Les retournements de situations
Nous devons prévoir quelques retournements afin de surprendre le lecteur/spectateur afin que nous nous assurions de sa présence dans notre récit.
Concernant le projet en cours, j’envisage un premier retournement au moment du passage dans l’acte Deux. Quand l’intrigue commence t-elle vraiment ?
Anne est rappelé au chevet de sa mère gravement malade alors qu’elle a rompu toute relation avec elle depuis de nombreuses années : elle a fui la ville de son enfance pour échapper à l’emprise de celle-ci. Infirmière, elle trouve un emploi dans la clinique locale sous l’autorité de Agnès, médecin-chef.
Alors que les malades infectés par le virus affluent en nombre à la clinique, Anne se consacre corps et âme pour les soulager sans toutefois pouvoir les sauver. C’est dans ce premier acte que Anne fait la connaissance de Sophie qui, dans ses moments de délire, mentionne des faits lointains relatifs au passé de la ville. Et alors qu’elle s’en livre auprès de Agnès, celle-ci refuse de prêter attention à ces délires (même si Sophie n’est pas la seule à en souffrir mais Anne voit en Sophie une âme sœur car Sophie lui a parlé de son aspiration à quitter la ville pour échapper à sa mère) et Agnès insiste pour qu’il y ait une explication scientifique et rien d’autre.
Mais alors que ce premier acte de l’exposition s’achève, Anne comprend qu’il y a quelque chose d’étrange à propos de ce virus. En effet, les délires de Sophie se compliquent par des détails troublants non seulement sur le passé de la ville mais aussi très personnels à Anne qu’elle seule pouvait connaître.
Le point médian
Au point médian, les choses sont un peu compliquées pour l’héroïne ou le héros. Souvent, lorsque ce moment est tragique, cela laisse augurer d’un dénouement heureux (et la réciproque est vraie). Le point médian est important parce qu’il est un changement de perspective du regard du héros et de l’héroïne. Si jusqu’à présent, votre personnage subissait plutôt les choses, alors au point médian, il est temps qu’il devienne proactif. C’est comme si soudain il prend conscience qu’il a plus à perdre qu’il ne le pensait.
Pour notre projet :
Anne ouvre enfin les yeux sur la culpabilité de Louis dans les crimes racistes. Elle-même, bien que n’ayant pas participé aux événements, se sent responsable par son silence. Lors de ce point médian, Anne découvre aussi la relation entre Agnès et Louis. C’est le conflit interne de Anne qui la fait souffrir parce qu’elle est forcée de remettre en question ses valeurs et ses principes moraux.
Le All is Lost vers la fin de l’acte Deux
C’est le moment où le héros et l’héroïne croient que, pour eux, tout est perdu. C’est un moyen de démontrer que le personnage principal a atteint ses limites. Il a pleine conscience de ses peurs et de ses faiblesses. C’est comme dans la vraie vie : si on n’est pas forcé dans ses derniers retranchements, pourquoi voulez-vous qu’on fasse des choix décisifs qui feront de nous une personne autre ? Accepter de détruire ce qu’on est aujourd’hui vers un devenir incertain ? Ce retournement est la dernière étape avant la rédemption ou la chute.
Pour notre exemple, le All is Lost semble s’appliquer naturellement :
La mort de Sophie apparaît inéluctable. Malgré tous ses efforts, Anne est impuissante. Elle comprend que son humanisme ne saurait vaincre des forces qui nous dépasse. Sophie, son alter ego ne peut survivre. Julien a raison et, pour Anne, c’est difficile à entendre. Maintenant, elle sait qu’une malédiction est à l’origine de la maladie. Pourtant, de cet effondrement moral, elle décidera de nouveaux moyens pour lutter contre l’impensable.
