Un conseil qu’on entend souvent est que personne ne se lève le matin pensant qu’il fera quelque chose de mal ou qu’elle est une personne mauvaise. Il y aurait toujours de très bonnes raisons à faire le mal. Et le conseil qu’on donne est de fouiller dans le passé d’un personnage afin d’en sucer cette espèce de suc qui le fait battre aujourd’hui.
C’est un bon conseil mais cela demeure un conseil et celui ou celle qui vous le donne ne possède peut-être pas cette autorité qui fait que vous pourriez suivre aveuglément un conseil. Prenons Les dents de la mer ; l’antagoniste est un requin. C’est d’instinct une machine à tuer. C’est-à-dire qu’il est soumis entièrement à la question de sa survie. Et se nourrir est l’un de ses besoins fondamentaux ; il est vital pour cet être qu’il se nourrisse. Et l’agent Smith dans Matrix ? Il est une machine ; il est programmé pour accomplir sa mission malgré son désir de se désaliéner de l’odeur de l’humain.
Et puis il y a Cersei de Games of thrones : sa principale motivation est de protéger sa famille et ses enfants en particulier et elle a appris à être sévère et à faire preuve de fermeté pour y parvenir.
D’excellents antagonistes
Tous ces antagonistes sont très différents en termes de profondeur, de subtilité, de sophistication, de cruauté et de force – mais ce sont tous d’excellents antagonistes.
Il n’y a pas une seule façon de construire des antagonistes. En fait, tout le travail d’écriture est principalement axé sur la construction de conflits entre les antagonistes et les protagonistes car il y a incompatibilité entre eux. Il n’y a pas non plus de façon particulière de construire des protagonistes. S’ils servent l’histoire, ils peuvent être parfaits. Quant aux antagonistes, ils peuvent tout simplement être mauvais.
Il existe des personnes malveillantes, mais aussi des personnes sociopathes et psychopathes qui ne font pas la différence entre le bien et le mal. Et ils n’ont pas besoin de motivations particulièrement profondes pour faire des choses très cruelles ; comme nous pouvons le constater tout au long de l’Histoire au grand H. Certaines personnes sont motivées par le simple pouvoir ou la liberté de nuire. Il n’y a pas toujours de bonnes raisons d’être mauvais.
Pourtant, le récit lui-même a besoin de motivations plus profondes. Quelques récits ne se fondent pas sur des situations conflictuelles pour exister mais la grande majorité d’entre eux sont basées sur un conflit entre antagonistes et protagonistes. Il peut s’agir d’une prémisse de l’homme contre la nature, comme dans Les dents de la mer, ou de l’homme contre Dieu, ou de l’homme contre lui-même, mais les histoires basées sur le conflit sont les plus directes, les plus faciles et les plus courantes.
Même dans les histoires d’amour. Au centre des histoires d’amour, il y a toujours un obstacle à l’amour. Plus l’obstacle est important, meilleure est cette histoire. Ainsi, dans Quand Harry rencontre Sally, nous avons un conflit entre l’amour et l’amitié. Dans Nuits blanches à Seatle, la distance est un obstacle à l’amour.
Dans Orgueil et Préjugés d’Austen, les principaux obstacles sont l’orgueil et les préjugés. Vous avez un bon obstacle à l’amour, vous avez une histoire à conter. En résumé, un bon antagoniste doit posséder une caractéristique principale et importante : son objectif principal, son mobile, sa raison d’agir est incompatible avec ceux du protagoniste.
Maintenant, c’est à vous de décider si vous voulez un instrument contondant ou un scalpel précis et délicat, et ce que vous voulez faire avec votre scénario. Si vous voulez un maître d’échecs diabolique ou un simple volcan, cela dépend de vous et de votre histoire.
Tout se résume donc à l’objectif principal du protagoniste. Que veut-il ? Et cet objectif dépend de deux choses : votre thème et le message qu’il véhicule.
Le thème : une raison d’être
Quel est le sujet de votre histoire et que voulez-vous que vos lectrices et vos lecteurs retiennent à la fin ? Que voulez-vous que votre protagoniste apprenne ou n’apprenne pas à la fin ? Qu’il ne faut pas être trop fier ou avoir trop de préjugés pour voir l’amour juste devant soi ? Ou que l’on peut être aveugle au point de perdre sa famille en essayant de la protéger ? Ou voulez-vous un protagoniste si motivé et si obstiné, comme Marv dans Sin City, qu’il n’apprendra jamais jusqu’à ce qu’il meurt ?
Le protagoniste doit être sympathique d’une manière ou d’une autre, sinon nous ne nous identifierons pas à lui ou à elle, et si nous ne parvenons pas à nous identifier à lui ou à elle, nous aurons du mal à atteindre la catharsis, cette libération affective ressentie au dénouement. On peut aussi inverser les rôles. On pourrait dire que dans Macbeth, par exemple, nous ne nous intéressons pas à un protagoniste, mais à un antagoniste.
Pourtant, nous devons nous soucier de quelqu’un ; s’identifier, c’est souffrir avec le personnage, car c’est une vérité du phénomène de la narration, un phénomène qu’Aristote a déjà décrit : nous souffrons avec nos personnages. Nous devons vraiment prendre conscience du drame humain.
Dans les récits, la diversité est la célébration de nos perspectives, de nos antécédents et de nos expériences uniques. C’est la reconnaissance du fait que chaque individu ajoute une saveur distincte et précieuse à la trame narrative, enrichissant le récit d’un kaléidoscope de voix, de cultures et d’identités.
Cette assertion concise résume l’idée que la diversité dans les récits reconnaît et apprécie l’individualité de chaque personnage, mais aussi de l’autrice et de l’auteur comme de la lectrice et du lecteur, contribuant ainsi à un paysage narratif plus inclusif et plus dynamique. La diversité dans les récits représente l’inclusion d’un large éventail de personnages, de points de vue et d’expériences, soulignant la richesse de l’unicité humaine. Elle met en valeur la beauté de nos différences et la profondeur de nos récits individuels, favorisant ainsi un monde fictionnel plus inclusif et plus engageant.
Ce qui attire vraiment le lecteur/spectateur, c’est l’identification au problème le plus profond du personnage, que ce soit celui du protagoniste ou de l’antagoniste importe peu en fin de compte.
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