The Fool Triumphant est l’un des 10 genres définis par Blake Snyder. Ces genres ont été conçus d’après l’aspect pratique qui découle de leurs définitions et le genre du Fool Triumphant ne fait pas exception à la règle.
Consultez notre page dédiée à Blake Snyder pour une étude plus complète :
BLAKE SNYDER
Le Fool est le bouffon, le fou du roi, l’idiot du village que l’on retrouve dans de nombreux mythes et légendes. Le Trickster est même un archétype pour ce type de personnage.
Le fou du roi a toujours été un personnage récurrent et fascinant et de nombreuses déclinaisons modernes fonctionnent toujours aussi bien.
Un fou empli de sagesse
Au-delà de l’apparence (et donc de la première impression si importante dans les œuvres de fiction), il s’avère que ce personnage est probablement le plus sage de tous vos personnages.
Son image de perdant donne au Fool l’avantage de l’anonymat ce qui lui permet de cacher ses capacités réelles aux yeux d’autrui qui ont tendance à le sous-estimer.
En fait, c’est précisément cette dépréciation du personnage qui fait sa force et son succès.
Ce qui caractérise ce type de personnage (tels que ceux que Charlie Chaplin, Buster Keaton ou Harold Lyod ont incarnés) est qu’ils réussissent par chance et courage mais surtout, leur particularité est de ne jamais abandonner même si les circonstances semblent leur être toujours défavorables.
Forrest Gump, par exemple, montre bien comment cette tradition du Fool a évolué et pourquoi elle a toujours sa place en notre temps.
L’importance de l’antagoniste dans The Fool Triumphant
Le mode opératoire qui a abouti au genre The Fool Triumphant tel que l’a défini Blake Snyder consiste à placer un personnage qui n’a rien d’un héros, et qui serait même désavantagé par rapport aux gens ordinaires, dans une situation où il doit affronter un antagoniste plus grand, plus puissant et souvent socialement bien établi.
Pour schématiser, cela illustre la lutte du pot de terre contre le pot de fer.
Mais cela va plus loin car les apparences sont trompeuses et souvent c’est l’institution qui est désignée comme le réel Fool et non pas le personnage qu’elle s’évertue à nous faire considérer comme tel. C’est d’autant plus vrai que le Fool n’est pas considéré à priori comme une menace pour le système en place.
Plus la société ignorera son besoin de changement et le plus le Fool remportera la victoire. Et c’est une douce victoire que nous partageons aussi envers tous ceux qui doutent de nous à longueur de journée.
En fin de compte, le Fool Triumphant est un genre qui pousse à écrire et à bien écrire et n’est pas limité par des conventions trop restrictives ce qui lui permet d’être protéiforme et constamment réinventé.
Il y a un message social derrière The Fool Triumphant :
celui de vaincre l’opinion commune et de renverser des critères sociaux en abolissant les préjugés et en remportant une victoire sur la vie.
Pouvoir bouleverser des structures que nous prenons si sérieusement dans notre quotidien est une véritable source d’espérance pour le plus grand nombre.
Mais ne nous y trompons pas : le Fool en tant que héros d’une histoire ne mènera pas une révolution, pas plus qu’il souhaite s’intégrer au système. Il ne défend aucune cause mais sa présence seule suffit à nous rappeler qu’un individu peut encore faire la différence.
Le Fool est cette part de nous qui s’exprime désespérément mais ne peut être comprise de quiconque. Vouloir s’exprimer et ne pas convaincre, c’est exactement cela se débattre contre des valeurs sociétales qui écrasent, contre le rejet de la différence.
C’est un espoir fondamental que de pouvoir comprendre que notre vie a un sens et que les autres devraient nous foutre la paix pour changer un peu.
Aucune institution n’est à l’abri d’une critique opiniâtre. Les aspects les plus prétentieux de nos cultures quelles qu’elles soient sont pointés du doigt souvent avec humour mais la dénonciation des injustices n’en est pas moins vivace et forte.
The Fool Triumphant apporte peut-être un message moral (sans être édifiant ni sermonneur) sur la façon dont nous devrions être dans nos sociétés actuelles.
Le fonctionnement interne de ce genre utilise un personnage à priori faible : opprimé ou pauvre ou intellectuellement déficient ou faisant preuve d’une inculture évidente… enfin tout ce qui peut le désigner comme non pas tant un antihéros mais comme quelqu’un qui ne démarre pas avec tous les atouts pour réussir sa vie ou ses rêves.
Quelqu’un qui ne croit pas en l’espoir.
C’est ainsi que le personnage doit être introduit dans l’histoire et plutôt deux fois qu’une pour bien faire comprendre sa position par rapport aux autres personnages qui le mésestiment.
Plusieurs types de Fool peuvent être travaillés :
- L’imposteur
L’imposteur assume l’identité d’un personnage qu’il n’est pas comme Tootsie ou Madame Doubtfire, par exemple. Il peut aussi assumer une activité professionnelle dont il n’a pas les compétences.
C’est un masque social qu’il utilise pour parvenir à ses fins. Il adopte une identité qui lui est refusée non pas parce qu’il est envieux mais parce qu’il ne comprend pas les raisons de ce refus et surtout parce qu’il ne les accepte pas. - Le politique malgré lui
Issu directement du bouffon de la cour du Roi, ce type de Fool va jouer un rôle dans la vie politique. C’est par son intermédiaire que ce qui devrait être juste et injuste se joue. Il est l’incarnation d’une sorte d’éthique politique.
Président d’un jour de Gary Ross ou Bienvenue, Mister Chance de Jerzy Kosinski d’après son roman La Présence (réédité sous le titre M. Chance) en sont de bons exemples. - Le refoulé
Bien sûr, il est généralement question de sexe mais la gamme de personnages possibles s’étend de 40 ans, toujours puceau de Judd Apatow et Steve Carell à Le gourou et les femmes de Tracey Jackson.
Autant dire que le refoulé fonctionne d’un extrême à l’autre et que vous avez le choix pour réinventer le genre.
En bref
Si nous devions résumer le genre sans être réducteur, le motif récurrent serait un personnage rejeté par les siens (famille, milieu social) [il faut toutefois nuancer le mot rejeter. Ce serait plutôt le refus de voir en le personnage des capacités que pourtant il possède] qui ayant fui ou abandonné ce lieu où il a grandi revient pour montrer qui il est vraiment et pour que ceux qui ne l’avaient pas apprécié à sa juste valeur reconnaissent en lui quelqu’un qu’ils aimaient et dont ils se préoccupaient.
Happy End
Pour qu’une intrigue prenne place dans ce genre, il est nécessaire qu’un antagonisme soit présent sous la forme au moins d’une institution (il faut que le contraste soit fort).
Un complice dangereux
Souvent le Fool est accompagné d’une sorte de complice qui a compris qui était vraiment le Fool, un initié qui connaît bien les rouages de l’institution MAIS qui ne peut croire que le Fool s’en tirera avec son objectif, sa mission dans l’histoire (le lieutenant Dan dans Forrest Gump, par exemple ou Salieri dans Amadeus).
Ce personnage, inséparable du Fool, a deviné qui était vraiment le Fool et cette information le ronge et l’incite à contrecarrer le Fool bien que celui-ci ne s’en aperçoive pas ou ne comprenne pas pourquoi.
Ce personnage est bien plus qu’un élément de contraste pour mettre en lumière le Fool car il a compris la menace que représentait ce dernier pour l’institution.
Généralement, ces personnages subiront de plein fouet la conclusion logique de la chaîne d’événements initiée par le Fool. Après tout, ils ne sont pas aveugles devant le Fool devinant ce qu’il est vraiment.
Mais ils sont assez fous pour croire qu’ils peuvent interférer sur son élan à faire éclater une vérité pour laquelle ils se sont donnés corps et âme.
Petit résumé des conventions du Fool Triumphant selon
Blake Snyder
- un Fool
- une institution que le Fool va défier ou qu’il sera incité à provoquer ou encore dans laquelle il va devoir s’impliquer poussé par des raisons qui ne lui appartiennent pas.
Snyder écrit que le Fool est comme un poisson hors de l’eau vis-à-vis de cette institution. - une transformation car l’individu qu’est vraiment le Fool se révélera au contact des circonstances que l’histoire va créer autour de lui.
Ce concept de transformation est essentiel dans le Fool Triumphant. Il est nécessaire en effet que la vraie nature du Fool émerge dans sa confrontation avec l’ordre établi comme si la chenille devenait enfin papillon.
The Fool Triumphant est un genre particulièrement bien adapté à l’empathie. Il décrit un aperçu de ce qu’est la vie pour le plus grand nombre et est capable de communiquer le frisson indirecte de la victoire contre l’adversité tout en maintenant une tension car on ne peut s’empêcher de le voir mourir (symboliquement ou non) en l’observant se débattre ainsi contre quelque chose d’énorme.
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