UN LIEN ENTRE LECTEUR ET PERSONNAGE PRINCIPAL

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Lajos Egri  a suggéré que si vous vous connaissez suffisamment vous-même, profondément et intimement, un auteur sera capable d’inventer des personnages intéressants et complexes qui perdureront longtemps dans l’esprit du lecteur.

Cette introspection, cette rencontre de soi est la clef de la création d’êtres de fiction qui seront bien plus que des ombres posées là sur la page.
Le maître mot au cours de l’élaboration d’un personnage est émotion. Nous avons tous éprouvé, plus ou moins, la palette entière des émotions dont un être humain est capable. Même si l’expérience décrite dans la fiction n’a pas été réellement vécue par le lecteur, il se crée cependant en lui comme une résonance d’où émergeront quelques souvenirs.

Et cette réminiscence nous apparaîtra d’abord selon un point de vue émotionnel et non pas comme une description froide des événements.
En suscitant des émotions chez le lecteur par personnage interposé, un auteur peut créer une infinie variété de personnages sans que ceux-ci soient des stéréotypes.
Il peut ainsi se servir de figures archétypales (qui possèdent une utilité dans l’histoire) en leur donnant un tour émotionnel qui les différencieront et interpelleront le lecteur.

Une intrigue, ce sont d’abord des personnages

Une intrigue ne fonctionne pas sans personnage. Plus les personnages sont forts et meilleure sera l’intrigue. Plus concrètement, des personnages bien fouillés maintiendront le lecteur dans l’intrigue.
Ils sont ce qui permet le lien entre le lecteur et l’histoire. Autrement dit, le lecteur accroche à l’histoire et continue à tourner les pages parce qu’il veut savoir ce qu’il va arriver à au moins un personnage.

Pour créer un lien émotionnel entre le lecteur et un personnage (généralement celui qu’on nomme le héros de l’histoire bien que le méchant soit tout autant fascinant), il existe au moins trois dynamiques qui peuvent être mises en place :

  • Une identification entre le lecteur et un personnage par le biais de l’empathie.
  • A défaut d’empathie, l’auteur peut rechercher de la sympathie envers l’un de ses personnages.
  • Montrer les conflits internes du personnage crée une intimité avec celui-ci qui excite notre curiosité quant à son devenir dans l’histoire.
L’identification

En quoi consiste s’identifier avec un personnage ? C’est se projeter dans ce personnage en croyant reconnaître chez lui des émotions et non pas des situations que nous avons vécues.

Comme le personnage principal donne accès à l’intrigue, plus le lecteur peut s’identifier avec lui, plus il ressentira l’intensité de l’intrigue. L’empathie est un moyen pour partager le ressenti du personnage dans les situations dans lesquelles il est projeté.

Ainsi, pour qu’il y ait identification, le lecteur n’a pas à vivre de telles situations. Il faut simplement que le personnage principal apparaisse comme un être humain, c’est-à-dire qu’il essaie de donner un sens à son existence, qu’il éprouve des peurs et qu’il ne soit pas parfait.
Et pour toucher du doigt la nature humaine, l’auteur peut se référer à lui-même.

La question à se poser est de se demander comment votre personnage peut penser et agir comme le ferait une personne de la vie réelle. En déterminant les qualités ou attributs qui rendent la personnalité d’un personnage similaire à celle d’un être humain réel, le lecteur commencera à se soucier de ce personnage, simplement par reconnaissance de traits de personnalité qui font de cet être de fiction paradoxalement un semblable du lecteur (même dans l’animation et l’anthropomorphisme).
Ce qui le rend plus accessible comme Indiana Jones qui s’est retrouvé affublé d’une peur des serpents. Cela le rend immédiatement plus humain.

La sympathie

La sympathie fonctionne différemment de l’empathie. Alors qu’il est difficile d’avoir de l’empathie envers le méchant de l’histoire, il est possible cependant de le trouver sympathique.
Par exemple, on montrant sa passion pour les chats ou bien de le faire tomber amoureux.

Quel que soit le personnage, si le lien empathique est difficile à mettre en place (parce que, par exemple, votre héros possède des qualités négatives dans sa personnalité), vous pouvez néanmoins le rendre sympathique.
Un moyen est de le mettre en présence d’un danger immédiat. Prenons une fillette d’une dizaine d’années qui n’est pas du tout contente que ses parents aient décidé d’une promenade en forêt.

Elle rechigne à chacun de ses pas, ralentissant le petit groupe. Puis un manque d’attention soudain et ses parents s’éloignent. La fillette est perdue et aussitôt se crée chez le lecteur une certaine sympathie envers sa situation.

Et cette sympathie ne s’assoit pas forcément sur du physique. Un père haï par son fils peut être proche d’une détresse émotionnelle. C’est la situation qui crée la sympathie.

C’est encore la difficulté d’une situation extérieure au personnage mais dont il ne se plaint pas mais cependant cherche à en sortir qui peut susciter de la sympathie envers ce personnage. Nous éprouvons naturellement une certaine admiration pour ceux qui n’accepte pas leur situation, qui se révolte en quelque sorte.
Peut-être un courage que nous leur envions.

L’opprimé aussi génère de la sympathie. Cette figure apparaît sous différentes formes dans la littérature. Ce n’est pas seulement une relation de maître et d’esclave.
Un individu qui se bat contre le système rappelle le motif de David et Goliath, et celui-ci peut être utilisé pour décrire le combat de Rocky Balboa contre le champion du monde. Ce type de relation génère immanquablement de la sympathie.

La vulnérabilité est aussi un bon moyen d’attirer la sympathie sur un personnage. Une femme soumise pendant des années à son mari peut trouver le courage de s’enfuir malgré sa méconnaissance et sa peur du monde.
Cette fragilité si elle ne mène pas à l’empathie car il est difficile somme toute de partager un assujettissement ou une domination peut aider à éprouver une sympathie envers ce personnage.

Le conflit interne

Les personnages qui sont absolument sûrs de ce qu’ils font, qui vont de l’avant sans peur, ni angoisse ne sont pas très intéressants à suivre le temps d’une histoire. Les êtres de fiction tout comme dans la vie réelle ont des doutes.

Ce sont ces doutes qui affleurent au cours de l’intrigue qui vont happer le lecteur et l’immerger encore plus profondément dans l’histoire. Les doutes se manifestent selon James N. Frey par la bataille que se livrent la raison et la passion au sein d’un personnage ou bien celle de deux passions conflictuelles ou contradictoires.

La peur aussi intervient lorsqu’elle paralyse l’action du personnage. Et le voir se battre ainsi pour surmonter ses propres doutes est assez passionnant à observer.

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