Imaginons que nous nous lancions dans le processus d’accompagnement d’un groupe diversifié d’autrices et d’auteurs dans leurs projets d’écriture. Il est essentiel de comprendre l’importance de fixer des objectifs clairs et réalisables. Cette étape fondamentale n’est pas qu’une question de procédure ; elle agit comme une clé de voûte psychologique ayant une influence considérable sur le processus d’écriture.
L’acte de fixer des objectifs s’appuie sur un principe psychologique fondamental appelé Théorie de la fixation des objectifs (mise au point par Edwin A. Locke). Cette théorie postule que des objectifs spécifiques et stimulants, associés à un retour d’information pertinent, améliorent la performance. Dans le contexte de l’écriture, des objectifs clairs donnent une direction et un sens. Ils transforment le désir abstrait d’écrire en buts concrets, tels que terminer un scénario ou publier un roman dans un délai défini.
Cette clarté réduit l’anxiété et renforce la motivation en décomposant la tâche intimidante d’écrire en étapes gérables.
Un encouragement à écrire
Avant de se lancer dans l’aventure de l’écriture, il est essentiel que l’autrice et l’auteur qui, avouons-le, débutent, fassent une profonde introspection. Cette auto-évaluation n’a pas pour but de porter un jugement, mais plutôt d’obtenir une image claire de vos forces, de vos faiblesses et de vos passions en tant qu’autrice et auteur.
En comprenant ces éléments, vous pouvez vous fixer des objectifs d’écriture qui sont à la fois stimulants et profondément personnels, ce qui alimente votre motivation et vous pousse à aller de l’avant. Quel genre d’histoires vous attire ? Êtes-vous attiré par l’action rapide des thrillers, la profondeur émotionnelle de la fiction historique ou la fantaisie de la Fantasy ?
Identifier vos genres et styles préférés vous permet d’exploiter vos intérêts naturels (ou dit autrement, ce vers quoi vous êtes instinctivement attirés) et votre voix.
Vous préférez tracer méticuleusement les grandes lignes de votre intrigue à l’avance, ou vous préférez une approche plus organique, basée sur la découverte ? Comprendre comment vous travaillez le mieux vous permet de structurer vos objectifs d’écriture de manière à optimiser votre productivité et votre créativité.
Quels sont les aspects de l’écriture dans lesquels vous excellez ? Êtes-vous passé maître dans l’art de rédiger des descriptions vivantes ou de construire des récits pleins de suspense ? En reconnaissant vos points forts, vous pourrez vous orienter vers des projets qui vous permettront de mettre en valeur vos talents et d’acquérir de l’assurance. J. K. Rowling s’est fixé pour objectif d’écrire tous les jours et de considérer l’écriture comme un travail à plein temps, avant même que la série Harry Potter ne trouve un éditeur. Son approche disciplinée l’a fait passer d’une mère célibataire en difficulté à l’une des autrices les plus prospères. L’objectif de Stephen King d’écrire 2 000 mots par jour lui a permis de mener une carrière prolifique. Cette pratique souligne l’importance de la régularité par rapport aux bouffées d’inspiration.
Vaincre les obstacles
L’autrice et l’auteur rencontrent souvent des obstacles tels que le syndrome de la page blanche, la procrastination et le doute en eux-mêmes durant les premières phases de leurs projets. Divisez alors les objectifs en objectifs plus petits et réalisables afin de maintenir la motivation et de gagner en confiance. Créer une routine en établissant un programme d’écriture régulier, en exploitant le pouvoir de l’habitude (qui pour une fois n’est plus un défaut de créativité) pour améliorer votre productivité de laquelle vous apprécierez davantage votre créativité et aussi rechercher des avis impartiaux, des critiques constructives : cela peut être une source de motivation et de précieux conseils pour s’améliorer.
Se fixer des objectifs, ce n’est pas seulement définir ce que l’on veut atteindre, c’est aussi tracer le chemin de son parcours d’auteur et d’autrice. Cela permet de transformer l’intimidant inaccessible que représente le fait de devenir une autrice ou un auteur en une série d’étapes réalisables.
Chaque étape franchie est une victoire, un témoignage de votre engagement et de votre passion pour votre écriture. N’oubliez pas que tous les grands auteurs ont commencé par un seul mot, suivi d’un autre, motivés par la vision claire de leurs objectifs. Lorsque vous fixez vos objectifs, n’oubliez pas qu’ils sont les éléments à partir desquels vos rêves d’écriture se développeront. Laissez-les vous guider, vous motiver et vous mener au succès.
La fixation d’objectifs n’est pas seulement la première étape ; c’est la base sur laquelle votre projet d’écriture s’épanouira. Franchissez cette étape avec enthousiasme et vous verrez votre parcours d’écriture se transformer en quelque chose de vraiment remarquable.
L’importance du brainstorming
Le brainstorming consiste à générer librement des idées sans jugement ni critique immédiats. Pour un scénariste, il peut s’agir de noter des idées spontanées sur les personnages, les lieux possibles, les points de l’intrigue ou des éléments surnaturels susceptibles d’ajouter de l’intérêt à l’histoire.
L’essentiel est d’avoir du volume et de la variété, tout en sachant que toutes les idées générées au cours de cette phase ne se retrouveront pas dans le scénario final.
Les personnages sont au cœur de toute histoire. Lors du brainstorming, il est possible de commencer par des archétypes ou bien déjà des personnalités bien étoffées, en tenant compte de leur passé, de leurs motivations, de leurs fragilités et de leur évolution. Cette étape consiste à imaginer qui sont ces personnages, comment ils interagissent et comment ils peuvent évoluer au cours du récit. Il est important de noter que les personnages peuvent considérablement changer par rapport à leur conception initiale, au fur et à mesure que les besoins de l’intrigue deviennent plus précis.
Le contexte n’est pas seulement un arrière-plan, c’est un élément dynamique qui influe sur la narration. Pendant le brainstorming, les environnements sont conçus pour soutenir les atmosphères, les thèmes et les actions de l’intriguer. On peut explorer différents lieux, périodes ou mondes entièrement fictifs, en examinant l’influence de chaque cadre sur l’intrigue et les personnages.
Cette exploration comprend une réflexion sur les aspects physiques, sociaux et historiques de ces contextes, afin de les rendre aussi riches et fascinants que les personnages eux-mêmes.
L’ensemble des personnages, des lieux et d’autres thèmes constitue les fondements du récit. Cet effort consiste à voir émerger des récits potentiels à partir de l’interaction de ces éléments. Il s’agit d’un puzzle créatif dans lequel on peut commencer à esquisser la manière dont ces éléments peuvent mener à des conflits convaincants, à des résolutions et à l’évolution des personnages. Marco Ferreri avait une approche similaire mais son brainstorming consistait en images ; ensuite seulement, du moins pour lui, il parvenait à lier les images entre elles par une histoire.
Ce processus du brainstorming prouve aussi que les idées initiales ne sont pas figées dans le marbre. Ce sont des points de départ qui subiront inévitablement des révisions, des extensions, voire des transformations complètes au fur et à mesure du développement du récit. Cette flexibilité est indispensable, car elle permet d’adapter ses idées pour mieux servir le récit, en veillant à ce qu’il reste cohérent, captivant et intéressant.
Une liste des scènes
La création d’une liste de scènes est une approche stratégique de préparation à l’écriture qui sert de plan détaillé pour un scénario ou une œuvre narrative. Cette méthode consiste à décrire chaque scène qui apparaîtra dans l’histoire, fournissant ainsi une structure squelettique sur laquelle le récit se construit.
Une liste de scènes décompose le récit en ses plus petites unités structurelles : les scènes. Chaque scène est identifiée par son site, les personnages impliqués, l’action principale et son but dans l’arc narratif global. Cette liste peut être aussi détaillée que l’auteur et l’autrice le jugent utile, qu’il s’agisse d’une brève description ou d’une décomposition, en somme vous éclatez votre récit pour mieux vous en saisir.
Le but premier de la création d’une liste de scènes est de clarifier l’organisation du récit. En présentant les scènes de manière séquentielle, l’autrice et l’auteur obtiennent une vue d’ensemble du déroulement, du rythme et de l’évolution de leur histoire. Cette clarté permet d’identifier les éventuels problèmes structurels, les failles de l’intrigue ou des problèmes de rythme qui pourraient ne pas être aussi évidents dans une approche d’écriture autre.
Un des avantages majeurs d’une liste de scènes est son rôle dans la prévention du syndrome de la page blanche. En disposant d’une feuille de route claire indiquant l’orientation de l’histoire, l’autrice et l’auteur réduisent la charge cognitive nécessaire pour suivre le fil conducteur du récit. Cela leur permet de se concentrer sur les aspects créatifs du développement des scènes, des dialogues et des interactions entre les personnages, sans se perdre ou se retrouver bloqués à se demander ce qu’il se passera ensuite.
Cette liste de scènes offre aussi de la flexibilité car ils ne sont pas tenus d’écrire les scènes dans l’ordre ; ils peuvent passer à des scènes qu’ils se sentent plus à même d’aborder ou qui les inspirent davantage à ce moment précis. Cette flexibilité permet de maintenir une certaine fraîcheur dans le processus d’écriture et d’éviter la stagnation qui conduit souvent au syndrome de la page blanche.
Un inventaire des scènes sert également d’outil d’exploration créative. L’auteur et l’autrice peuvent expérimenter la séquence des scènes, explorer différentes possibilités ou introduire de nouvelles scènes pour enrichir le récit. Cette expérimentation conduit souvent à des découvertes sur la dynamique des personnages, la profondeur thématique ou des rebondissements inattendus de l’intrigue qui améliorent l’ensemble de l’histoire.
La liste de scènes n’est pas un document statique, mais un outil dynamique qui évolue avec le récit. Au fil de l’avancement du projet, la liste des scènes peut être mise à jour pour refléter les changements, les améliorations ou de nouvelles idées concernant le récit.
Ce processus itératif garantit que la liste des scènes demeure un guide pertinent et utile tout au long du processus d’écriture.
Une responsabilité
L’autrice et l’auteur porte une responsabilité dans leur écriture car celle-ci a des implications, elle n’est pas gratuite. Dans le contexte de la narration, ces implications désignent les messages fondamentaux, les conséquences et la vaste influence que les histoires exercent sur le lecteur et la lectrice et sur le tissu social en général. Il ne s’agit pas seulement de thèmes ou d’éthiques explicitement énoncés, mais aussi des influences subtiles et des idées qui imprègnent le récit, affectant les perceptions, les croyances et les émotions du lecteur/spectateur. Par exemple, une histoire se déroulant dans un futur dystopique où le changement climatique a ravagé le monde sous-entend que nos politiques environnementales actuelles pourraient nous mener vers une issue terrible, incitant le lecteur et la lectrice à réfléchir sur l’urgence de la protection de l’environnement.
La quête de vérité est un élément inhérent à de nombreux récits, reflétant le parcours de l’autrice et de l’auteur qui explorent et questionnent le monde qui les entourent. Cette recherche ne se limite pas à la découverte de faits, mais vise également à comprendre la nature humaine, les structures sociales et les complexités de l’existence. L’auteur et l’autrice utilisent fréquemment leurs récits comme un outil pour explorer ces vérités, offrant à la lectrice et au lecteur des aperçus profonds sur la condition humaine. Par exemple, dans Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee, la quête de vérité tourne autour de la justice, du racisme et de la moralité dans une société profondément divisée, encourageant le lecteur/spectateur à affronter des vérités inconfortables sur la discrimination et les inégalités. Dans La Haine, réalisé par Mathieu Kassovitz, la recherche de la vérité tourne autour des tensions sociales, économiques et raciales dans la banlieue de Paris. À travers la vie de trois amis d’origines ethniques différentes, le film explore les thèmes de l’amitié, de l’inégalité et du cycle de la violence, encourageant le lecteur/spectateur à affronter des vérités difficiles sur la discrimination et les échecs systémiques de la société.