MOTIVATIONS CONTRE ÉVÉNEMENTS

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Les motivations des personnages et les événements qui se produisent dans l’intrigue ne peuvent être traités sur un même pied d’égalité. D’un côté, un personnage agit et réagit à ce qu’il lui arrive, mais cette action ou cette réaction sont tout à fait relatives à sa personnalité qu’elle soit masquée parce qu’il est dans une relation du vivre ensemble et que ce on a envers lui des exigences auxquelles le personnage doit répondre de bonne ou mauvaise grâce ; il peut être aussi sous l’emprise d’émotions qui rendent une action ou une réaction de manière passionnée et peut-être que dans ces moments-là qui sont essentiellement de crise, il est vraiment lui-même, c’est-à-dire authentique ; et il existe aussi des forces morales qui lui font juger de ce qui est juste ou bien d’une flagrante iniquité.

Et tout cela découle très souvent du passé du personnage où l’autrice et l’auteur inventent des circonstances, des moments, des conditions qui aliènent le personnage à des comportements habituels par exemple une terrible peine amoureuse commuée en une méfiance prononcée envers toute nouvelle relation et partant, d’occasions manquées qui pourraient combler le manque qui consume le personnage de l’intérieur. Ce pourrait être aussi un besoin de rédemption pour une faute passée ou un besoin de reconnaissance…

Habituellement, les mobiles d’un comportement sont ignorés des autres personnages et même du lecteur/spectateur jusqu’au moment où ils sont révélés alors que le motif d’une action est connu. On sait généralement pourquoi un personnage agit et dans quel but.

Cependant, il se passe des choses hors du personnage. Dans le monde, il y a des situations qui sont peu ou prou le fait du personnage et elles sont fréquemment (pour le plus grand bien de l’intrigue) conflictuelles. Ces événements exercent une pression sur le personnage et cela donne son élan à l’intrigue. Que ce soit un environnement hostile (une catastrophe naturelle ou une guerre par exemple) ou bien un méchant de l’histoire qui entrave l’héroïne ou le héros dans leur marche ou bien qui est gêné par eux, ces événements mettent en œuvre les motivations. Ce qu’il se passe à l’extérieur nous explique le personnage.

Les motivations sont essentielles. En effet, alors qu’il y a peu de chance que nous vivions un jour les événements de l’intrigue, les motivations qui sont convoquées dans un récit, nous les reconnaissons. Elles sont des expériences : et bien que nous fussions incapables d’éprouver l’exacte souffrance d’un personnage en deuil ou la colère sourde qui boue en lui, par sympathie, notre mémoire nous ferre sur la situation en cours. Le contexte émotionnel voulu par l’autrice et l’auteur expliquent les choix du personnage, mais de surcroît, les décisions prises par le personnage dans ce contexte précis font nécessairement avancer l’intrigue.

Il se crée une proximité avec les luttes, les dilemmes du personnage. Si les événements ne font que se succéder, comment pourrions-nous nous attacher à un personnage ? Faisons donc en sorte que les motivations d’un personnage relient l’intrigue et le propre récit de ce personnage au récit dans son ensemble.

Le problème des motivations

Les actions et les décisions trouvent leurs sources dans les motifs, c’est-à-dire les raisons qui font qu’un personnage fasse tel ou tel choix selon la situation dans laquelle l’auteur et l’autrice l’ont jeté. Ces motivations se construisent autour du passé, des aspirations et empruntent aux vulnérabilités d’un personnage, ou, dit autrement, ce qui dépend de sa condition humaine ou plutôt de sa présence au monde, ce qui suppose un vécu.

Boite noire

Tout personnage est animé d’un désir. C’est l’objectif qu’il s’est promis d’atteindre, de réaliser et c’est un signe visible par tous (nous-mêmes en tant que lecteur/spectateur ainsi que les autres personnages). Ce peut être matériel comme la quête d’un trésor ou plus spirituel comme la reconnaissance, la liberté, l’amour. Dans Les raisins de la colère (1940) de John Ford, l’objectif de Tom est clair : il veut une vie meilleure pour lui et sa famille. Cette clarté du but à atteindre est nécessaire, car sans elle, les actions du personnage seront empreintes de confusion.

Les peurs ont quelque chose d’universel. Qu’elles soient d’abandon, d’échec ou de la mort ou simplement de ne pas être à la hauteur, toutes les peurs et même les plus légères des craintes, nous parlent.

Très intéressants aussi à travailler sont les besoins. Le besoin n’est pas un désir : on peut avoir le désir d’un gâteau à la crème alors que le besoin de se nourrir nous est bien plus nécessaire. Un être de fiction a aussi des besoins : ils sont plus élaborés. Un personnage a un besoin inconscient de contrôle sur sa vie par exemple.
Mathieu (Boite noire (2021) de Yann Gozlan) est sous l’emprise omniprésente de l’échec et de l’insuffisance. Cette insécurité toute personnelle est exacerbée par son ambition, certes, mais surtout par un désir puissant de prouver sa valeur aux yeux du monde. Son véritable besoin, néanmoins, est la vérité. Mathieu craint plus que tout qu’elle lui échappe. Il lui faut dominer les conclusions superficielles afin d’y déceler des traces de vérité. Ce besoin inconscient l’isole de plus en plus. Et n’importe quel être humain, lorsqu’il est solitaire, n’est jamais autant vulnérable.

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