Vous devez établir un lien avec votre lecteur, vous emparer de ses émotions et de parvenir en fin de compte à créer des histoires qui résonneront bien plus profondément qu’un simple divertissement. Pour cela, vous devrez travailler les arcs dramatiques de vos personnages.
Mais attention au piège de la facilité. On trouve souvent en résumé que l’arc dramatique d’un personnage se résume en 3 étapes :
1) Le protagoniste commence d’une certaine façon
2) Au cours de l’histoire, il apprend certaines leçons
3) Il termine l’histoire en étant probablement meilleur.
Beaucoup trop réducteur. Voyons comment à travers quelques exemples l’avant et l’après de protagonistes célèbres ;
Acte Un : Emma est résolument célibataire, convaincue de ses dons de marieuse et interfère dans la vie de ses amies.
A la fin de l’histoire : Amoureuse, brisée devant l’échec de ses entremises et pleine de remords d’avoir blessé ses amies.
Acte Un : Rick Blaine est amer et cynique depuis une histoire d’amour malheureuse, résolu à ne pas s’impliquer dans les problèmes des autres et alcoolique.
A la fin de l’histoire : Rick a appris à pardonner, accepte de laisser partir son ancien amour, combat pour une plus grande cause.
LE LIEN ENTRE L’ARC DRAMATIQUE DES PERSONNAGES ET LA STRUCTURE
Si vous tentez de séparer l’arc dramatique des personnages et la structure de votre script, vous finirez par les opposer l’un à l’autre essayant de comprendre lequel est le plus important.
Structure et Arc dramatique sont intimement liés. Les considérer comme des entités indépendantes vous conduira à avoir deux parties certainement fort intéressantes mais vous échouerez à obtenir une histoire intéressante et complète (l’histoire doit être considéré comme un Tout).
Robert McKee écrit dans Story :
We cannot ask which is more important, structure or character, because structure is character; character is structure. They’re the same thing, and therefore one cannot be more important than the other.
Nous ne pouvons pas demander lequel est le plus important, structure ou personnage, parce que structure est personnage ; personnage est structure. Ils sont la même chose et par conséquent l’un ne peut pas être plus important que l’autre.
Les points majeurs de l’intrigue tournent autour des actions et des réactions du personnage principal.
Michael Hauge écrit dans Writing Screenplays That Sell :
The three acts of the [story] correspond to the three stages of the hero’s outer motivation. Each change in the hero’s motivation signals the arrival of the next act.
Les trois actes de l’histoire correspondent aux trois étapes des Outer Motivations du héros. Chaque changement dans les motivations du héros prévient de l’arrivée de l’acte suivant.
Vous noterez que Michael Hauge a mis au singulier motivation parce qu’en effet, lorsque vous décrivez votre héros, il sera très souvent mis en exergue la motivation principale qui le fait avancer et qui à son tour fait avancer l’intrigue.
Un protagoniste fait donc avancer l’intrigue et l’intrigue façonne l’arc dramatique du protagoniste en retour. L’un ne peut fonctionner sans l’autre.
LE LIEN ENTRE LES ARCS DRAMATIQUES DES PERSONNAGES ET LE THEME
Non seulement les arcs dramatiques influencent directement la structure de l’histoire mais ils influencent aussi directement le thème. Selon Michael Hauge, les arcs dramatiques seraient égaux au thème.
En fait, on pourrait même statuer que l’intrigue, les arcs dramatiques et le thème fonctionnent en symbiose.
Cela complique le travail d’écriture puisqu’il y a plusieurs lignes dramatiques à s’occuper simultanément mais malgré tout, le processus est simplifié car la cohérence de l’ensemble est assurée une fois compris comment l’intrigue, les arcs et le thème vont se fondre dans le tout, dans votre histoire.
LES TROIS ARCS ELEMENTAIRES
Les arcs dramatiques des personnages sont infinis. Cependant, il est possible de les distinguer selon trois types :
THE CHANGE ARC
C’est le plus populaire des arcs dramatiques et probablement celui qui a le plus de résonance chez le lecteur. Le protagoniste commence l’histoire avec un certain nombre de frustrations plus ou moins refoulées et de dénis divers.
Au cours de l’histoire, il vivra des challenges, des défis, des combats qui feront vaciller ses croyances, ses convictions sur lui-même et le monde.
Les prises de conscience lui permettront d’ici la fin de l’histoire de venir à bout de ses démons intérieurs (dont l’apothéose se situera probablement dans l’ultime combat contre son antagoniste).
Son arc se clôt alors sur une note positive. Il est transformé, son âme est transfigurée.
Gardez à l’esprit cependant que cette note positive n’est pas obligatoirement un Happy End. Dans le cas d’une rédemption, par exemple, l’arc pourrait se conclure par la mort du héros.
Mais ce sacrifice expiatoire est généralement une réponse positive même s’il semble que le héros n’ait pas atteint son objectif (ou peut-être que cet objectif ne pouvait mener qu’à sa mort).
THE FLAT ARC
Des personnages tels que James Bond (du moins la majeure partie des scripts le concernant) ou d’autres héros du même acabit possèdent déjà toutes les qualités. Ils sont parfaits en soi. Ils ne requièrent aucune évolution personnelle, aucune prise de conscience pour vaincre leur antagoniste.
Comme ces personnages n’ont que peu ou pas de changement dans leur personnalité au cours de l’histoire, on considère que leurs arcs dramatiques sont plats (Flat Arc). Cet arc continue de décrire leurs actions qui émaillent l’intrigue mais leur voyage intérieur (Inner Journey) est désespérément plat.
Cependant et afin de ne pas provoquer un ennui certain chez le lecteur, il arrive assez souvent que les personnages qui n’ont pas besoin d’évoluer intimement interviennent dans l’évolution de personnages secondaires.
Ainsi les personnages secondaires voient leur fonction dans l’histoire beaucoup plus développée, plus étoffée ce qui est un challenge intéressant pour un auteur.
THE NEGATIVE ARC
Un arc négatif est simplement un Change Arc inversé. Au lieu de suivre une évolution positive de son tempérament, le personnage avec un arc négatif (Negative Arc) finira l’histoire dans un état bien pire que celui dans lequel il l’a commencée.
Un arc négatif est certainement l’un des arcs qui présente le plus de challenge pour un auteur.