Chaque genre impose ses propres conventions sur la structure des histoires : la tragédie induit la mort du héros, les grandes étendues vierges sont une convention dans le western, la rencontre est un événement incontournable de la Love Story et le criminel se retrouve de manière conventionnelle dans les thrillers ou le policier.
Il est important de tenir compte des conventions parce que les lecteurs non seulement les connaissent mais les attendent aussi. Un western qui ne met pas en scène un saloon, par exemple, ne sera pas satisfaisant parce que cette convention n’aura pas été respectée.
Le genre façonne aussi l’histoire
Par conséquent, le choix d’un genre détermine et limite les possibilités d’une histoire dans l’esprit du lecteur (le genre fait appel non seulement aux expériences que le lecteur a avec le genre mais aussi à ses anticipations).
Un genre pris dans son sens le plus large (incluant ses éventuels dérivés) se définit donc par un lieu (comme dans le western), des personnages (comme un criminel pour le thriller ou des super héros comme dans la Fantasy), des événements (comme la rencontre de la Love Story qui sert aussi généralement d’incident déclencheur) et des valeurs morales (comme le respect de la nature ou l’amour véritable).
Chaque genre propose ses conventions. Il existe des conventions simples à mettre en œuvre et assez flexibles. Dans l’intrigue de la désillusion comme l’appelle Robert McKee (Disillusionment Plot), le protagoniste ouvre l’histoire comme un personnage optimiste, aux idéaux élevés, qui a une vue positive sur la vie et le monde.
Une seconde convention affirme que si ses espoirs sont dans un premier temps récompensés, il s’avère en fin de compte que le tour que prend l’histoire mène à la désillusion, aux rêves brisés et à la destruction des valeurs.
Conversation secrète de Francis Ford Coppola est un bon exemple de ce genre. Le protagoniste Harry Caul débute l’histoire avec une vie bien ordonnée, bien maîtrisée et la termine dans une sorte de cauchemar paranoïaque.
Donc effectivement, l’histoire est encadrée par ces deux conventions spécifiques au genre mais il y a tellement de possibilités d’intrigues entre ces deux bornes que l’inventivité n’en souffre pas.
Des conventions souples et rigides
D’autres genres ont par contre des conventions relativement rigides. Dans l’histoire d’un crime, il doit y avoir un crime. Imaginez ce que pourrait être Columbo s’il n’y avait pas déjà un criminel avant même que Columbo ne fasse son apparition.
Autre convention indispensable dans le thriller : il y a un enquêteur (pro ou amateur) qui recueille les indices et désigne les suspects. Le souci avec les conventions devenues nécessaires, c’est que l’on évite rarement les clichés. Il y aurait donc des genres qui favorisent l’inventivité mais d’autres qui l’étouffent.
La comédie a l’avantage de se définir par ses rejetons et chacun d’eux possède ses propres conventions. Cependant, une convention fait l’unanimité : personne n’est blessé.
La comédie n’est définitivement pas un drame même si tout semble l’indiquer dans certaines histoires.
Lorsque l’ex compagne de Jake Blues fait sauter l’immeuble dans lequel lui et son frère Elwood essaie de trouver un peu de repos, on les voit sortir indemnes des décombres ainsi que quelques instants plus tard, les policiers qui étaient venus les appréhender.
Dans une comédie, quel que puisse être sérieux son thème, personne n’est blessé. Comme le fait remarquer Robert McKee, l’auteur peut franchir allègrement les lignes et faire connaître à ses personnages les tourments de l’Enfer (approche conventionnelle) tout en prenant soin de montrer que les flammes ne brûlent pas (seconde approche conventionnelle de la comédie).
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