Il y a l’idée. Et il y a le scénario. Entre les deux, il y a une décision majeure, primordiale, vitale… Se décider à écrire son scénario.
Maintenant, un auteur peut commencer à concrétiser son projet d’écriture à n’importe quel moment de l’histoire. Certains auteurs ont même commencé par écrire la fin.
En effet, il vaut mieux savoir où l’on va lorsque l’on commence à raconter quelque chose.
Pour les besoins de cet article, considérons qu’après avoir pris la décision d’écrire, vous commenciez par la page 1.
S’agissant d’un scénario, les premiers mots que l’auteur doit poser sur la page blanche sont FADE IN.
Après ces premiers mots, il va vous falloir trouver le courage de plonger dans un concept (c’est-à-dire votre idée) et de voir ce qu’il est possible d’en tirer. Vous aurez besoin d’un enthousiasme certain pour construire un monde (un monde imaginaire) qui n’appartiendra qu’à votre histoire.
Comprenez par monde, tout un ensemble de critères qui font votre monde. C’est-à-dire non seulement un lieu (plus précisément un espace englobant plusieurs endroits où les événements de votre histoire se dérouleront) avec ses dimensions habituelles mais auxquelles s’ajoutent la dimension du temps.
Ce monde spécifique à votre histoire inclut aussi des données sociales, religieuses, politiques. Il se définit aussi par le genre : si vous êtes dans le merveilleux ou l’horreur ou bien dans le thriller, le ton (qui fait partie de votre monde) ne sera pas le même.
Un travail personnel
Mais surtout vous allez commencer un voyage d’auto-découverte. Et comme d’habitude dans de tels travaux personnels sur soi-même, vous allez au-devant de frustrations.
Mais aussi et surtout de créativité et de la satisfaction d’avoir accompli quelque chose.
FADE IN est l’expression universellement employée pour débuter un scénario. Ce qui signifie que vous vous distinguez dès les premiers mots en un scénariste et que vous n’allez pas écrire un roman.
Mais il n’empêche que si vous écrivez, c’est parce que vous avez un but. Nous ne disserterons pas sur l’origine de ce but, de cette proposition que l’auteur se fait à lui-même.
Considérons seulement qu’un projet d’écriture est un défi personnel auquel un auteur décide de se consacrer.
On n’écrit pas pour soi
C’est un constat de Sartre. Ecrire, c’est un processus, un moment singulier qui va vous ouvrir des possibilités illimitées pour que d’autres apprécient ces possibilités. Après tout, peut-être que nous nous expliquons dans le regard de l’autre et de son jugement sur nous.
N’est-ce pas ce regard que vous portez en ce moment même en me lisant ?
Donc un auteur décide d’écrire un scénario avec des personnages qu’il espère inoubliables, des rebondissements et un monde imaginaire.
Mais la page 1 est indéniablement celle qui porte en elle le plus de promesses.
Ce qui signifie pour l’auteur qu’il va devoir puiser encore et encore dans son inspiration.
A propos d’inspiration, vous vous conseillons la lecture de :
INSPIRATION : Y CROIRE ET S’EN DONNER LES MOYENS
LA PREMIERE SCENE
Elle se caractérise par l’endroit où elle va prendre place. Chaque scène possède son propre endroit qui lui sert de cadre narratif. Et ce lieu spécifique à une scène doit être soigneusement pensé pour chacune d’entre elles.
Mais la toute première scène exige une attention toute particulière dans la description de votre monde.
Par endroit, nous entendons une description parcellaire de votre monde imaginaire.
Si votre personnage principal possède la qualité de voir l’esprit de personnes mortes, par exemple, et que cette qualité doit être mise en avant pour la compréhension du reste de l’histoire, alors l’univers de cette première scène consistera à exposer cette qualité aux yeux du lecteur.
Fort de cette information, le lecteur peut dorénavant accepter les événements qui vont se produire.
Car vous avez mis en place dès la première scène l’univers de votre histoire. Sa diégèse en quelque sorte. Et vous sollicitez ainsi la suspension de son jugement le temps de votre histoire.
LE PREMIER MOMENT
Une fois la diégèse établie, on sait où l’on est. Maintenant, il faut décrire ce qui se passe dans cette scène.
Ce contenu, ce sont des images que vous tentez de faire surgir dans l’esprit du lecteur. Il va falloir une action qui va retenir son attention. Le premier moment est l’accroche qui va donner envie au lecteur de continuer à lire votre scénario.
A propos de cette accroche, nous vous conseillons la lecture de :
CHOISISSEZ BIEN VOS MOTS
Car ce sont eux qui vont créer les images que vous souhaitez que votre lecteur imagine. Votre façon d’écrire va aider aussi à fixer le genre, la tonalité de votre fiction.
Si vous optez par exemple pour un rythme rapide dès la première scène, le lecteur s’attendra à ce que ce rythme soit rapide tout au long de l’histoire.
En fait, il est difficile d’expliquer les mots mais considérons que nous avons une faculté de nous exprimer par le langage. Et que nous devons en user.
Et pour ceux qui souhaite réaliser, ce langage devient un langage cinématographique.
L’INTRODUCTION DE VOS PERSONNAGES
Vos personnages sont à la fois vos amis et vos ennemis. Bien qu’il soit des êtres de fiction, osons le mot : des simulacres, il n’en reste pas moins que vous leur conférez en les créant, toutes les apparences d’une nature humaine.
Comme des individus réels, ils ont un passé, des opinions, un but dans leur vie de fiction.
Ils sont mus d’une énergie. Et le travail de l’auteur est de faire en sorte que cette force qui anime ses personnages soit relâchée.
L’introduction d’un personnage dans la première scène devrait refléter la personnalité de celui-ci. Les actions qu’il opérera révéleront les traits de sa personnalité.
L’auteur a donc un travail préparatoire à faire sur ses personnages avant de les lancer dans l’aventure.
Avoir une idée, ce n’est pas se mettre immédiatement à écrire un scénario. Il y a un travail de recherche. Et ce n’est pas la plus désagréable de toutes les tâches qui attendent un scénariste. Mais elle est nécessaire.
Qui sont vos personnages ? Que veulent-ils ? Qu’est-ce qu’ils aiment ou détestent ? Quels sont leurs buts ?
Apprendre à les connaître, c’est apprendre à les aimer. Et gardez en tête que la première impression que vous donnerez d’un personnage lui restera collée tout au long de l’histoire.
Conseils de lecture :
DE LA BONNE INTRODUCTION DE VOS PERSONNAGES
DES LIGNES DE DIALOGUE PERSONNELLES
Les dialogues sont importants pour raconter une histoire. Mais chaque personnage a connu un parcours de vie particulier. Entre ce que l’on a tenté de faire de lui et puis ce qu’il a fait de lui par ses choix et ses décisions vont se refléter dans sa façon de s’exprimer.
Un mode d’expression traduit un mode d’être. Les mots qu’il emploie devrait permettre de le distinguer parmi tous les personnages de l’histoire.
L’auteur doit se questionner sur le vécu de son personnage parce que toutes les expériences qu’il a connues influenceront le choix de ses mots.
Lorsque vous aurez appris à connaître un personnage, vous ne vous exprimerez plus à travers lui. Il parlera de lui-même.
Et les lignes de dialogue que vous ferez dire à un personnage dès la première scène ajouteront à l’impression générale que vous souhaitez donner de ce personnage.
Et pour ceux qui souhaitent réaliser leur scénario, notez que les sons diégétiques tels qu’une porte qui grince ou le vent qui souffle à l’extérieur sont des éléments dramatiques porteurs eux aussi d’informations sur votre monde.
UNE QUESTION D’ECONOMIE
Un scénario fait entre 90 et 120 pages usuellement. Et lorsque l’on est inspiré, elles se remplissent vite.
Un script est cependant un outil de travail pour de nombreux domaines de créativité. Il est bon de réduire à l’essentiel ses phrases, d’aller directement au but.
Donc en faisant le plus possible d’économie de mots dans une phrase. Et ce, bien évidemment, dès la première page.
Vous ne verrez pas souvent de larges blocs de description ou de dialogues dans un script. Des paragraphes courts, concis sont bien plus efficaces.
UNE QUESTION DE LIBERTE
Ce paragraphe ne concerne pas seulement la première page. Ecrire, c’est se donner des choix. Ne croyez pas parce que vous suivez une structure, vous limitez votre créativité.
Celle-ci se déploie dans un cadre, certes, mais ce cadre ne limite en rien vos possibilités créatives. Donc libérez votre muse.
Vous avez imaginé un monde. C’est bien. Maintenant, essayez d’en imaginer un qui soit encore meilleur.
Votre première idée vous semble bonne. Alors, pourquoi ne pas chercher à l’améliorer, à la creuser davantage pour la rendre encore meilleure ?
Votre intuition est un bon guide. Ne la négligez pas. Mais elle est un guide et elle vous pointe vers de nouvelles perspectives. Observez votre projet sous des angles différents. Vous ajouterez de la profondeur à votre scénario.
Faites vous aider si vous avez des difficultés à changer de point de vue sur votre projet. Etendez votre horizon.
Cherchez la quintessence des moments que vous inventez. Faites un premier jet d’une scène et ne vous en satisfaites pas. Réécrivez jusqu’à ce sentiment de perfection (même, si somme toute, il est illusoire).
Néanmoins, la poursuite de la perfection nourrira votre inspiration.