L’action est un terme qui revient souvent quand on discute de récits. La théorie de l’action cherche à spécifier les conditions minimales et les caractéristiques distinctives des actions, qui sont interprétées comme des comportements délibérés et planifiés dans un contexte plus large qui comprend également des événements non planifiés ; des processus plus ou moins durables qui peuvent avoir été déclenchés par un agent, mais qui continuent à se dérouler dans le temps ; et des états ou conditions réels et possibles dans le monde, c’est-à-dire la façon dont le monde est avant, après ou à la suite de l’exécution (ou de l’inexécution) d’une action.
Un récit en tant que drame est une forme de communication. Il divertit certes mais aussi il cherche à motiver chez son lecteur et sa lectrice un changement positif de comportement.
Attirer et retenir
Le drame, avec ses personnages fascinants et ses intrigues passionnantes, peut attirer et retenir l’attention. Le récit peut également attirer l’attention sur un message social en le faisant ressortir de toutes les autres informations qu’un public reçoit au cours d’une journée, en démontrant la pertinence et l’utilité du message pour ce public, en montrant qu’il est en accord avec ses croyances et en le rendant attrayant.
Dans l’écriture d’un scénario, il est essentiel de capter l’attention du lecteur/spectateur et de le tenir en haleine tout au long de votre récit. Commencez votre texte par une scène ou un moment captivant et attirant l’attention. Accrochez le lecteur/spectateur dès le début pour susciter sa curiosité et l’inciter à s’investir dans votre récit.
Créez des personnages intéressants et bien développés auxquels le lecteur/spectateur peut s’attacher, c’est-à-dire s’identifier. Donnez-leur des personnalités, des motivations et des conflits uniques qui les rendront mémorables et convaincants.
Introduisez et intensifiez les conflits dans votre récit pour créer du suspense et tenir la lectrice et le lecteur en haleine. Cela peut se faire par le biais de conflits entre les personnages, de menaces externes ou de luttes internes.
Utilisez la nature visuelle du film en devenir pour éveiller les sens du lecteur et de la lectrice de votre scénario. Utilisez un langage imagé et descriptif pour brosser un tableau dans l’esprit de la lectrice et du lecteur et concentrez-vous sur la création de scènes et de moments visuellement captivants.
Rédigez des dialogues qui révèlent des informations sur les personnages et le récit. Des répliques et des échanges mémorables peuvent attirer l’attention et faire ressortir votre texte. Maintenez un rythme fort et régulier tout au long de votre texte. Évitez les scènes ou les informations inutiles qui pourraient ralentir le récit. Faites en sorte que l’histoire progresse avec un sentiment de détermination et d’urgence.
Incorporez des rebondissements inattendus ou des révélations sur les personnages qui prennent le lecteur/spectateur au dépourvu. Déjouer les attentes peut être un moyen efficace de retenir l’attention et de créer des moments mémorables.
Suscitez des émotions chez votre lecteur/spectateur en créant des situations réalistes (ce qui par ailleurs fut appelé mimesis) et chargées d’émotion. Faites en sorte que le lecteur/spectateur se sente lié aux personnages et investi dans leur parcours.
Établissez des motifs ou des figures visuels ou thématiques qui se retrouvent tout au long de votre scénario, créant ainsi un sentiment de cohésion et d’intrigue. Ces éléments récurrents peuvent ajouter de la profondeur et de la signification à votre récit, en attirant l’attention et en suscitant la curiosité.
Terminez chaque acte et même chaque scène par des moments marquants. Un cliffhanger ou une résolution puissante peut laisser le lecteur/spectateur dans l’attente et faire en sorte qu’il reste engagé jusqu’à la fin.
Le cœur et l’âme
L’implication émotionnelle est tout aussi importante que l’information lorsqu’il s’agit d’attirer et de motiver un lecteur/spectateur à changer. Une réponse émotionnelle augmente le temps et l’énergie que la lectrice et le lecteur consacrent à la réflexion sur le message. Par surcroît, les décisions prises logiquement sont renforcées si elles sont également gratifiantes sur le plan émotionnel.
Le drame a la capacité d’impliquer le lecteur/spectateur dans une gamme d’expériences émotionnelles et de lui fournir des informations et des conseils sur la façon dont le message peut être compris pour l’aider à comprendre sa propre vie et à y répondre. L’implication émotionnelle dans l’écriture d’un scénario fait référence à la capacité d’un scénario à susciter des réactions émotionnelles de la part du lecteur/spectateur. Il s’agit de l’impliquer à un niveau émotionnel, en faisant en sorte qu’il se sente lié aux personnages et à leurs expériences.
Lorsqu’un scénario réussit à susciter une implication émotionnelle, il peut renforcer l’impact global du récit et le rendre plus mémorable et percutant. La création de personnages multidimensionnels et attachants est essentielle à l’implication émotionnelle. Le lecteur/spectateur doit s’intéresser à ce qu’il arrive aux personnages et s’investir dans leur parcours. Les scénarios efficaces mettent souvent en scène des personnages qui se développent et se transforment tout au long de l’intrigue. Le fait d’assister à leurs luttes, à leurs triomphes et à leur évolution peut créer une résonance émotionnelle avec le lecteur/spectateur.
L’introduction de conflits et d’obstacles qui mettent les personnages à rude épreuve sur le plan émotionnel peut susciter l’empathie et l’inquiétude du lecteur/spectateur. Ces défis peuvent aller de luttes internes à des conflits externes avec d’autres personnages ou avec l’environnement. Établir des enjeux émotionnels importants dans le récit accroît le sentiment d’urgence et d’investissement de la lectrice et du lecteur. Lorsque les personnages ont beaucoup à perdre ou à gagner, l’implication émotionnelle du lecteur/spectateur s’en trouve renforcée.
Un dialogue naturel et fidèle aux émotions des personnages peut permettre au lecteur/spectateur de s’attacher plus profondément à ce qu’il se passe dans le récit. Le dialogue doit refléter les espoirs, les craintes, les désirs et les vulnérabilités des personnages.
Un rythme et un ordonnancement adroits peuvent renforcer l’implication émotionnelle. Le scénario doit prévoir des moments de tension, de suspense et de libération des émotions (connue aussi comme catharsis), créant ainsi un flux et un reflux qui maintient l’attention.
L’utilisation d’éléments visuels peut susciter des émotions de manière puissante et subtile. La narration visuelle peut renforcer l’impact émotionnel de moments clés ou évoquer des ambiances et des atmosphères spécifiques.
L’exploration de thèmes et d’expériences universels peut trouver un écho auprès d’un large public. Lorsque le récit aborde des sujets tels que l’amour, la perte, la famille ou la découverte de soi, il peut susciter des réactions émotionnelles auxquelles de nombreuses personnes peuvent s’identifier. En fin de compte, l’implication émotionnelle dans l’écriture d’un scénario consiste à créer une histoire qui touche et connecte le lecteur/spectateur à un niveau émotionnel.
Elle leur fait éprouver toute une gamme d’émotions, favorisant l’empathie, la catharsis et un engagement profond dans la narration.
De la clarté
Pour être efficaces, les messages doivent être clairement compris. Le drame permet au message d’être présenté par différents personnages dans un langage et dans des situations que la lectrice et le lecteur peuvent comprendre et dont ils se souviennent facilement. En démontrant le message, les personnages rendent ce message beaucoup plus clair que n’importe quelle description abstraite. Les personnages jouent un rôle crucial dans l’écriture d’un scénario, car c’est par eux que l’histoire est transmise au lecteur/spectateur. En créant des personnages distincts et bien développés, les scénaristes peuvent améliorer la clarté de leur message.
Les personnages permettent à la lectrice et au lecteur de se rapprocher du récit sur le plan émotionnel. Lorsqu’ils peuvent s’identifier à un personnage, ils s’investissent davantage dans le récit et dans son message sous-jacent. En créant des personnages qui reflètent les expériences, les désirs et les luttes d’un lectorat visé, les scénaristes peuvent renforcer la clarté de leur message.
Les personnages font avancer l’intrigue en créant des conflits et en affrontant des obstacles. Grâce à ces défis, le scénariste peut mettre en évidence le message central de son récit. En présentant des personnages ayant des croyances, des valeurs ou des objectifs opposés, l’autrice et l’auteur peuvent explorer différentes perspectives et souligner l’importance du message.
Les conversations et les interactions entre les personnages sont autant d’occasions de transmettre le message directement ou par le biais de sous-entendus. Un dialogue bien écrit peut exprimer explicitement les idées centrales, les thèmes ou les dilemmes moraux du récit, rendant le message clair pour le lecteur et la lectrice.
Le texte latent sous le texte manifeste, quant à lui, permet une approche plus nuancée, où les personnages sous-entendent ou font allusion au message sous-jacent à travers leurs mots, leurs actions ou leur langage corporel. Les personnages suivent des trajectoires et des transformations tout au long d’un scénario. En structurant des arcs dramatiques convaincants qui s’alignent sur le message central, les scénaristes peuvent communiquer efficacement les thèmes qu’ils souhaitent aborder.
Qu’il s’agisse de la maturation, de la rédemption ou de la réalisation d’un personnage, ces arcs peuvent mettre en valeur le message et fournir une résolution narrative satisfaisante. Les personnages peuvent également incarner des éléments symboliques ou métaphoriques qui renforcent le message. En attribuant certains traits de personnalités, actions ou fonctions aux personnages, les scénaristes peuvent créer des associations visuelles et thématiques qui permettent au lecteur/spectateur d’approfondir sa compréhension du message sous-jacent.
Les personnages, en tant qu’entités visuelles, contribuent à la narration visuelle globale d’un scénario. Par leur apparence, leurs costumes, leurs manières et leurs expressions, les personnages peuvent renforcer le message en représentant visuellement des thèmes ou des idées singulières. La représentation visuelle des personnages peut véhiculer des émotions, des contextes culturels ou des dynamiques sociétales, autant d’éléments qui peuvent contribuer à la clarté du message.
Et gardez à l’esprit que ce sont les personnages qui transmettent le message.
Une promesse
Les lectrices et les lecteurs seront plus enclins à essayer un nouveau comportement s’ils sont convaincus qu’il présente de réels avantages. Grâce au rôle de modèle joué par les différents personnages, le drame peut démontrer les avantages qu’ils peuvent tirer d’un changement de leur mode de vie. Ce modèle peut rapidement illustrer les conséquences, bonnes ou mauvaises, de divers comportements.
Illustrer les conséquences des actions & décisions des différents personnages dans un scénario, c’est montrer les résultats directs et indirects de leurs actions ou de leurs décisions. Il est alors important de définir clairement les buts & motivations. Que cherchent à réaliser les personnages ? Quels sont leurs désirs & leurs besoins ? Comment les relations qu’ils entretiennent décrivent des situations conflictuelles ? L’expérience d’autrui est le moyen par lequel une prise de conscience peut se faire.
Les choix majeurs et mineurs sont orientés par la volonté d’obtenir quelque chose du monde ou d’autrui. Un récit ne convie pas à une simple conférence sur la morale, sur la conduite que nous devrions tenir : il démontre ce que les personnages obtiennent dans cette volonté qui est la leur et à la lectrice & au lecteur d’en tirer les conclusions selon leur propre jugement.
Une activité aura des conséquences immédiates. C’est la sensibilité de la lectrice et du lecteur qui est interpellée. Ce qu’ils voient & entendent, c’est-à-dire comment les choix des personnages les affectent eux-mêmes, et les autres et le monde tout autour d’eux, que ce soit positif, négatif ou à la fois positif et négatif, suscite chez le lecteur et la lectrice une réaction essentiellement émotionnelle qui peut mettre en branle leur imagination.
Par la comparaison, l’expérience d’autrui peut être un accès vers le changement. La causalité est aussi un moyen d’y parvenir. Une série de faits ou d’événements causée par une décision initiale met en lumière une ligne dramatique qui définit des possibles et ce sont ceux-là qui peuvent influencer la lectrice et le lecteur.
La relation de cause à effet est utile lorsqu’elle décrit les contours sinueux et mobiles de la réalité. Par le constat de ce qu’a entraîné une décision (judicieuse ou non), le lecteur/spectateur sera amené à considérer lui-même ses propres choix & à mettre en perspective les conséquences de ceux-ci. Ce que l’autrice et l’auteur devraient éviter est la froideur des faits. Il faut pénétrer ceux-ci de l’intérieur, c’est-à-dire explorer les conséquences émotionnelles et psychologiques qu’éprouvent les personnages. Leurs actions impactent nécessairement leur propre état émotionnel, leurs relations aux autres, leur évolution personnelle vers le meilleur ou vers une détérioration progressive.
Comprendre pourquoi une conséquence a t-elle seulement été possible peut être comme une révélation pour le lecteur et la lectrice. L’expérience n’est pas abstraite ; ce que vit autrui, même s’il s’agit d’un personnage de fiction, permet parfois cette petite étincelle qui nous illumine d’autres horizons.
La complexité et la profondeur d’un récit vient du fait que toute action possède un avers et un revers. Un choix peut être nécessité et regret. Il sera intéressant de penser au renoncement que suppose toute prise de décision. Incluez des scènes ou des moments où les personnages réfléchissent aux conséquences de leurs actes. Il peut s’agir d’introspection, de dialogues ou d’interactions avec d’autres personnages. Cela permet d’approfondir les émotions et de développer les personnages.
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