GERME D’UNE IDÉE

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Plotting and Writing Suspense Fiction de Patricia Highsmith est une ressource précieuse. Dans ce livre, Patricia Highsmith fait part de ses réflexions et de ses expériences, offrant des conseils sur l’art d’écrire des romans à suspense.

Le premier chapitre, Le germe d’une idée, se concentre sur l’étape initiale de l’écriture, à savoir la conception d’une idée qui servira de base à la narration. Highsmith commence par souligner l’importance de l’idée initiale, suggérant que les histoires les plus convaincantes commencent par un germe d’idée qui intrigue suffisamment l’auteur et l’autrice pour qu’ils l’explorent plus avant.

Elle leur recommande d’être observateurs et curieux du monde qui les entoure, car les idées peuvent venir de n’importe où – expériences personnelles, faits divers, événements historiques ou même scénarios hypothétiques. Dans The Germ of an Idea (Le germe d’une idée), Patricia Highsmith décrit les qualités qui font qu’une idée se prête particulièrement bien à la narration d’une histoire à suspense.
Elle affirme que ces idées tournent souvent autour de scénarios qui contiennent intrinsèquement des éléments de conflit, de mystère ou de dilemmes éthiques – des situations qui provoquent naturellement de la tension et de l’intrigue.

Ces scénarios obligent les personnages à prendre des décisions difficiles, à affronter leurs peurs ou à résoudre des énigmes complexes, entraînant ainsi la lectrice ou le lecteur dans un réseau de suspense et d’engagement envers le récit. Patricia Highsmith suggère que le déclic initial d’une histoire à suspense n’a pas besoin de se présenter sous la forme d’un récit complet. Il peut s’agir d’une simple question qui pique la curiosité de l’auteur ou de l’autrice, d’un personnage singulier dont les motivations sont impénétrables ou d’une situation inhabituelle qui défie toute explication facile.

L’essentiel est qu’il y ait un élément inconnu ou irrésolu qui incite l’auteur et l’autrice à creuser davantage. Cette exploration devient un chemin de découverte, non seulement pour le créateur, mais aussi pour le lecteur/spectateur.

Dans le banal et l’extraordinaire

De surcroît, Highsmith souligne que les idées de fiction à suspense peuvent être trouvées aussi bien dans le banal que dans l’extraordinaire. Une conversation entendue dans un café, un regard mal interprété entre inconnus ou un article sur un crime non résolu sont autant de sources d’inspiration. L’essentiel réside dans la capacité de l’auteur et de l’autrice à voir en-deçà de la surface, à s’interroger sur ce qu’il se cache en dessous et à imaginer les innombrables façons dont un événement apparemment ordinaire peut se transformer en un récit complexe et plein de suspense.

En développant ce concept, il est essentiel d’approfondir la faculté profonde qui distingue l’autrice et l’auteur de suspense : leur perspicacité et leurs prouesses en matière d’imagination. Cette essence – voir en-deçà de la surface – implique la capacité d’un écrivain à percevoir l’extraordinaire dans l’ordinaire, à dévoiler des couches de complexité dans des situations apparemment simples.
Il s’agit de reconnaître le potentiel de profondeur et d’intrigue là où d’autres ne verraient que le banal. Cette aptitude est fondamentale dans l’écriture de suspense, où l’attrait ne réside souvent pas dans les événements eux-mêmes, mais dans leur interprétation et leur déroulement.

S’interroger sur les dessous d’une situation, c’est adopter un état d’esprit curieux et sceptique à l’égard du monde, toujours à la recherche de motivations cachées, de vérités non divulguées et des aspects les plus sombres de la nature humaine et de la société. Il s’agit d’examiner un simple événement – un objet perdu, une rencontre fortuite, une remarque désinvolte – et de se demander Et si ?.
Et si cet objet perdu avait été placé intentionnellement pour envoyer un message ? Et si cette rencontre fortuite n’était pas du tout le fruit du hasard, mais une réunion soigneusement orchestrée ? Et si cette remarque désinvolte révélait un indice sur un secret profondément enfoui ? Cette approche permet à l’autrice et à l’auteur de suspense de découvrir une multitude de possibilités narratives qui sommeillent dans les expériences quotidiennes, attendant d’être explorées et développées en histoires palpitantes.

C’est en imaginant les innombrables façons dont un événement ordinaire peut se transformer en un récit complexe et plein de suspense que la créativité de l’auteur et de l’autrice s’exprime véritablement. Il s’agit de tisser des fils de possibilités dans une mosaïque de tension et d’incertitude. Par exemple, une dispute entendue dans un café peut se transformer en une histoire d’espionnage, une histoire d’amour interdit ou un mystère impliquant une personne disparue.

Chaque possibilité se ramifie en d’autres questions et possibilités, créant un labyrinthe de suspense qui entraîne le lecteur/spectateur plus profondément dans le récit. Ce processus exige également de l’auteur et de l’autrice une connaissance approfondie de la psychologie humaine et de la dynamique sociétale. Les personnages impliqués dans ces scénarios doivent réagir de manière à la fois surprenante et crédible, leurs motivations et leurs actions étant ancrées dans leurs désirs, leurs peurs et leurs défauts.
L’auteur et l’autrice doivent créer un monde où les enjeux sont élevés, les émotions sont vives et la tension est palpable, tout cela à partir d’un événement initial apparemment inoffensif.

Le pouvoir de la narration

En outre, cette capacité à voir en-deçà de la surface et à imaginer des récits complexes à partir d’éléments anodins témoigne du pouvoir de la narration. Elle met en évidence la façon dont les histoires peuvent transformer notre compréhension du monde, en mettant en lumière les liens cachés et les forces invisibles qui façonnent nos vies.

Pour l’autrice et l’auteur de suspense, il ne s’agit pas seulement d’écrire une histoire qui divertit, mais aussi de créer un récit qui incite la lectrice et le lecteur à regarder au-delà des apparences et à remettre en question leurs hypothèses sur la réalité. En encourageant les idées propices au suspense, Highsmith souligne également l’importance de la résonance émotionnelle.

L’idée doit non seulement être stimulante sur le plan intellectuel, mais aussi susciter une réaction viscérale de la part de l’auteur et de l’autrice. Cette relation émotionnelle est essentielle car elle les incite à explorer l’idée avec passion et persévérance, qualités nécessaires au processus rigoureux d’élaboration d’une fiction à suspense. L’accent mis par Patricia Highsmith sur la résonance émotionnelle dans l’élaboration de récits à suspense touche à un aspect fondamental de la narration : la possibilité d’entrer en interaction avec le lecteur/spectateur à un niveau profondément personnel.

La notion selon laquelle une idée doit être intellectuellement stimulante renvoie à la nécessité pour un récit de solliciter l’esprit du lecteur et de la lectrice, en leur présentant des énigmes, des mystères et des conflits qui les invitent à la spéculation et à l’analyse. Cependant, l’exigence supplémentaire selon laquelle une idée doit évoquer une réponse viscérale de la part de l’auteur ou de l’autrice élève encore ce concept.
Cela suggère que les récits les plus convaincants sont ceux qui naissent non seulement d’un engagement mental à l’égard du concept, mais aussi d’un investissement émotionnel dans celui-ci. Ce lien émotionnel n’est pas une simple préférence, mais la pierre angulaire d’une narration efficace, en particulier dans le domaine du suspense. Lorsqu’un auteur ou une autrice ressent une forte pression émotionnelle à l’égard d’une idée, cette passion devient l’élément vital de son processus de création. C’est cette intensité des sentiments qui leur permet de surmonter les difficultés liées à l’élaboration d’un récit.

L’écriture, en particulier dans le genre du suspense, implique de gérer des intrigues complexes, de maintenir la tension et de créer des personnages à la fois attachants et intrigants. Ce parcours est semé d’embûches, qu’il s’agisse de failles dans l’intrigue ou de problèmes de développement des personnages, et c’est l’engagement émotionnel de l’auteur et de l’autrice envers l’histoire qui fournit souvent la motivation nécessaire pour surmonter ces obstacles.
En outre, les conseils de Patricia Highsmith mettent en évidence la relation symbiotique entre l’engagement émotionnel d’un auteur ou d’une autrice dans son œuvre et l’impact sur le lecteur et la lectrice.

Une fiction qui suscite une émotion authentique trouve un écho plus puissant auprès du lecteur/spectateur. Celui-ci est intuitivement attiré par les récits dans lesquels l’autrice et l’auteur se sont investis émotionnellement, car ces histoires ont tendance à être plus riches, plus nuancées et plus authentiques.

La résonance émotionnelle

Les émotions que l’auteur ou l’autrice déverse dans son œuvre – qu’il s’agisse de peur, d’amour, d’anticipation ou de désespoir – sont transmises par le texte, ce qui permet à la lectrice et au lecteur d’éprouver ces sentiments par procuration. Ce transfert émotionnel est essentiel dans le genre du suspense, où l’objectif est de tenir le lecteur en haleine, alors qu’il ressent une profonde empathie pour le sort des personnages et attend avec impatience la résolution du conflit central de la narration.

La résonance émotionnelle d’une idée facilite également l’exploration de thèmes et d’expériences universels, ce qui rend l’histoire plus compréhensible et plus percutante. Lorsqu’un auteur est profondément touché par les thèmes qu’il explore, qu’il s’agisse de la nature du mal, du concept de justice ou de la résilience de l’esprit humain, cette sincérité est évidente dans son récit. Le récit devient un moyen par lequel l’auteur communique sa compréhension de ces thèmes, invitant la lectrice ou le lecteur à réfléchir à ses propres perspectives et expériences.

Germ of an idea traite également de la nature des idées qui conviennent aux romans à suspense. Highsmith suggère que ces idées impliquent souvent un conflit, un mystère ou un dilemme qui met à l’épreuve les personnages et interpelle la lectrice et le lecteur. L’idée n’a pas besoin d’être entièrement formée dès le départ ; elle peut commencer par un concept vague ou une question à laquelle l’auteur ou l’autrice se sent obligé(e) de répondre.

Patricia Highsmith encourage l’auteur et l’autrice à cultiver un sens de l’ouverture aux nouvelles idées, en leur conseillant de tenir un carnet ou une autre forme d’enregistrement pour noter les pensées et les inspirations au fur et à mesure qu’elles se manifestent.

Elle insiste également sur l’importance de ne pas rejeter les idées trop rapidement, car le potentiel d’une idée n’est pas toujours évident.

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