Nous avons abordé dans l’article précédent deux évolutions possibles pour un personnage :
- De l’obscurité à la lumière
- De la peur au courage
Abordons dans cet article le parcours du Doute de soi à la confiance en soi que nous illustrerons avec Luke Skywalker.
Le personnage principal doit évoluer. Il doit commencer l’histoire dans un certain état d’esprit et la finir autrement.
Il existe de nombreux parcours. En voici un exemple.
Du doute de soi à la confiance en soi
Dans l’Episode V L’Empire contre-attaque de Star wars, le maître Jedi Yoda tente d’apprendre au jeune Luke la religion Jedi (la Force) et les dangers du côté obscur.
La puissance d’un Jedi vient de la Force. La Force est une métaphore pour nos émotions les plus profondes. Elle est profondément enracinée dans notre nature humaine.
Pour un Jedi, des émotions ou des passions primitives telles que la colère, la peur, l’agressivité, la cupidité, l’envie, l’avarice mènent facilement à des dérives de cette énergie vitale.
Ces passions mauvaises s’écoulent sans heurt et nous consument.
Elles nous dévorent de l’intérieur.
Et il est ensuite difficile de briser l’influence de ce réseau complexe d’émotions sur notre personnalité.
Un héritage
C’est une théorie qui assume que si les parents sont submergés par leurs colères et leurs peurs, ces émotions négatives et incontrôlables se répercuteront profondément sur la vie émotionnelle de leurs enfants pendant leur enfance et plus tard, en tant qu’adultes.
Ces enfants peuvent alors reproduire cet environnement avec leurs propres enfants ou bien adopter un comportement introverti paralysé par la peur.
Ou bien encore verser dans des comportements compulsifs destructeurs tels que des addictions.
Ils peuvent aussi se retrouver piéger dans des états de dépression, d’anxiété ou de doute de soi.
Yoda fait ainsi une référence implicite à Darth Vader et à l’influence qu’il peut avoir sur Luke. Evidemment, cette information est encore inconnue de Luke et du lecteur à ce moment de l’histoire.
Comme le dit Yoda, lorsqu’un tel modèle émotionnel est installé, il peut dominer notre destinée.
Et d’autant plus, si nous en sommes inconscients.
Et nous avons alors tendance à fonctionner dans le monde et à interagir avec autrui comme si nous étions encore dans les environnements troublés de notre enfance. C’est ainsi, par exemple, que le doute de soi perdure.
Plus facile, plus rapide, plus séducteur
Tel est le côté obscur de la Force. Ce qui signifie que la facilité avec laquelle ces émotions primitives peuvent s’emparer de nous les rend très puissantes.
Il est indubitable qu’il faut prendre conscience de l’influence de ces émotions afin d’en briser le modèle qui gère alors un comportement.
Et qu’il faut choisir de vivre en un lieu émotionnellement plus équilibré à l’intérieur de nous-mêmes.
Le bien et le mal
Luke demande à Yoda comment il peut distinguer entre le bien et le mal. C’est la toute première des connaissances.
Plus nous atteignons à une conscience de nous-mêmes et plus cette question devient difficile et compliquée.
Yoda lui réponds qu’un Jedi utilise la Force pour la sagesse et la défense, jamais pour l’attaque.
Il semble que Yoda suggère à Luke, en tant qu’homme et non plus l’enfant, de davantage se rapprocher de son principe féminin, un lieu où il serait possible de percevoir la totalité de soi sans que ce dernier soit fragmenté par nos conflits émotionnels.
Alors Luke sera capable de connaître ce qu’est le bien et le mal. En somme, il lui suffit d’adopter une position passive (le yin) pour contrebalancer l’énergie plus agressive du yang.
Il est évident que Yoda vit selon les principes du yin. Cela présuppose que pour faire la différence entre le bien et le mal (à l’origine du doute de soi chez Luke), il faut avoir conscience de cette sagesse féminine.
L’approche jungienne
Il est clair que cette sagesse dont fait montre Yoda est étroitement liée à la façon dont on gère les déceptions de la vie.
L’amertume que l’on peut ressentir s’offre alors en opposition à la sagesse que l’on pourrait en tirer.
Nous avons l’exemple de Darth Vader lorsqu’on le voit réagir avec tant de violence devant la déception qu’il éprouve face à l’Amiral Ozzel.
L’enseignement de Yoda reprend ce que Obi Wan a déjà tenté de faire comprendre à Luke. Ne pas contrôler ses sentiments ne permet pas de faire de bons jugements de valeur. Nous restons dans l’erreur donc dans le doute. Pour distinguer le bien du mal, il faut alors se livrer à une réflexion soignée sur ses émotions.
Lorsqu’une personne est incapable d’apporter une réponse émotionnelle autre que de l’amertume, de la colère ou une agressivité, ces émotions culminent en des actes de violence.
Ou d’autres formes de comportements erratiques.
Yoda dit à Luke qu’un Chevalier Jedi recherche la sagesse et la connaissance. Pas la violence.
La connaissance de la Force c’est-à-dire de la vie avec toute l’agressivité dont elle est capable ne doit servir qu’à la défense.
A sa manière, Yoda explique à Luke la différence entre le bien et le mal. Premier pas du passage du doute de soi à la confiance en soi.
Ce passage initiatique dans la vie de Luke s’inscrit donc parfaitement dans son arc dramatique.