Il n’y a rien de plus passionnant pour un lecteur et une lectrice lorsque les personnages qu’ils suivent sont face à des choix difficiles. Nous vous proposons quelques clefs pour tisser un dilemme moral dans votre histoire.
Désirs contradictoires
Pour créer un personnage fascinant qui doit faire face à des choix difficiles et significatifs, donnez-lui deux convictions également puissantes qui viendront s’opposer. Les convictions bien établies d’un personnage aideront à créer l’empathie du lecteur/spectateur envers lui.
Les croyances et convictions d’un personnage aident à définir sa personnalité. Par exemple, un assassin peut avoir un code moral qui lui interdit de prendre pour cibles les femmes et les enfants. Par ailleurs, il est convaincu qu’en abattant certaines figures politiques, il participe à la paix dans le monde. Seulement, sa prochaine cible à portée est accompagnée d’un enfant qui laissera probablement la vie dans l’attentat. Comment cet assassin va-t-il résoudre son dilemme ?
Autre exemple : un père de famille, militant pacifiste reconnu, doit faire face à l’enlèvement de sa fille contre sa non-intervention aux Nations Unies où il espérait révéler un secret d’état.
Menant sa propre investigation, il parvient à acculer un des ravisseurs. Ce dernier cependant ne parle pas. Un proche du père de famille lui propose alors d’avoir recours à la torture. Quelle décision prendra-t-il ? sachant que l’enjeu est la vie de sa fille…
Ces désirs contradictoires n’autorisent pas une solution facile. Et cela crée de la tension.
Les désirs (croyances, convictions) doivent être à la même hauteur : entre l’amour filial et l’amour de la paix, aucun des deux ne doit prévaloir sur l’autre. Et placez votre personnage dans une situation où l’opposition de ces deux attitudes le forcera à prendre une décision déchirante. Malgré sa véritable nature, votre personnage peut alors être capable d’agir contre sa moralité. Cela ajoute de la richesse à l’histoire car le personnage agira d’une manière inattendue.
L’idée est donc de créer des occasions où votre personnage principal aura un choix épineux à faire. Ce dilemme peut même être intégré au climax, l’ultime confrontation. Par exemple dans Jumeaux, Julius devra choisir entre son amour pour l’argent et son amour pour son frère. C’est son ultime confrontation.
Mettre les convictions à l’épreuve
Vous avez deux possibilités dramatiques dans votre arsenal : la corruption et l’extortion. Cela vous permet de juger de la qualité des convictions de votre personnage.
Par exemple, une jeune fille catholique et de bonne famille a commis le péché de chair. Elle est enceinte. Quel prix sa famille est-elle prêt à mettre pour la convaincre d’avorter ? Ils vont donc tenter de la corrompre. Ou bien jusqu’où vont-ils la menacer pour avorter ? Cette menace protéiforme est une extortion.
N’hésitez pas à faire souffrir votre personnage principal. Mettez-lui vraiment la pression, votre lecteur/spectateur vous en sera reconnaissant.
Si votre intrigue ne correspond pas pour utiliser des éléments de corruption ou d’extortion, sondez alors la profondeur des convictions de votre personnage en vous posant deux questions :
- Jusqu’où est-il prêt à aller ?
- Et qu’est-ce que cela peut lui côuter ?
Par exemple, jusqu’où peut aller votre personnage principal pour sauver la vie de la femme qu’il aime ? Et qu’est-ce que cela va lui coûter s’il reste là à la regarder mourir ?
Brainstorming :
Demandez-vous en quoi croit votre personnage. Quelles sont ses priorités ? Quels préjugés doit-il surmonter ? Puis imaginez des situations où ses convictions seront mises à rude épreuve afin de faire remonter à la surface ses véritables désirs et priorités.
Acculez votre personnage
Votre personnage principal ne pourra pas éluder le choix qu’il devra faire. Il n’a aucune marge de manœuvre. Placez-le dans une situation de dilemme, de choix, d’action et de conséquence.
Suivez ces quelques recommandations :
- Quelque chose d’important pour le personnage doit être en jeu.
- Le choix doit être véritablement cornélien. Pas de solution de facilité, pas de deux ex machina. Un dilemme moral signifie qu’il n’y a pas une solution préférable.
- Votre personnage doit faire un choix. Il doit agir.
- La décision qu’il est obligé de prendre renforcera la tension. Si le dilemme n’influe pas sur la tension dramatique, c’est qu’il ne fonctionne pas. Ce choix est un tournant majeur de l’intrigue voire du récit.
- Le personnage devra assumer les conséquences de sa décision et de ses actions.
Vous devez forcer votre personnage à choisir l’une des deux obligations morales. Par exemple, votre personnage principal est pris entre ses obligations familiales et les responsabilités de son travail. Pour rendre la décision plus difficile, augmentez les enjeux. S’il choisit son travail, son mariage tombe à l’eau. S’il choisit de sauver son mariage, il perd son emploi.
De toutes façons, il ne pourra pas choisir les deux. Il ne pourra pas sauver son mariage et s’accommoder avec son travail. C’est l’un ou l’autre.
Il doit y avoir aussi une urgence dans la situation du dilemme. Cette urgence augmente la tension dramatique et par contrecoup, l’engagement émotionnel du lecteur et de la lectrice.
Brainstorming autour du Et si ?…
Par exemple,
Et si ?… Vivre avec l’homme qu’elle aime détruira la carrière professionnelle de son amant ? Jusqu’où est-elle prête à sacrifier l’épanouissement de son amant pour être avec lui ?
Et si ?… Un avocat devait défendre quelqu’un qu’il sait coupable et dont le crime heurte sa sensiblité ? Et si ?… cette personne est son meilleur ami ?
Votre personnage doit réévaluer ses croyances, les questionner et justifier ses choix aussi cruels soient-ils. Ne partez pas du principe que la fin justifie les moyens mais QUAND celle-ci justifie-t-elle les moyens ?
Le dilemme est lié au genre
Le genre de votre histoire influencera les choix que devra faire le personnage. S’il y a eu un crime dans votre fiction, des thèmes de justice et d’injustice s’imposeront naturellement. Vous pourriez vous interroger sur la convergence entre la vengeance et la justice et en induire un dilemme pour votre héros ou votre héroïne.
Les romances fonctionnent bien avec les thèmes de fidélité et de trahison. Quand est-il mieux de cacher la vérité plutôt que de la dire ? Jusqu’à où pouvez-vous nuancer la vérité avant qu’elle ne devienne un mensonge ?
Dans ce genre, la vérité est souvent la source du dilemme.
Merci pour votre participation.