Albert Camus et Joseph Campbell abordent les concepts d’habitude et de monde ordinaire à partir de différentes perspectives philosophiques et littéraires. Explorons chaque concept dans le contexte de leurs œuvres respectives.
L’absurde
Albert Camus, philosophe et auteur français, discute de l’idée d’habitude dans son essai Le mythe de Sisyphe. Dans ce travail, Camus explore l’absurdité de l’existence humaine et les implications philosophiques d’une confrontation à la prise de conscience de l’absence de sens de la vie.
Le concept de l’absurdité de l’existence humaine est souvent associé à la philosophie existentialiste, avec des contributeurs clés comme Albert Camus explorant ce thème en profondeur. L’idée tourne autour du manque apparent de sens ou de but inhérents dans la vie, et les défis auxquels les individus sont confrontés pour réconcilier leur désir inné de signification avec l’indifférence apparente de l’univers.
Contrairement aux vues religieuses ou métaphysiques traditionnelles qui proposent un but plus élevé, la pensée existentialiste, comme l’illustrent des penseurs comme Camus, soutient souvent que les individus doivent affronter l’idée que le sens de la vie n’est pas prédéterminé. Pourtant, malgré le manque de signification inhérente, les êtres humains ont une inclination naturelle à rechercher un but et une signification dans leur vie.
L’absurde surgit lorsqu’ils sont aux prises avec la futilité apparente de cette recherche, étant donné l’ambiguïté inhérente et l’imprévisibilité de l’existence. Selon Camus, les individus font face à un choix crucial lorsqu’ils sont confrontés à l’absurde. Ils peuvent soit succomber au désespoir et au nihilisme, rejeter toute quête de sens, soit embrasser l’absurdité et créer leur propre sens subjectif et leurs propres valeurs face à un univers indifférent.
Albert Camus, en particulier, a exploré l’absurdité de l’existence humaine dans son essai philosophique Le mythe de Sisyphe. Il a utilisé le mythe de Sisyphe, condamné à rouler un rocher sur une colline pour l’éternité, comme une métaphore de la condition humaine.
La tâche répétitive et apparemment dénuée de sens de Sisyphe symbolise la lutte pour le sens face à un univers qui pourrait ne pas le fournir.
L’habitude
Selon Camus, l’habitude représente une forme de conformité et un moyen pour les individus d’échapper au malaise de faire face à l’absurdité de la vie. On s’engage souvent dans des actions routinières et habituelles pour créer un sens de l’ordre et une signification, même si ce sens est finalement illusoire.
La routine de la vie quotidienne, selon Camus, sert de distraction à la question fondamentale du sens de la vie et de l’inévitabilité de la mort.
Le monde ordinaire
Joseph Campbell, un mythologiste, a introduit le concept du Hero’s Journey, le périple héroïque, en particulier décrit dans Le héros aux mille et un visages. Le monde ordinaire (Ordinary World) est une étape cruciale du parcours héroïque, un modèle narratif que l’on retrouve dans les mythes et les récits de toutes les cultures et de tous les temps.
Le monde ordinaire est l’état d’équilibre initial dans la vie d’une héroïne ou d’un héros avant de se lancer dans une aventure. Il représente les aspects familiers et confortables de l’existence de l’héroïne et du héros.
Cependant, ils sont finalement appelés à l’aventure (Call to Adventure), perturbant ce monde ordinaire et conduisant à une série de défis, de transformations personnelles et un retour dans un nouveau monde ordinaire avec de nouvelles connaissances ou des dons.
Alors que l’exploration de l’habitude par Camus est existentielle et se concentre sur la tentative de l’individu de trouver un sens dans un monde intrinsèquement dénué de sens, le concept de Campbell du monde ordinaire est plus axé sur le récit. Le monde ordinaire est un point de départ pour le voyage du héros et de l’héroïne, représentant un état de confort relatif et de prévisibilité qui est perturbé pour le bien d’une croissance personnelle et d’une compréhension plus profonde de soi ou du monde.
L’habitude de Camus aborde la façon dont les individus font face aux questions existentielles, tandis que le monde ordinaire de Campbell est un dispositif narratif dans le contexte d’un périple héroïque, mettant l’accent sur une évolution personnelle, une métamorphose en quelque chose que nous possédions déjà en nous.
Toutefois, les deux concepts sont liés à l’expérience humaine et à nos efforts pour affronter les défis et les incertitudes de la vie.
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