La survie comme motivation et support de l’intrigue fonctionne plutôt bien lorsqu’il s’agit de raconter une histoire.
D’abord parce qu’une intrigue basée sur la survie contient les éléments dramatiques majeurs d’une fiction.
De la tension lorsque la question de la survie des personnages entrent en jeu, un contexte qui menace constamment le héros et des conflits qui montent naturellement en pression dans les relations des personnages.
Quels conflits ? Comment survivre d’abord. Puis qui doit survivre ensuite.
La survie se pose d’elle-même dans un environnement étranger, c’est-à-dire que le personnage principal ne connaît pas ce monde dans lequel l’auteur l’a jeté.
Sa survie dépend donc seulement de sa capacité à résister aux forces qui résident en ce monde. Et qui vont bien entendu s’opposer à lui.
Les clefs de l’histoire
Il s’agit de savoir comment les personnages vont gérer les situations dans lesquelles ils se trouvent. Sachant aussi qu’ils ne sont pas déterminés à réussir. Ce n’est pas inscrit dans leurs gênes. Le dénouement n’est nullement prévisible.
Une intrigue fondée sur la survie permet nombre de possibilités que l’on peut découvrir presque malgré soi en employant la technique de brainstorming Et si… ?
Et si… le héros tombait amoureux d’un autre personnage et que cet amour naissant diminuait leur volonté de survivre ?
Et si.. la survie du groupe dépendait d’un seul personnage et que celui-ci refuse d’apporter son aide ?
Une intrigue sur la survie permet aussi d’explorer les failles des personnages, d’aller fouiller dans leurs tréfonds pour y découvrir des faiblesses cachées. Le désespoir permet souvent d’appuyer là où cela fait mal car il rend vulnérable.
La question de la survie intervient dans de nombreux contextes. Une catastrophe semble apparaître comme un environnement relativement facile à traiter. Mais la catastrophe n’est pas l’élément dramatique qui sera mis en avant. C’est bien la question de la survie après le tragique événement.
C’est le motif de L’aventure du Poséidon. Classé dans le genre de la catastrophe, son histoire est pourtant celle de la survie d’un groupe.
L’idée est donc de décrire le contexte dans lequel les personnages se trouvent car il est le véritable antagonisme de l’histoire.
Ce sont cependant les relations entre les individus dans ce contexte singulier qui seront les plus passionnantes et les plus satisfaisantes pour le lecteur.
La survie est l’espoir
Alors que la catastrophe décrite présuppose la mort et la destruction, les thèmes que porte une intrigue sur la survie sont la vie et la reconstruction de soi.
Et cette dernière est tout aussi symbolique que l’espoir et se concrétise lorsque les personnages survivants du groupe sont secourus.
Et alors qu’un tremblement de terre par exemple concerne une grande majorité de personnes, l’histoire peut se concentrer sur un seul personnage. Ce serait même préférable pour permettre à la question dramatique centrale : le héros survivra t-il ? de prendre du sens.
L’intrigue peut se résumer ainsi à la seule épreuve du héros concernant son combat singulier contre une force qui le dépasse.
La survie s’accompagne très souvent d’une probabilité de secours. Cependant rien ne permet d’affirmer que le secours sera possible. L’idée du secours (qui sous-tend celle plus abstraite de salut) imprègne l’intrigue parce qu’elle aide à forger la motivation des personnages à persévérer. Mais parfois, l’attente est vaine.
Cette idée aide à donner de la substance à l’espoir qui devrait être le concept ou le thème sur lequel l’auteur peut se concentrer. Robinson Crusoé ne perd jamais l’espoir d’être secouru, par exemple. Mais il devra apprendre par lui-même comment survivre dans cette désolation sociale.
Et c’est cela qui importe. Parce qu’il y a beaucoup plus de fascination à observer comment un personnage survivra. Le lecteur peut facilement s’identifier aux tribulations du héros.
La survie est l’isolement
Les lieux qui connotent un désert social sont les plus à mêmes de servir d’arrière-plan à une intrigue sur la survie. Parce qu’ils offrent un cadre idéal pour le classique thème du combat de l’homme contre la nature.
Si du moins on peut penser un tel combat. Quoiqu’il en soit, c’est comme si l’un tentait de transformer l’autre.
Dans un tel environnement, la tension dramatique et les conflits sont palpables dès le début de l’histoire. Dans d’autres intrigues telles que la trahison ou la rivalité entre deux personnages, l’auteur doit construire progressivement la trahison qui est alors un résultat.
Et la rivalité ne peut être posée dès l’acte Un au risque de confondre le lecteur. Il faut lui expliquer les tenants et aboutissants de cette confrontation rivale.
Ce n’est pas le cas avec la survie. Lorsque l’homme doit se battre contre la nature, c’est une évidence. Certaines intrigues ajoutent à cette toile de fond inaugurale un autre combat qui enrichit l’histoire. C’est celui de l’homme contre l’homme.
Comme dans Sa majesté des mouches où les enfants commencent par survivre et tentent ensuite d’établir des règles en reproduisant les schémas sociaux qui leur ont été inculqués.
Mais ce n’est qu’une question de semaines pour que la communauté se sépare en deux groupes et que ce qu’il semblait être un embryon de société retourne à une organisation davantage tribale pleine d’oppositions.
La survie dans un milieu inhospitalier parce qu’inconnu est un processus continuel d’apprentissage qui force à examiner ce que nous sommes vraiment et à nous adapter. Ce processus n’est pas identique pour tout un chacun. Il dépend du personnage qui l’entreprend.
Et la survie peut être moins difficile selon le point de vue du personnage.
Le bon contre le méchant
C’est une autre forme de survie que propose la chasse à l’homme. La poursuite est une forme d’intrigue à elle seule mais l’auteur peut choisir de s’en servir de contexte et exposer ce qui lui tient à cœur, c’est-à-dire la question de la survie de celui qui est pourchassé.
Mais ce qui est important n’est pas tant qu’il réussisse à survivre. Le questionnement est pourquoi il doit survivre. Prenons l’exemple d’un fléau qui n’a laissé que quelques survivants.
Le groupe qui s’est réfugié dans un hôpital est hétéroclite. Maintenant, le problème du ravitaillement ajoute à la difficulté. Un vaccin est cependant disponible mais en nombre insuffisant. Est-ce qu’un choix doit être fait ? Le dilemme présupposé est néanmoins en-deçà de la valeur dramatique de la fiction.
Car parmi le groupe, il y a quelques méchants qui vont s’accaparer les vaccins. Cet égoïsme qui les exclut volontairement du groupe leur sera cependant fatal parce que le vaccin n’a pas été testé. Les méchants mourront après avoir menacé la vie des autres membres.
Ainsi la tension dramatique est maintenue. Les bons survivront parce qu’ils ont été les seuls à montrer de la compassion mais aussi que, par rapport aux méchants, ils étaient les plus faibles parce que non armés.
La question dramatique s’étend au-delà de la simple interrogation du qui doit survivre pour atteindre une dimension morale. Le pourquoi doit-il survivre est alors répondu parce qu’ils représentaient le bien.
Des gens ordinaires
Il est important de noter que les personnages qui sont placés dans des situations extrêmes ne sont pas habitués à de telles circonstances. Ils ne sont pas survivalistes. Ce sont des gens qui ont été arrachés à leur quotidien, à une zone qu’il considérait comme de confort même si quelques traumas existaient avant la catastrophe. Mais cela relève de l’arc dramatique que l’auteur souhaite pour ses personnages.
Le problème auquel ils vont être confrontés leur permettra sans doute d’aller à la rencontre de leur vraie nature. Certains ne résisteront pas, d’autres se découvriront des réserves de courage. Ainsi l’auteur peut travailler la personnalité de ses personnages et asseoir son message avec plus de vivacité et d’authenticité.
La survie semble être d’abord de l’action. Mais cette dernière n’est pas vide de sens. Elle a une signification parce qu’elle se rapporte à un état d’esprit. Quelles que soient les situations des personnages, soit ils résistent à l’environnement apparemment hostiles qui les engluent dans une réalité nouvelle et terrifiante soit ils échouent.
Ce qui donne à l’auteur une grande latitude pour trouver toutes sortes de situations pour illustrer son intrigue.
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