L’alliance entre des phrases longues et courtes permet de garder la main sur le rythme de votre écriture. Certes, il y a des règles pour construire une phrase ; seulement vous veillerez à accorder les phrases afin de provoquer chez celui ou celle qui vous lit une réaction passionnelle. Votre écriture est tout comme un orchestre. Les phrases courtes fonctionnent comme les notes staccato brèves et percutantes ; elles apportent énergie et concision à votre écriture. Ces phrases introduisent de la vigueur et de l’immédiateté dans le récit. C’est particulièrement utiles pour construire le suspense ou souligner des articulations majeures du récit.
À l’inverse, les phrases longues évoquent le flux continu de la musique legato. C’est l’imagination et l’interprétation du lecteur/spectateur qui sont alors sollicitées : idées & descriptions.
Ajuster la longueur des phrases enfante une vivacité, un tempo, une atmosphère. Cette variation rive non seulement l’attention du lecteur/spectateur mais améliore également la fonction expressive du récit. Tout comme une symphonie, elle communique des émotions, des sensations, des idées ou des messages de manière subjective et personnelle. Lorsque le cœur s’affole ou que le souffle devient soufre, cela anticipe très probablement un crescendo de tension ou de l’action. Vous comprendrez l’importance de moduler le rythme. Le staccato rapide de phrases courtes vous prend par le col et vous entraîne dans les sombres interstices du récit. Ces pulsations rapides sont des pensées morcelées. Bien sûr qu’elles vous font battre le cœur.
Dans les méandres langoureux des phrases longues, le récit respire. Il reprend son souffle à l’unisson du lecteur/spectateur. La personnalité des personnages se livre tout entière. Et le monde lui-même s’expose dans toute son étendue.
La longueur des phrases est un puissant outil pour l’autrice et l’auteur. Ils créent une expérience de la peur avec le staccato. Quant au legato, il leur permet de fasciner leur lecteur/spectateur.
Une émotion
Ce que ressent votre lecteur/spectateur à la lecture de votre récit est étroitement associée au rythme de votre écriture. Soudain une courte phrase après une succession de longues descriptions : votre lectrice ou votre lecteur seront surpris. Ainsi, vous communiquez efficacement sur la surprise, sur un choc ou même une prise de conscience chez un personnage et, dans le même coup, chez le lecteur/spectateur. Parce que ce rythme joue sur le plan émotionnel.
Et lorsque votre discours se construit sur des phrases longues, vous transportez votre lecteur/spectateur dans le monde. Vous permettez à son imagination de s’évader. Le legato est alangui mais puissant. Maîtrisez la longueur des phrases, c’est faire éprouver à votre lecteur/spectateur précisément ce que vous voulez qu’il ressente dans le moment.
Dans les chambres silencieuses de la pensée, où la lumière vacillante des bougies projette des ombres sur les pages usées de votre manuscrit, ne vous êtes-vous jamais surpris à contempler l’admirable artisanat de la langue ? Ces longues phrases ne sont pas de simples parures ; Ils sont les fils de trame qui rompent la distance entre la simple esquisse, sans aspérités, qui ne saurait fouir dans les tréfonds de l’âme et les eaux sombres, inexplorées de l’âme des personnages. Lire la description d’une robe chez Charlotte Brontoë, par exemple, c’est comprendre comment cette robe évoque un amour perdu.
Considérez les pirouettes et les arabesques des mots alors qu’ils dessinent sur la page des idées et du sens. Ce sont les contours de l’émotion, de l’intellect, du désir ; en un mot, de la pensée. Lorsque votre prose s’étire et se tend, vous atteignez des choses qui ne sauraient se dire brièvement.
Cependant, comme le lierre qui s’accroche à la pierre, les longues phrases peuvent enchevêtrer et retenir celui qui les lit. Trop nombreuses, et le lecteur/spectateur trébuche, perdu dans une densité de mots, incapable de discerner le chemin à suivre. Le poids de leur syntaxe pèse sur l’esprit, menaçant de noyer la signification dans un océan de verbiage.
Alors, pour chaque grand geste, il doit y avoir un moment de répit : une phrase plus courte pour guider l’œil du lecteur ou de la lectrice et leur donner de la clarté. Un point bien placé suffit à infuser notre prose d’une nouvelle vigueur. Ne considérez pas que votre lecteur/spectateur soit un adepte de l’apnée !
Avant que vous ne trempiez votre plume dans l’encrier, rappelons-nous : ne laissons pas le charme de la longueur nous aveugler sur la beauté de la brièveté. L’attrait d’un récit est que le lecteur/spectateur en est un participant.
L’être complet
L’autrice et l’auteur doivent attribuer directement les actions au personnage. Qu’est-ce que cela signifie ? Les personnages sont des entités entières et c’est en tant que tel qu’ils agissent. Par exemple, si j’écris que les mains d’Anne tremble alors qu’elle ouvre la lettre, je désengage le lecteur et la lectrice. Pourquoi est-ce important ? Parce qu’il faut maintenir l’attention sur le personnage. Ce ne sont pas ses mains seulement qui importe, du moins si ce n’est pas votre intention.
Cette phrase se reformule bien mieux en Anne tremble alors qu’elle ouvre la lettre. L’état émotionnel de Anne est implicite à l’action. Ce que vous communiquez est cette émotion. C’est une vision holistique de l’expérience de Anne, plutôt que d’isoler son expérience à ses seules mains.
Ce conseil découle d’une philosophie plus large en matière d’écriture qui vise à créer une prose plus active, plus vivante et plus engageante. Se focaliser sur les personnages permet aux autrices et aux auteurs de privilégier une relation émotionnelle plus vraie et de l’empathie chez le lecteur/spectateur. Cela aide également à éviter les formulations maladroites ou lourdes, qui peuvent perturber le flux de la narration et faire fuir la lectrice et le lecteur.