groupe sur la vengeance, nous sommes en quête d’une satisfaction après un affront ou un préjudice quelconque.
La motivation qui donne sa forme à une vengeance ne manquera pas de soulever quelques problématiques éthiques et juridiques et cela permettra d’ajouter un sous-texte (en introduisant dans l’histoire une intrigue secondaire par exemple. Ce sera d’ailleurs d’autant plus facilité si l’on crée une série).
Je vous conseille la lecture de ces articles :
- MOTIVATIONS : LA VENGEANCE
- VOYAGE INTERIEUR (ARC DRAMATIQUE) : LA VENGEANCE
- UNE INTRIGUE FONDÉE SUR LA VENGEANCE
La liste des situations :
PLOTTO, MÉTHODE DE SUGGESTIONS D’INTRIGUE
Groupe : Activité & Vie sociale
Sous-groupe : La vengeance
Proposition B
21, Se retrouver en situation difficile à cause d’une erreur de jugement ou un mauvais choix.
Situation : 1310
Préquelles possibles : 66a, b ou c – 433a – (1320 si l’on transpose A et A-8)
- A cherche à se venger de B
- * A cherche à se venger de B mais il présume de ses forces **
Séquelles possibles : (647 si l’on change A-5 par A) – 648 – (669 si l’on change A-5 par A) – (818a si l’on transpose A et A-4)
Note : Indéniablement, c’est le fondement de l’intrigue : quelqu’un cherche à se venger de quelqu’un d’autre. La vengeance ou l’acte de vengeance porte son principe en soi : concrètement on exerce une vengeance dans le but d’obtenir une satisfaction. Renoncer à cette satisfaction n’est pas facile. La vengeance se nourrit donc d’elle-même.
L’idée de vengeance peut être introduite avec le personnage. Souvent, un antagoniste aura un désir violent de se venger du protagoniste et il le possède déjà au commencement.
La vengeance n’est pas réservée au méchant de l’histoire. D’ailleurs, entre un personnage principal et sa force antagoniste, c’est un peu bonnet blanc et blanc bonnet. L’antagoniste incarne la part d’ombre du héros et celui-ci devra dépasser (en l’intégrant par exemple) cette force qui le retient d’avancer.
Chez le personnage principal, l’idée de vengeance peut être conçue au moment de l’incident déclencheur. Un événement terrible lui arrive (ou arrive à l’un de ses proches qui le bouleverse au point d’exiger que cet acte soit puni).
Il peut très bien dans un premier mouvement s’en remettre à la justice des hommes ou de Dieu. Il se sentira néanmoins trahi dans cette confiance et le besoin d’être le bourreau lui fera prendre alors tous les risques.
Nous avons vu que la trahison appelle vengeance. Quel que soit le côté par lequel on les prend, force est de reconnaître que ces qualités ne sont pas vraiment des vertus. Mais si un auteur ne souhaite pas que son héros renonce à ce qu’il estime être son droit légitime de vengeance, il peut vouloir l’accomplir de manière indirecte.
L’acte lancé continue sur son inertie bien que le personnage principal ait décidé de pardonner. Ou alors, le méchant de l’histoire profitant de ce pardon inespéré se précipite sur le héros qui, dans un acte de légitime défense, met en œuvre la vengeance. La boucle est bouclée et la morale est sauve.
La pensée de vengeance permet de cacher un sentiment bien plus douloureux : la culpabilité. Nous avons failli et beaucoup plus qu’un sentiment de honte (qui se situe dans la relation à autrui), c’est à une véritable mésestime de soi à laquelle va s’adonner le personnage. Et ce mal-être qu’il ressent incessamment règle sa conduite sur l’exercice d’une vengeance qui, croit-il, peut le soulager.
La perception du monde par le personnage est totalement subjective. D’où peut-être l’intérêt d’introduire ce que la théorie narrative Dramatica nomme un Influence Character, c’est-à-dire un personnage qui va tenter de dérouter le personnage principal vers d’autres voies de solution que la vengeance.
Bien que la vengeance appelle de l’action et dynamise l’intrigue, le lecteur doit comprendre qu’il s’agit d’une erreur de jugement. Lorsqu’il atteindra un point de non retour, le personnage principal connaîtra une grave crise personnelle appréciant soudainement toute l’horreur de son intention. Cela est illustré par la seconde possibilité de cette suggestion.
Tout empli d’un désir de vengeance, le héros comprendra non pas qu’il n’a pas les moyens d’accomplir son geste mais plutôt la vanité de celui-ci.
Situation : 1311
Préquelles possibles : 1237a – (1317 si l’on change A-8 par A-3)
- A s’est vengé de A-3
- * A s’est vengé de A-3 mais il découvre que A-3 n’est pas responsable de la faute **
Séquelles possibles : 1039 – 1319a
Note : Dans la nomenclature des personnages, A-3 est un rival de A ce qui signifie qu’il n’est pas aussi nocif que peut l’être A-5 désigné comme quelqu’un qui veut vraiment blesser A.
La différence est cependant minime. Que ce soit A-3 ou A-5, ils représentent l’un comme l’autre un obstacle que A doit franchir.
Une souffrance est la cause originaire de la vengeance. Pour s’en libérer, nous appliquons la loi du talion. Puisque nous avons souffert, nous voulons faire souffrir. Nous nous laissons submerger par nos passions et la seule réponse possible à l’offense subie est d’exercer à l’encontre de l’autre, responsable de notre état mental actuel, le châtiment que nous jugeons qu’il mérite.
Dans la vue d’ensemble de son histoire, l’auteur prend néanmoins bien soin d’avérer le fait qui appelle vengeance. Le personnage principal a bien subi une action qui l’a blessé et dont il veut la réparation. Cela permet de mettre en place la relation qui existe entre deux personnages. Une fiction , c’est d’abord l’exploration d’un faisceau de relations.
Dans la suggestion de Cook, ce qui unit A et A-3, c’est l’hypothèse d’un acte mauvais de A-3 envers A. Paralysé par la douleur (réelle ou métaphorique), A n’a pas réagi. L’interprétation que nous pouvons faire de cette situation est que A est en position d’infériorité par rapport à A-3. Il a subi. Il n’est pas proactif (ce que nous attendons d’un héros).
Le tourment s’est emparé de A. Il ne peut plus réfléchir. Sa réponse nécessaire (sinon l’intrigue tombe à l’eau) est de préméditer une action en retour qui aura un effet libérateur de son angoisse. Comme A-3 devient l’objet de la vengeance de A, le comportement de A sera orienté vers la destruction de cet objet.
Comme A-3 n’est pas A-5 (il est certainement moins cruel), nous pouvons voir que les conséquences de l’acte de A-3 sont disproportionnées par rapport à la faute commise.
La proposition B parle d’erreur de jugement. Ce qui nous renvoie à la subjectivité immanente du jugement. Ce qui signifie qu’entre la perception des choses et la représentation que nous en faisons dans notre esprit, il y a une différence.
A va réagir selon son appréciation personnelle erronée de la situation. Il va opposer à A-3 une ligne de conduite totalement inappropriée qui au lieu de lui procurer un sentiment de justice le mènera plus profondément dans l’abîme (quelle que soit la forme que l’auteur donnera à cet abîme).
Dans la première possibilité de cette suggestion (et contrairement à la précédente où l’acte est seulement en puissance, il n’a pas encore eu lieu), A a accompli sa vengeance et maintenant, il est en proie au doute. C’est ce que met en avant la seconde alternative. Par exemple, une femme pourrait se venger de son mari qu’elle soupçonne d’infidélité alors que celui-ci n’a rien fait.
Groupe : Activité & Vie sociale
Sous-groupe : La vengeance
Proposition B
46, Chercher à se venger d’une grave injustice (ou d’un tout autre mal) réel ou imaginaire fait à l’encontre du personnage.
Situation : 1312
Préquelles possibles : (695b si l’on change A par A-8) – (696 si l’on change A par A-8)
- Touché par l’injustice qu’a subi A-8, A décide de le venger
- * Fortement affecté par une décision de justice (ou toute autre autorité), A cherche les responsables de sa situation actuelle **
Séquelles possibles : 1372a ou b
Note : Un super-héros est davantage une abstraction faite chair. Il faut bien admettre que notre personnage principal que l’on désigne souvent comme le héros est sûrement lui aussi l’incarnation ou la manifestation d’une idée. Ce qui distingue le super-héros du héros est que le super-héros se consacre quasiment à protéger les opprimés et à combattre toutes les formes d’injustice.
A l’évidence, il possède aussi des qualités et des pouvoirs qui sont rares chez le commun des mortels (tous les super-héros ne sont pas pourvus de tels attributs).
Dans la suggestion proposée par William Wallace Cook, A décide de réparer les torts faits à A-8. A-8 n’est qu’une fonction selon la nomenclature des personnages. Dans l’esprit de Cook, on peut en déduire qu’il met en avant que ce justicier incarné par A ne cherche pas à être loué ou récompensé pour ses actions. Comme tous les super-héros, il est préférable qu’il reste dans l’ombre.
Il me faut préciser que le concept de super-héros n’était pas ce qui animait William Wallace Cook lorsqu’il écrivit cette suggestion. Je l’ai extrapolé et je ne pense pas avoir corrompu l’intention de Cook.
Dans la seconde alternative, je renoue avec l’idée fondamentale de Cook qui énonce que face au rouleau compresseur des entités censées nous gouverner (et si possible nous apporter le bonheur), lorsque celles-ci pèsent de tout leur poids pour soutenir ce qui est de manière flagrante une injustice, nous sommes bien mal prémunis pour résister.
Situation : 1313a
Préquelles possibles : 139 – 446b – 601
- A-2, l’ami de A, l’a trahi. A cherche réparation
- * A veut se venger de son ami A-2. Mais il a dû ravaler l’affront qu’il a subi. Ainsi, A va œuvrer sous couvert pour organiser sa vengeance **
Séquelles possibles : 1216 – (1260a si l’on change A-8 par A-2) – 1264 – (1265 si l’on change A-3 par A-2) – 1269 – 1288
Note : Il faut considérer l’intimité de la relation entre A et A-2. Une infidélité, par exemple, est bien plus cruelle que d’être la victime d’une machination orchestrée par des gens qui appartiendrait à un système quelconque. Le danger peut venir aussi bien de l’extérieur comme dans la situation 1312 que de l’intérieur.
Dans la seconde alternative, il peut être intéressant que l’objet de la vengeance ne soit pas connu. A ne sait pas que c’est A-2 qui lui a fait cet affront.
A, ne sachant pas d’où a pu venir l’offense, mettra en place un piège afin d’en découvrir le responsable. Et lorsque nous apprendrons que A-2 est le coupable, ce sera un rebondissement car A-2 a accompagné A depuis le début de l’histoire. Et tout a été fait de sorte que des soupçons ne puissent peser sur lui.
Situation : 1313b
Préquelles possibles : 79 – 557a – 1142a – (1275 si l’on change A-5 par A-3) – 1277b
- A est supposé être mort (c’est le résultat d’une machination montée à son encontre). Pour se venger, il va faire croire à sa présence fantomatique
- * L’esprit de A hante celui qu’il tient responsable de sa mort, A-3
[Nous n’avons aucune certitude quant à la responsabilité de A-3 dans la mort de A] **
Séquelles possibles : (1291a si l’on change A par A-3) – (1334a si l’on change A par A-3) – (1332 si l’on change A par A-3) – (1344 si l’on change A par A-3 et A-2 par A) – (1358 si l’on change A par A-3)
Situation : 1314
Préquelles possibles : 1003
A-3 n’a fait aucun mal à A. Mais A est dans l’obligation de venger un affront qu’a fait A-3 à sa famille il y a longtemps déjà
Séquelles possibles : 1109 – (1309a si l’on change B par A et A par A-3) – 912b
Note : On peut s’interroger sur les motivations qui poussent A à obéir à un devoir de représailles (la fameuse loi du talion) contre un individu qui ne lui a rien fait (et qu’il peut aussi ne pas connaître).
Nous pouvons aussi apporter une gravité assumée à cette suggestion. En 1928 (publication de PLOTTO), William Wallace Cook ne pouvait pas ignorer la montée (encore bien fragile) du parti nazi et la désignation ouverte des juifs (qui représentait en 1928 moins de 1% de la population allemande) comme responsables de la situation économique de l’Allemagne et de sa défaite lors de la Grande Guerre.
L’imagination de Cook lui a t-elle permis d’anticiper les événements ? Peut-être pas. Mais en 1928, il ne pouvait ignorer les modèles totalitaires, stalinisme, fascisme, nazisme dont il a pu deviner le danger. Et peut-être a t-il pu imaginer ce devoir de mémoire pour des événements qui n’avaient pas encore eu lieu.
Situation : 1315
Préquelles possibles : (123 si l’on change F-B par A-3) – 245 – (1109…*)
A cherche à venger l’honneur de sa famille
Séquelles possibles : (1109 *…**) – (840 si l’on transpose A et A-2) – 1222a
Situation : 1316
Préquelles possibles : (1323c si l’on change A par A-3 et A-8 par A) – (1333a si l’on change A par A-3)
A-3 a causé la mort de la famille de A
Séquelles possibles : 433a – 1039 – 1237a – 1277a
Note : William Wallace Cook avait orienté cette suggestion selon l’acte volontaire de A-3 (des persécutions, par exemple) qui aurait entraîné la mort de la famille de A.
Comme j’ai déjà abordé cette orientation dans les suggestions précédentes, j’ai préféré ouvrir davantage l’idée que A-3 pourrait être jugé irresponsable (un malencontreux accident, par exemple).
A-3 pourrait aussi avoir dénoncé pour quelques raisons que ce soit la famille de A. Et dans sa fuite, la famille s’est tuée. A-3 serait donc responsable indirectement de cette tragédie.
Situation : 1317
Préquelles possibles : (313 si l’on change F-B par A-8) – Chronologiquement [171 puis (223 si l’on change F-B par A-8)]
Animé d’un fort ressentiment et d’un esprit vengeur, A cherche à atteindre le puissant A-8
Séquelles possibles : 780 – (1319 si l’on change A-3 par A-8)
Situation : 1318
Préquelles possibles : 79 – (247 si l’on change A par A-3) – 411b – 567
- A est quelqu’un de plutôt effacé et A-3 a pris la mauvaise habitude de l’importuner. A a encaissé tant et si bien que vient le moment où il peut enfin accomplir sa vengeance
[On retrouve un peu ce motif dans Carrie au bal du diable] - * A a eu une enfance difficile. Il était le souffre-douleur de A-3 et n’a jamais osé s’opposer ouvertement à lui. Bien des années plus tard, A cherche à retrouver A-3 sans trop savoir ce qu’il pourrait lui dire lorsqu’il se retrouvera face à lui. Après une longue recherche, on lui apprend que A-3 est mort
[Cette seconde alternative est assez étrange parce que l’esprit de A-3 semble hanter A. D’ailleurs, cette intrigue qui ressemble à un road-movie est une quête vers l’affranchissement d’une mémoire douloureuse. En somme, A doit affronter les fantômes de son passé s’il espère le bonheur] **
Séquelles possibles : 433a
Situation : 1319a
Préquelles possibles : (567…*) – (1269 si l’on change A par A-3 et A-2 par A)
- Pour se venger de A-3, A conçoit un tel stratagème que A-3 et lui-même sont tous deux emportés par la lame de fond
- * A-2, l’ami de A, reprend à son compte le stratagème inventé par A pour se venger de A-3 mais que A ne parvient pas à mettre en œuvre **
Séquelles possibles : 987 – 1344
Situation : 1319b
Préquelles possibles : 887b – Chronologiquement [300 puis 887b]
- A organise sa vengeance contre A-3 autour d’un piège
- * A met en place un piège pour assouvir son désir de vengeance contre A-3 mais c’est son ami A-2 qui en est la victime **
Séquelles possibles : (653 si l’on change A par A-2 et A-5 par A) – (728 si l’on change CH par A-2)
Note : Il faut comprendre que A-3 ne tombera pas dans le piège de A. Exercer une vengeance contre autrui (même vue comme un acte de justice) est globalement un échec. Je ne pense pas que Cook ait la prétention de nous dire de tendre l’autre joue ou de pardonner, mais plutôt de juger en notre âme et conscience, si le choix du pardon peut permettre de nous libérer de ce désir de vengeance qui ne peut être que négatif.
Après tout, nous avons peut-être une part de responsabilité dans la frustration ressentie. Il me semble que c’est ce que met en avant la seconde alternative dans laquelle l’aveuglement de A le mène à blesser son ami A-2.
Situation : 1320
Préquelles possibles : (818a…*) – 1138 – (1310 si l’on change A par A-8)
- A est dans une situation déplorable. Cela n’a pas toujours été le cas. Maintenant, il cherche à comprendre comment il a pu revêtir cette vie miteuse et qui en est le responsable
- * A-8 loue les services de A qui est totalement dans la dèche pour lui servir d’instrument dans une vengeance personnelle que A-8 concocte déjà depuis un moment **
Séquelles possibles : [(818a *…**) si l’on change A-4 par A-8) – (1217c si l’on change A par A-8 et A-5 par A)
Situation : 1321
Préquelles possibles : (812a si l’on change B par SR-A) – (1326 si l’on change B par SR-A)
- A cherche à venger sa sœur SR-A
[Il y a d’abord la relation entre A et sa sœur. Il faut l’établir soit comme fusionnelle, soit comme distante. L’intention de A de réparer les torts causés à sa sœur ne sera pas conçu de manière identique suivant l’un ou l’autre cas. Et puis, cette vengeance sera un formidable obstacle pour A. Dans le premier cas, si A et sa sœur sont inséparables, SR-A pourrait être injustement forcée de s’éloigner. Si cela se produit lorsque A et SR-A sont encore enfants, il est facile de comprendre que A n’aurait pu s’opposer à cette séparation. Devenu adulte, il est dorénavant capable de retrouver sa sœur et de punir ceux qu’il tient pour responsable de leurs souffrances (il assume que SR-A a aussi souffert de cet abandon).
Si la relation entre A et sa sœur est plutôt disloquée, l’hypothèse est, lorsque nous faisons leur connaissance, que cette relation tendue existe déjà. Il faut donc trouver le moyen d’expliquer pourquoi A décide alors de venger sa sœur] - * A cherche à venger sa sœur SR-A mais il a d’énormes difficultés à comprendre qui est responsable du tort causé
[Cette seconde alternative met en doute l’affront ou la blessure prétendus par SR-A. Celle-ci affabule t-elle pour attirer l’attention sur elle et si c’est le cas, pourquoi ? N’est-ce pas une machination destinée à atteindre A au-travers de SR-A ?] **
Séquelles possibles : (737c si l’on change B par SR-A et A par A-8) – (801 si l’on change B par SR-A)
Situation : 1322
Préquelles possibles : 567 – 1228
A cherche à se venger de A-3 et A-3 l’a parfaitement compris. Ce qui lui permet d’avoir toujours un temps d’avance sur A
Séquelles possibles : 1222a – 1237a
Note : Le problème de A est que A-3 sait parfaitement qu’il est à ses trousses. Et A-3 est un ennemi puissant supérieur en tous points à A. Ce qui désigne A-3 comme la force antagoniste de cette intrigue.
Situation : 1323a
Préquelles possibles : 433a – (662 si l’on change A-2 par A-3) – 1323b
- A-3 était un être maléfique qui a vraiment causé du tort à A. A-3 est mort et sa femme B-3 ignorait totalement le caractère maléfique de son défunt mari. Lorsque A la rencontre et qu’il tente de lui expliquer ce que faisait son mari, elle refuse de le croire
- * A cherche à convaincre B-3 du caractère maléfique de son mari A-3 mais l’amour que B-3 portait à A-3 est encore plus fort depuis la mort de son mari. Mais A insiste jusqu’à lui apporter des preuves de la malfaisance de A-3
[Dans l’esprit de Cook, A essaie de se venger des torts que lui a causés A-3 en révélant la vérité sur son compte à B-3. Cherche t-il à sauver B-3 d’une illusion ou ne se rabaisse t-il pas aux mêmes actes que A-3?] ** - ** A décide d’épargner B-3 en ne lui révélant pas la terrible nocivité de son mari A-3. En renonçant ainsi à une étrange vengeance, il gagne une victoire spirituelle ***
Séquelles possibles : Pas de séquelles car la dernière alternative est en forme de dénouement qui pourrait servir aux deux précédentes.
Situation : 1323b
Préquelles possibles : 157 – 260a
- A-3 est jaloux du succès de A
- * A-3, jaloux du succès de A, fait courir sur son compte des rumeurs qui détruisent la réputation de A **
Séquelles possibles : 715c – 829 – 1280
Note : Le succès n’est pas quelque chose de foncièrement dramatique contrairement à l’échec. Tous les personnages principaux doivent connaître l’échec.
L’état de fait dans lequel se trouve A-3 le désigne comme le personnage principal. Alors que nous serons amené à considérer A comme le personnage à suivre, il faudra rapidement faire comprendre au lecteur que le succès apparent de A est dû à sa propension à ne pas tenir compte des autres et même à s’en servir pour mener à bien ses propres projets égoïstes.
Ainsi, A-3 qui se présente à nous comme celui qui cherche à nuire à A que l’on nous a faussement (mais intentionnellement) montré comme le héros de l’histoire, s’avère en fait être le véritable héros et que sa jalousie apparente (un sentiment très négatif) n’est pas réellement de la jalousie mais plutôt un vrai désir de démontrer au monde à quel point le succès de A est funeste et ne doit surtout pas être pris comme un paradigme de réussite.
Dans la seconde alternative, nous avons l’effet inverse. A-3, très mécontent de la réussite de A (sur laquelle le scénario ne doit pas s’appesantir au risque de perdre sa fonction dramatique) accuse injustement A de ses échecs (dont il n’est que le seul responsable mais il ne veut pas l’admettre. Il cherche alors un bouc émissaire).
La stratégie de A-3 fonctionne au-delà de ses espérances et A se retrouve dans les tourments car l’opinion d’autrui à son égard lui est devenue totalement intolérable. Toute l’intrigue consistera pour lui à regagner la confiance des autres, seul dénouement possible s’il souhaite retrouver sa position d’antan.
Or, un personnage principal est toujours profondément changé par ses pérégrinations au cours de l’intrigue. Entre le début et la fin de l’histoire, il n’est plus le même.
Il faut donc mettre à profit la chute pour que A comprenne que son succès ne lui apportait en vérité aucune félicité. Les rencontres qu’il a faites dans le cours de l’intrigue lui ont permis de voir le monde autrement et de s’accorder à ses véritables aspirations.
Situation : 1323c
Préquelles possibles : (1310 si l’on change B par A-8) – 1317
A commet enfin les représailles qu’il avait préméditées contre A-8 mais les résultats dépassent grandement ce qu’il avait envisagé
[Le problème pour A n’est pas de mettre en place la stratégie qui lui permettra d’accomplir sa vengeance mais plutôt de gérer à posteriori les implications et les conséquences de celle-ci]
Séquelles possibles : 797 – 1298 – 817
Situation : 1324a
Préquelles possibles : (1324b…*) – (1299 si l’on change A par A-3) – (1261 si l’on transpose A et A-3)
- A-3, l’ennemi de A, veut la mort de A
- * A parvient à retourner contre A-3 le destin funeste que A-3 lui réservait **
Séquelles possibles : (1324b *…**) – 1250 – 1253 – (1267a si l’on change A par A-3)
Note : Comment peut-on expliquer l’intention de A-3 ? Qu’est-ce qui le motive à vouloir la mort de A ?
Probablement, A a fait quelque chose qui a déplu à A-3. Or, je ne pense pas que A avait prémédité cet acte. Maintenant, A-3 veut se venger et A devra échapper à la vindicte de A-3 (en essayant au préalable de comprendre celle-ci).
Situation : 1324b
Préquelles possibles : 1324a – [(1310 si l’on change A par A-3) et B par A] – [(1313a si l’on change A par A-3) et A-2 par A]
- A voyage en compagnie de A-3. A ne sait pas que A-3 a été mandaté par une puissante organisation [représentée par autant de A-5 que nécessaire] pour qu’il assassine A
- * A-3 a été commandité pour assassiner A. Par un jeu de circonstances, A découvre les intentions de A-3. Il parvient à se débarrasser de A-3 et fait en sorte que le corps de A-3 soit identifié comme celui de A
[Par exemple, A-3 serait retrouvé sans papier d’identité mais A l’a judicieusement installé sur le siège qui lui était réservé si l’on reprend la situation précédente dans laquelle A et A-3 voyagent ensemble] **
Séquelles possibles : (1262 si l’on change A par A-8) – (1313b si l’on change A-3 par A-8)
Note : La situation de départ est déjà porteuse d’une tension dramatique. Le lecteur est immédiatement placé en ironie dramatique parce qu’il sait les intentions de A-3 et des A-5 à l’égard de A sans toutefois comprendre encore les raisons qui ont décidé de la mort programmée de A.
Conformément à la proposition B, A échappera de justesse au piège qui lui est tendu et après s’être débarrassé de A-3, il va prendre tous les risques pour affronter en face à face l’entité qui lui veut du mal.
Il sera bon d’ajouter un enjeu dramatique à la décision de A d’attaquer de front l’antagoniste parce que c’est cet enjeu qui déterminera un courage que A ne pourrait pas posséder et il lui faudra dépasser cet obstacle.
Situation : 1325
Préquelles possibles : 98 – 605 – 1422b
B qui souffre de violences conjugales des mains de A et qui sait que A est un être très superstitieux parvient à monter une manœuvre pour convoquer les peurs les plus profondes de A
Séquelles possibles : 1268 – 1445
Note : On retrouve encore cette tendance fâcheuse de William Wallace Cook à lier la femme au démon. Bien sûr, la suggestion proposée n’est qu’une mise en scène de B pour que cesse les violences à son égard. Néanmoins, je pense que l’on peut garder cette idée d’une victime qui va chercher elle-même sa propre justice.
Situation : 1326
Préquelles possibles : 162b – (225 si l’on change A par A-8)
A, l’ami de B, décide de l’aider à se venger d’un grave préjudice fait à B
Séquelles possibles : 188b – Chronologiquement [294a puis 294b]
Note : Pour rendre mâture cette suggestion, je pense qu’il est nécessaire de modifier la relation entre A et B. A ne serait pas l’ami de B. Il ne la connaît pas en fait au début de l’histoire.
B serait une victime et A, l’enquêteur chargé de son affaire. Au début de leur relation, le comportement de A serait celui qu’on attend entre un policier et une victime. Mais sans qu’il en prenne véritablement conscience, A va vouloir creuser davantage la vie de B. Il va se rapprocher d’elle et la décision de l’aider à se venger naîtra petit à petit dans l’esprit de A opposant A à sa hiérarchie.
Situation : 1327
Préquelles possibles : (1324b …*) – 1323b
- En représailles de son engagement [politique, social ou autre], on cherche à assassiner A
- * A parvient à échapper aux représailles **
Séquelles possibles : (1324b * …**) – 1329
Note : L’assassinat en question n’a pas à être nécessairement physique. Si A est un homme politique, par exemple, il peut avoir été entraîné dans un scandale qui ruinera sa réputation. C’est une sorte de mort publique dont les exemples historiques ne manquent pas.
Je voudrais même aller plus loin. Lorsqu’on regarde un peu son quotidien (et ce n’est certes pas facile), on peut constater que de multiples petites représailles ont lieu dans nos vies. Par exemple : la banque qui vous impacte des frais alors qu’on n’a plus les moyens de s’acheter ne serait-ce qu’un pain ; le harcèlement dans tous les domaines, à l’école, au travail et les administrations aveugles sur la réalité quotidienne de nombreuses personnes.
Un auteur de fictions peut vouloir écrire autre chose que de dénoncer des faits mais ses histoires seront tellement plus belles s’il ose prendre des risques (et ceux-ci n’ont jamais arrêté le discours de Jean-Pierre Mocky par exemple ou de Claude Berry).
La seconde alternative ne laisse aucun doute sur le dénouement heureux pour A (bien que les coupables pourraient ne pas être châtiés). La première suggestion ouvre davantage la possibilité d’une fin tragique pour A.
Situation : 1328
Préquelles possibles : 98 – 246a
B s’est fait un devoir d’accomplir sa vengeance. Mais elle rencontrera la mort
Séquelles possibles : 746 – 802b – 893
Situation : 1329
Préquelles possibles : 777 – 942 – 1327
- A est poursuivi par un groupe d’individus (représenté par A-3) qui cherche à intenter à sa vie
[Évidemment, ce n’est pas gratuit. A est en fuite pour échapper aux conséquences de ce qu’il a commis] - * A se fait passer pour un voyou pour échapper aux tueurs (représentés par A-3) qui en veulent à sa vie **
Séquelles possibles : 1225 – 1275 – 1324a
Lors du prochain article, nous aborderons un nouveau sous-groupe : le mystère en commençant avec les situations conflictuelles 1330 à 1347.