Votre premier travail en tant que scénariste est de vous assurer que vous ne donnez aucune excuse à votre lectrice ou à votre lecteur de cesser de vous lire. Considérez la défiance naturelle que l’on éprouve envers tout étranger, il en sera de même avec votre œuvre. Ainsi, pour que la confiance s’installe et qu’on trouve un plaisir ou un intérêt à vous lire, considérez une durée d’une vingtaine de pages.
Puisqu’il y a tant de pressions pour qu’une lectrice ou un lecteur écarte presque d’un revers de la main votre scénario, puisqu’il y a tant de forces mystérieuses qui se combinent pour influencer leur lecture, pourquoi ne pas contrôler le peu de choses que vous pouvez contrôler ?
Est-ce logique ?
Chaque ligne de dialogue, chaque comportement est-il logiquement cohérent avec les personnages tels qu’ils ont été dessinés ? Les rebondissements et les retournements de situation découlent-ils de ce qui a été écrit ? La description de l’action a-t-elle une logique visuelle, guidant efficacement l’œil du lecteur/spectateur à travers la géographie de la scène ?
Avez-vous vérifié la clarté et la précision de chaque mot, de chaque phrase ? Avez-vous contrôlé les éléments fondamentaux de l’écriture d’un scénario, tels que le format et la relecture, afin que la lectrice et le lecteur puissent consommer votre histoire sans s’arrêter sur les mécanismes de l’écriture scénaristique ?
Il ne suffit pas d’avoir une idée géniale. Il ne suffit pas d’être passionné. Une histoire fabuleuse doit être visible. Votre scénario doit être lisible. Clair, précis, présenté proprement. Et ce qui est lisible doit être convaincant, séduisant, cohérent. Il doit avoir du sens, être logique.
Si votre écriture n’est pas présentée de manière à ce que la lectrice et le lecteur puissent suivre votre intention, si votre intention n’est pas lisible, alors vous avez failli à votre tâche de scénariste. L’idée fondamentale qui guide vers la logique et la complétude est la relation entre l’intrigue et les personnages.
Écrire est une manière d’être au monde. Écrire, c’est se jeter en pâture aux regards de ce monde. Certes, un scénario peut être vu comme un outil que d’autres corps de métier s’empareront pour en faire un objet totalement différent. Mais pour l’autrice et l’auteur de ce scénario, c’est avec leur sang qu’ils arrangent les mots sur la page blanche.
Mais le scénariste peut s’efforcer de rendre son scénario aussi imperméable que possible à la réinterprétation. Le meilleur moyen et certainement le seul d’y parvenir est de bien écrire. En un mot, le ou la scénariste devront lutter.
Merci