Pour obtenir un effet significatif et marquant dans l’écriture d’un scénario, il faut concevoir un récit qui entre en résonance avec le lecteur/spectateur à un niveau plus profond.
Commencez par identifier le thème central, c’est-à-dire le message que vous voulez faire passer dans votre scénario. Il peut s’agir d’une émotion, d’une leçon de morale, d’un commentaire social ou d’un concept philosophique. Votre thème doit susciter la réflexion et l’émotion. Lorsque vous vous concentrez sur la structure, sur le mouvement de l’intrigue et le bon fonctionnement de l’ensemble des mécanismes de votre récit, il se peut en effet que votre scénario manque d’un souffle émotionnel (notez l’emploi de souffle).
Les sources de conflit
Si votre scénario vous donne l’impression qu’il manque d’émotion, cherchez alors les situations conflictuelles. Un héros ou une héroïne sont des personnages qui subiront une transformation dans leur manière d’être au monde par l’effet de l’aventure qu’ils s’apprêtent à vivre. Cela implique aussi qu’émotionnellement, ils seront accessibles à des émotions qu’ils ignoraient encore ou bien qu’ils niaient pour telle ou telle raison.
Si vous estimez que l’un de vos personnages est dans un état dans lequel il vit sa vie quotidienne sans éprouver de fortes émotions, c’est-à-dire qui le meut et l’émeut, cela est le signe qu’il ne s’engage pas assez profondément dans ses sentiments ou bien dans les événements qui lui arrive. Ainsi, il reste dans sa zone de confort et ne recherche pas de nouvelles expériences ou de nouveaux défis. Dit autrement, il est ennuyeux.
Néanmoins en narration, ce concept peut être utilisé pour dépeindre un personnage qui peut se sentir insensible, indifférent ou déconnecté de ses émotions pour diverses raisons telles que la monotonie, la routine, ou même l’épuisement émotionnel. Cela peut servir de contraste avec des états émotionnels plus intenses et peut être un moyen d’explorer les luttes internes ou l’évolution du personnage alors qu’il traverse cette période d’accalmie émotionnelle.
Un remède à une scène qui semble faire tout autre chose que de réaliser l’intention qui la justifie est de s’assurer qu’au moins un des personnages en sorte dans un état émotionnel autre que celui dans lequel il est entré. Vous pourriez envisager comme l’enseigne Robert McKee de donner une polarité positive ou négative à l’état émotionnel d’un personnage entre le commencement et la fin d’une scène ou d’une séquence (c’est-à-dire que plusieurs scènes seront nécessaires pour expliquer ce nouvel état psychologique du personnage).
Pour qu’une scène marque l’esprit de votre lectrice et de votre lecteur, il n’est pas suffisant d’écrire qu’un personnage se sent triste. Il faut voir couler ses larmes pour que l’émotion transcende les mots et excite en nous une réaction immédiate (c’est-à-dire que nous ne raisonnerons pas sur le coup). Plutôt que d’énoncer explicitement votre thème, laissez-le émerger organiquement à travers les actions, les décisions et les interactions de vos personnages. Laissez le lecteur/spectateur inférer le thème à travers les événements et les dialogues du récit.
Donc votre thème devrait susciter la réflexion et l’émotion qu’il soit une émotion universelle, une leçon morale, un commentaire social ou un concept philosophique.
Complexité
Travaillez des personnages multidimensionnels qui se développent ou se transforment tout au long du récit. Les personnages qui ont des défauts, des conflits et des luttes concrètes permettent au lecteur/spectateur de s’identifier plus étroitement à eux.
Créez un conflit convaincant qui mette vos personnages au défi et les oblige à confronter leurs croyances, leurs valeurs et leurs limites. Plus les enjeux sont élevés, plus la lectrice et le lecteur s’investissent dans l’issue d’une situation.
Qu’il s’agisse de joie, de tristesse, de peur ou d’empathie, la résonance émotionnelle aide le lecteur/spectateur à se lier au récit à un niveau personnel.
Utilisez le symbolisme et les métaphores pour donner un sens plus profond à votre récit. Les objets, les lieux et les motifs récurrents peuvent représenter des concepts thématiques et ajouter des couches de complexité à votre récit.
- MÉTAPHORES OU ANALOGIES
- MÉTAPHORE, COMPARAISON, ANALOGIE…
- LA MÉTAPHORE DANS LA FICTION
- LE PERSONNAGE EST UNE MÉTAPHORE
Dans la complexité d’un personnage, il intervient son arc dramatique, c’est-à-dire qu’il connaît une évolution, un changement ou une prise de conscience au cours du récit. Son parcours doit refléter les thèmes que vous explorez, en mettant l’accent sur l’impact de ces thèmes sur sa vie.
Rédigez des dialogues qui ont du sens et qui incitent à la réflexion. Les conversations peuvent être un outil puissant pour explorer des thèmes, mais évitez de les rendre trop didactiques ou de prêcher pour votre cloché.
Des motifs visuels
Les motifs visuels peuvent jouer un rôle important dans le renforcement et l’amplification des émotions dans diverses formes de médias visuels, tels que les films, les émissions de télévision, les peintures et même les publicités.
En répétant systématiquement des éléments visuels tout au long d’un projet, vous pouvez créer un sentiment de continuité et renforcer des émotions spécifiques. Par exemple, l’utilisation de la même palette de couleurs, du même objet ou du même symbole dans des scènes liées à une émotion particulière peut aider le lecteur/spectateur à associer ce motif à cette singulière émotion. Les couleurs et la lumière peuvent avoir un impact important sur les émotions. Par exemple, des couleurs chaudes et lumineuses peuvent évoquer des sentiments de bonheur et de confort, tandis que des couleurs froides et sombres peuvent évoquer la tristesse ou le mystère.
En utilisant systématiquement ces palettes de couleurs dans les scènes destinées à évoquer des émotions particulières, vous pouvez renforcer le ton émotionnel recherché.
La position des personnages dans une scène a aussi un effet recherché. Par exemple, un personnage placé au centre du cadre peut sembler stable et maître de la situation, tandis qu’un personnage décentré peut donner l’impression d’un déséquilibre ou d’une incertitude.
Les motifs visuels peuvent être des symboles qui représentent des émotions ou des thèmes spécifiques. Par exemple, l’image récurrente d’un papillon peut symboliser la transformation, tandis que la pluie peut symboliser la tristesse ou la purification. L’utilisation stratégique de ces symboles peut ajouter de la profondeur et une résonance émotionnelle à l’œuvre.
Vous pouvez utiliser des modifications de motifs visuels pour refléter le parcours émotionnel d’un personnage. Au fur et à mesure que le personnage évolue ou s’épanouit, son environnement et les motifs qui lui sont associés peuvent changer en conséquence.
Des contrastes délibérés entre différents éléments visuels peuvent accentuer les émotions. Par exemple, placer une scène sereine à côté d’une scène chaotique peut intensifier les sentiments évoqués par les deux. La façon dont les scènes passent d’une à l’autre peut influencer l’impact émotionnel. Des transitions douces peuvent créer un effet apaisant, tandis que des coupes abruptes ou des transitions brutales peuvent évoquer la tension ou la surprise.
Introduisez un contenu latent et des nuances dans votre récit. Permettez au lecteur et à la lectrice de découvrir les significations cachées et les différentes strates des possibles interprétations de votre récit, en encourageant un engagement actif.
Veillez à ce que la résolution de votre récit offre une conclusion satisfaisante qui renvoie au thème. Laissez une place à la réflexion et à la contemplation, pour permettre au lecteur/spectateur d’absorber l’impact du récit.
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