COMÉDIE & THRILLER COMBINÉS (13)

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Si l’on admet que rien n’est risible ni triste en soi et que ce n’est qu’une question de perspective, on peut observer que le rire dépend de la perception par le lecteur qu’aucun personnage ne peut être véritablement blessé ou tué dans le cours de l’intrigue.

Notre souci dans notre tentative de lier la comédie au thriller, c’est que pour mettre en place des moments de suspense, il est nécessaire que le lecteur soit convaincu qu’une menace lourde pèse sur le protagoniste.
Pour que cela soit possible, le monde fictif se doit de revêtir un habit de réalisme (les coups de fouet de la vie et la mort sont palpables).

La comédie quant à elle requiert un environnement qui permette aux personnages de rester sain et sauf quelques soient les situations, si périlleuses soient-elles.
Il apparaît alors logique que les moments de l’histoire oscillent entre ces deux perceptions. Précédemment, nous avons déterminé que les moments majeurs de l’histoire devaient être tout imprégnés d’un réalisme crédible afin de générer le suspense.

Ainsi, ces scènes ne seront pas un environnement propice à la comédie. Et elles doivent en être protégées.

Quelles scènes pour la comédie ?

Potentiellement, il existe un certain nombre de scènes où le suspense n’a besoin d’être. Par exemple, la relation qui se développe entre celle qui est d’abord l’alliée de l’antagoniste puis qui deviendra la petite amie de notre héros peut être traitée sous l’angle de la comédie. D’autant plus si nous ajoutons dans la personnalité de notre personnage principal un brin de naïveté.

Ensuite, notre héros suit un arc dramatique. Face au dilemme qui se présente à lui (choisir entre l’argent du méchant ou le dénoncer publiquement), un certain nombre d’étapes psychologiques vont être nécessaires. Ce sont des moments d’illumination où le héros prend conscience de ses responsabilités.
Lorsqu’il rencontre des obstacles, il peut apprendre certaines choses sur lui-même. Cependant, toutes les épreuves ne sont pas nécessairement à recouvrir de suspense. Une note comique pourrait alors être ajoutée lors de quelques moments de ses pérégrinations.

De même, après la séquence d’ouverture qui démontre la menace terrible que fait peser l’antagoniste sur la planète, l’introduction de notre personnage principal (chargé de la maintenance des machines appartenant au méchant) peut être vue sous un angle amusant.
Nous avons vu aussi que notre héros a un ami écoterroriste. Nous pouvons le considérer comme un mentor pour le personnage principal et la relation entre eux (importante pour l’histoire) peut être assez amusante. Cela réduit d’ailleurs la portée des actions somme toute répréhensibles comme l’attaque du laboratoire de OGM.

Cette attaque dépourvue de suspense nous permet d’utiliser quelques conventions de la comédie comme celles que nous avons abordées dans les articles précédents. Ce qui compte, c’est que ces scènes sont situées dans un environnement de sûreté pour les personnages. Aucun d’entre eux n’est véritablement en danger.

L’antagoniste n’est pas risible

Pour que le problème du héros soit crédible et réaliste, l’antagoniste ne doit pas être utilisé pour la comédie. Parce qu’indirectement, la perception de réalisme liée à la situation du héros sera réduite et partant, la tension dramatique et le suspense.

Et alors que pendant toute la première moitié du second acte et jusqu’au point médian, notre personnage principal tentera de survivre à la fois aux forces de l’ordre qui le recherche pour l’affaire du laboratoire et aux hommes de main du méchant, l’histoire peut passer une vingtaine de pages après le point médian dans un environnement plus propice à la comédie car cette espace de la seconde partie de l’acte Deux ne contient pas de points de structure.

Après le point médian (que nous considérons pour ce projet comme la crise la plus grave que connaît le héros dans cette histoire), notre personnage principal a une prise de conscience soudaine et lumineuse telle une épiphanie de sa nature profonde.
Cette révélation comme une nouvelle naissance, comme une véritable nature qui déchire une persona pour se manifester sous l’éclat lumineux si ce n’est d’une vérité du moins de sa propre vérité, va permettre au héros de renverser le cours malheureux des choses.

Et nous pourrions alors envisager une séquence où il devra emprunter une identité qui ne lui appartient pas pour préparer le climax (en fait pour mettre le plan qu’il a dorénavant en tête pour vaincre l’antagoniste).
Ce peut être une opportunité pour la création d’un environnement propice au rire sans risque de subvertir le réalisme et le danger du climax (puisque nous devons bien sûr reprendre le cours du thriller avant le dénouement).

Voilà ce qui conclue notre série d’articles. Mon intention n’était pas ici d’écrire le scénario mais de livrer mes réflexions préalables à l’écriture d’un scénario qui mêlerait à la fois la comédie et le thriller.
Et malgré l’apparente incompatibilité de ces deux genres, il est manifeste que cela est possible.


 

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