Un exercice dramatique consiste à posséder un héros mais pas seulement. Si le héros n’a pas de but dans cette histoire, il n’y aura pas drame.
Une fiction dramatique est donc un héros qui poursuit un but. C’est ce personnage animé d’une intention ferme qui pousse l’histoire en avant.
On le nomme protagoniste ou personnage principal selon les théories. La théorie narrative Dramatica distingue le protagoniste (qu’elle considère comme une fonction de l’histoire) du personnage principal qui présente une vue subjective de celle-ci (comme si elle nous était contée à travers ses yeux).
Lorsque le protagoniste est confondu avec le personnage principal (dans la plupart des cas mais certaines histoires exigent qu’ils soient incarnées différemment), Dramatica le nomme héros.
Un héros peut être n’importe quel personnage arborant n’importe quelle personnalité. Le terme héros ne le désigne pas particulièrement comme chevauchant un destrier blanc. Il peut être gentil tout comme méchant.
Une destinée faite de hauts et de bas
Un héros est ce personnage que nous observons à travers ses tribulations et ses moments de triomphe. C’est d’ailleurs bien plus qu’une simple observation car le personnage principal d’une histoire est celui vers lequel l’empathie du lecteur se dirige naturellement.
Si vous échouez à créer ce lien empathique, votre scénario en prendra pour son grade. Nous suivons donc ce héros tout au long de son itinéraire au cours de l’histoire. C’est quelqu’un qui ne subit pas. La héros est proactif.
On voit souvent aussi que sa mission est de stopper une mauvaise action comme s’il était celui par qui la paix revient (et parfois, il trouve aussi une rédemption dans cet acte de salut).
Si l’histoire l’exige, le héros de celle-ci peut être le méchant. C’est le cas du méprisable Richard 3 de la pièce homonyme de Shakespeare. Il n’est absolument pas nécessaire que le protagoniste soit un être moral pour être un héros.
Celui par qui tout arrive
Ce qui compte chez ce personnage est qu’il est celui qui fait les choses les plus cruciales, les plus visuelles et bien-sûr les plus intéressantes.
Habituellement, il apparaît dans presque toutes les scènes. Même dans les séries télévisées, il intervient dans pratiquement tous les épisodes bien que parfois certains épisodes peuvent s’en passer pour se consacrer à d’autres personnages qui auront leur importance au moment du dénouement.
Le lecteur suit avec intérêt les actions et le parcours du protagoniste. Il est certainement celui qui fera la différence pour résoudre les situations. Cela ne télégraphe pas pour autant le dénouement. L’auteur pourrait en effet décider d’un échec pour son personnage principal.
Souvent cet échec matériel (l’objectif n’est pas atteint) s’accompagne souvent d’un triomphe personnel. Le personnage s’est révélé à lui-même. Il ne vit plus désormais dans le mensonge.
Parce que tout arrive par lui, il est logique qu’il doit posséder un but, un objectif matériel quelles que soient les motivations qui le poussent à agir. Cet objectif est la raison d’être de l’histoire.
Les yeux de l’auteur
Comme le héros est le personnage par lequel l’histoire sera vue, un auteur masculin aura tendance à inventer un héros mâle. Et une auteure préférera une héroïne. Mais le point de vue de l’auteur n’est pas le héros. Dans Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Atticus Finch est clairement le protagoniste.
Mais le point de vue (personnage principal) est celui de sa fille Scout. Ce que la théorie narrative Dramatica explique parfaitement. Dans Gatsby le magnifique, le narrateur Nick Carraway est le personnage principal puisqu’il conte l’histoire et nous la percevons selon son point de vue. Et Gatsby est le protagoniste. Car il a un but : conquérir Daisy.
Si Gatsby n’avait pas cet objectif, il n’y aurait pas d’intrigue.
Il faut bien s’assurer que le héros est celui par qui la situation peut trouver une issue. Il est celui dont le parcours décide du résultat à la fin de l’histoire (le voyage est un terme que l’on rencontre aussi très souvent dans les théories).
Gardez bien en tête qu’il y a un point de départ (classiquement le quotidien du héros, sorte de statut quo de sa vie) et un point d’arrivée. Le héros se rend nécessairement quelque part. Et lorsqu’il atteint le point d’arrivée, il est tout transformé.
Sans cette transformation, il ne sera pas un héros. Gardez aussi en tête que la marque héroïque est le sacrifice. Le héros doit connaître une forme quelconque de sacrifice au cours de son voyage.
Un objectif inébranlable
Le héros est prêt à tout pour réussir la mission qu’il s’est fixé. Habituellement, dans la seconde partie de l’acte Deux, après le point médian de l’histoire (qui peut s’étendre sur plusieurs pages), le héros connaît une grave crise.
En effet, alors qu’au début de l’intrigue, il a pu avoir quelques succès face à l’adversité. les difficultés s’en sont allés en s’amplifiant. Jusqu’à un point tel que ce personnage principal n’y croit plus.
C’est ce que Blake Snyder nomme le All is Lost. Tout semble en effet perdu. Mais le héros est un personnage qui ne manque pas de ressources. Et cette crise majeure va lui permettre de se ressourcer justement. Évitez le deus ex machina. La Providence n’a pas à aider le héros à se sortir d’une situation apparemment inextricable.
Il sera seul face à l’adversité. Qu’il remporte ou non la victoire est de la responsabilité de l’auteur.
Pourquoi votre protagoniste doit-il agir et ne pas subir ? parce que quelqu’un qui ne veut rien ne fait rien. Si on aime son travail, s’y rendre participe à un accomplissement de soi. C’est un objectif.
Par contre, travailler pour gagner son pain n’est pas un véritable objectif parce que cette routine de vie est un statut quo qui contient déjà en lui notre perte annoncée.
Un scénario décrit une succession d’événements. Cette progression des choses se justifie parce que le héros doit accomplir un objectif. Un personnage passif qui veut peut-être quelque chose (comme l’exemple du gagne-pain) mais qui ne fait aucun effort pour se dépasser ou qui ne peut se décider sur une stratégie est bien plus difficile à écrire.
Si quelqu’un doit hésiter, c’est le lecteur. C’est un peu comme dans le fantastique, le lecteur hésite entre une explication rationnelle d’un événement et pas d’explication du tout et il qualifie alors le phénomène de surnaturel.
Dans une histoire quel que soit son genre, l’auteur peut amener le lecteur à douter de la véracité des événements qui lui sont contés. Mais la plupart du temps, il ne souhaitera pas cette hésitation car il veut prendre à contre-pied son lecteur. Si votre héros cherche le coupable de plusieurs meurtres, lorsqu’il le découvrira, il devra être aussi surpris que le lecteur.
Pour faciliter cette surprise, le personnage en question aura souvent été décrit comme fragile, vulnérable. Il lui sera même appliqué un traitement de victimisation.
Retenez donc que votre héros ne devra surtout pas être passif.
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