CE QUI ANIME VOS PERSONNAGES

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Il vous faut comprendre ce qui anime vos personnages. Pour vous faciliter la tâche, il existe au moins deux outils : la hiérarchie des besoins selon Maslow et un modèle très singulier qui explique pourquoi un individu tout comme vous et moi est enclin à mentir ou à trahir.

Selon Maslow, nous possédons tous en nous (du moins dans ceux qui se sentent encore humains) des besoins que nous hiérarchisons selon notre nature humaine et, bien sûr, sociale. Survivre par exemple est tout aussi nécessaire que se nourrir, s’abreuver ou se reproduire. Ce sont des besoins physiques qui forment la base de la pyramide.

La recherche de la stabilité et de la sécurité dans nos vies, ou dit autrement le bienheureux vivre ensemble, vient ensuite se superposer aux besoins vitaux. On cherche à se protéger ou à protéger ceux qu’on aime ou estime.
Ensuite, la nécessité de sentir qu’on appartient à quelque chose semble préoccuper nombre d’entre nous. Se reconnaître dans une communauté a quelque chose de rassurant, comme de se sentir utile, donner un sens à sa vie dans la communauté. Sur le même niveau se trouve l’amour, c’est-à-dire aimer certes mais être aimé en retour, c’est d’ailleurs le thème de Moulin Rouge de Baz Luhrmann.

Au sein du groupe, la reconnaissance joue aussi sur l’estime. C’est un cran au-dessus dans la hiérarchie des besoins. On agit pour gagner le respect d’autrui mais, bien plus dramatique, pour renforcer son estime de soi. A propos de soi, l’accomplissement personnel tient le haut du chapiteau.

Maintenant, qu’est-ce qui peut bien nous pousser à mentir ou bien à trahir ceux que nous estimons pourtant ? D’abord, la cupidité. Et non ce n’est pas l’ambition. Celle-ci fonctionne mieux dans l’art dramatique (pensez à MacBeth) mais l’inverse de la frugalité (qui est, quant à elle, considérée comme devant nous faire cheminer vers la vertu) est, pour beaucoup, une raison suffisante pour tromper son monde.

Et puis il y a cette chose horrible qui se répand en nous comme de la lèpre sur un corps : l’idéologie. Ceux qui ont même un peu étudiés l’Histoire, celle au grand H, savent bien les dégâts que l’idéologie occasionne. On devrait se demander plus souvent si nos convictions, toutes nos valeurs sont vraiment justes.

Quelque chose de bien plus intéressant pour l’autrice et l’auteur est la coercition. Il n’y a pas volonté manifeste à faire le mal mais la peur ou une menace nous obligent souvent à agir contre notre gré et parfaitement conscient du dilemme que nous éprouvons. Et puis finalement, si, il y a l’ambition, l’orgueil ou encore un désir de reconnaissance déplacé, malsain.

The Power of the Dog (2021) de Jane Campion

Voyons ce que nous dit ce récit tenant compte de notre texte précédent. D’abord, les personnages semblent évoluer dans les niveaux supérieurs de la pyramide de Maslow. Le besoin d’appartenance et d’amour (de lui-même) de Phil s’exprime dans le refoulement de son homosexualité qui se manifeste à travers son attitude de masculinité exacerbée. Le souvenir omniprésent de ce Bronco Henry en est une forme de masculinité idéalisée.

De son côté, Peter s’accomplit à travers ses études et sa relation avec Phil. L’image que renvoie Peter est ambiguë. Cela sert sa relation avec Phil en lequel Peter recherche une estime. Phil, en revanche, ne parvient pas s’accomplir trahissant sa véritable identité sous une idéologie de masculinité.

Joker (2019) de Todd Phillips

Arthur parcourt tous les niveaux de la pyramide de Maslow. Il est évident qu’il lutte contre sa condition financière pour assurer seulement sa survie. Le milieu dans lequel il vit est dangereux comme le prouve cet incident déclencheur dans la rame de métro : Arthur est comme désigné un souffre-douleur dans sa nature même. Un sentiment qui est à rapprocher de la relation avec sa mère. C’est parce qu’il est désespéré d’une solitude qui n’en finit pas qu’il s’échappe par ses hallucinations. Arthur a besoin d’être aimé et d’estime non pas de soi car il n’aspirerait pas à être reconnu comme comédien mais d’autrui. Et effectivement, devenir le joker est pour lui une forme d’accomplissement.

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