Dans une intrigue, nous distinguerons le conflit principal des conflits secondaires. Les deux types de conflit interviennent différemment sur l’intrigue mais ils lui sont nécessaires comme une espèce de souffle vital.
Lorsqu’un héros ou une héroïne se sont décidés pour un désir (celui-ci prend d’abord naissance dans un incident déclencheur mais ce personnage principal ne s’y jette pas aussitôt ; il est tellement confortable dans son quotidien même désagréable qu’il est plutôt réfractaire au changement), alors cette volonté de réaliser un désir doit être contrariée parce que si ce personnage obtient sans effort ce à quoi il aspire, point de drame. Interrogez-vous à la fois sur l’objectif et sur le personnage : de l’extérieur, qu’est-ce qui s’oppose à l’objectif ? ; de l’intérieur, quelles sont les faiblesses du personnage qui luttent contre sa volonté ?.
Les conflits secondaires
Ils sont comme des apartés plus personnels sur le personnage principal et les personnages secondaires. Ils expriment l’indicible car, comme nous ne saurions pénétrer à l’intérieur des êtres (fictifs ou non), le conflit secondaire manifeste les aspects cachés du personnage. Prenons deux couples. Le personnage principal est dans l’un des couples et tout semble bien se passer pour lui.
Les personnages secondaires sont dans l’autre couple et celui-ci est en dérive. Le parallèle voulu entre les deux couples appuie en fait sur l’apparence de bonheur du personnage principal qui voile son malaise au sein de son couple.
Quand on pense une intrigue secondaire, il sera intéressant de la lier à l’arc dramatique du personnage principal. Nous avons, en effet, un protagoniste qui a un objectif. Il se démène comme un beau diable pour le réaliser. Mais est-ce que cette volonté est suffisante pour qu’il comprenne qu’il y a quelque chose qui doit changer en lui ?
Les conflits secondaires deviendront les conditions du changement. Ils préparent la prise de conscience. Dans Manchester by the Sea (2016) de Kenneth Lonergan, Lee revient dans sa ville natale pour s’occuper de son neveu. C’est une situation qu’il n’a pas choisi mais par respect pour la mémoire de son frère, il lui faut prendre une décision : c’est le conflit principal, celui qui a pour objectif l’avenir de l’adolescent.
Le conflit secondaire est le traumatisme de Lee dont l’origine est Manchester. Cette ville et ses habitants lui renvoie le drame qu’il y a connu, ses souvenirs et ses échecs. Ce conflit secondaire est nécessaire pour justifier l’arc dramatique de Lee qui consiste à accepter sa culpabilité et cela n’est possible qu’en ne se fuyant plus lui-même et en se confrontant directement à ses souvenirs et aux autres.
Will de Leave No Trace (2018) de Debra Granik est un vétéran de la guerre en Irak qui, depuis son retour, vit en marge de la société avec sa fille adolescente. Mais la société n’accepte pas leur isolement volontaire et tente de les adapter à l’ordre humain telle qu’elle le conçoit. C’est le conflit principal de Lee qui veut à la fois conserver son mode de vie mais aussi protéger sa fille.
Le conflit secondaire nous montre les difficultés de Will à s’adapter aux normes imposées. Mais c’est surtout la relation avec sa fille qui apprécie la vie sociale qui décrit l’évolution de Will qui doit comprendre et accepter ce besoin de Tom. Ce conflit entre Tom et Will est celui d’un père qui voit s’éloigner son enfant. Ce n’est pas la résistance de Will face aux autorités qui peut lui faire prendre conscience qu’il doit changer mais bien cette relation avec Tom.
Les relations
Les relations entre les personnages apportent une dimension humaine aux personnages de fiction. Ils facilitent notre proximité même avec un super-héros qui se livre à des actes fantastiques que nous aurions bien de la peine à reconnaître dans notre quotidien.
En revanche, un échec (plus cruel lorsque le regard de l’autre nous le renvoie), un sentiment de culpabilité, un besoin de se sentir aimé ou du moins apprécié sont des thèmes que nous avons plus ou moins confusément vécu.