En tant que récits de ce qui est arrivé à des personnes particulières dans des circonstances particulières et avec des conséquences spécifiques, les histoires en sont venues à être considérées comme une stratégie humaine fondamentale pour faire face au temps et au changement – une stratégie qui contraste avec, mais n’est en rien inférieure, aux modes d’explication scientifiques qui décrivent les phénomènes.
L’actant
La définition d’actant consiste à décrire comment les personnages d’une fiction participent à l’action racontée. Aristote d’abord, puis Vladimir Propp et enfin Algirdas Julien Greimas ont subordonné le personnage à l’action, c’est-à-dire à l’intrigue.
Dans le contexte d’un comportement ou d’une action, l’actant est une entité qui participe à une action, à un processus en cours de développement. C’est le sociologue Bruno Latour qui insista sur la construction sociale de l’action et sur le rôle des entités humaines et non-humaines dans les interactions sociales.
Les actants peuvent être des êtres humains, des objets, des institutions ou tout autre élément ayant un quelconque pouvoir et ainsi jouant un rôle dans une action ou un comportement particulier. Ils ne se limitent pas aux individus, mais incluent toute entité capable d’exercer une influence ou d’avoir un effet sur le résultat d’une action.
Les actants ne sont pas considérés comme des entités indépendantes ou autonomes, mais plutôt comme des entités en réseau et interconnectées. Ils sont considérés comme formant des associations ou des réseaux qui façonnent les actions et les comportements sociaux. Dans cette perspective, les actants ne sont pas seulement considérés comme des participants passifs, mais aussi comme des agents actifs qui contribuent à la construction et au développement des processus sociaux.
En considérant les actants comme des catégories générales de comportement ou d’action, nous pouvons mieux comprendre la complexité et l’interdépendance des actions sociales. Cette approche nous permet d’analyser et d’étudier les interactions entre les différents actants et leur rôle dans la formation des phénomènes sociaux. Elle met également l’accent sur l’importance des actants non humains, tels que la technologie, les objets ou les institutions, qui influencent le comportement humain et façonnent les structures sociales.
Construisant la fonction comme un acte de personnage, défini du point de vue de son importance pour le déroulement de l’action, Propp a soutenu que de nombreuses fonctions apparemment diverses se rejoignent pour créer quelques sphères d’action typifiées.
Les sphères d’action
Dans le contexte des actants et de la théorie de l’acteur-réseau, la sphère d’action fait référence à l’étendue ou au domaine dans lequel les actants exercent leur influence ou leur action. Elle représente l’espace ou le contexte dans lequel les actants participent et interagissent, façonnant les résultats des processus sociaux.
La sphère d’action peut être considérée comme le champ d’activité ou l’arène spécifique où différents acteurs se rencontrent et s’engagent dans diverses actions et comportements. Elle englobe les dimensions sociales, culturelles, technologiques et institutionnelles qui influencent et sont influencées par les acteurs impliqués.
Les actants d’une sphère d’action particulière peuvent avoir des rôles, des responsabilités et des capacités différents. Ils peuvent collaborer, rivaliser ou négocier les uns avec les autres, formant des réseaux et des associations qui façonnent la dynamique de la sphère. Par exemple, dans un contexte professionnel, les actants peuvent être des employés, des dirigeants, des clients, des fournisseurs, ainsi que diverses technologies et systèmes qui contribuent au fonctionnement général de l’organisation.
Le concept de sphère d’actions reconnaît que les phénomènes sociaux et les actions ne sont pas des événements isolés, mais plutôt interconnectés et situés dans des contextes spécifiques. Il met l’accent sur les interdépendances et les relations entre les actants et leur environnement, en soulignant comment les actions sont influencées par les conditions sociales et matérielles plus larges et y contribuent.
Ce concept permet d’adopter une perspective holistique qui tient compte des interactions et des dépendances entre les actants et le contexte dans lequel ils opèrent, ce qui permet d’approfondir la compréhension des facteurs qui façonnent le comportement et les conséquences de celui-ci.
Six actants
Greimas identifia 6 actants :
- Un sujet qui veut ou ne veut pas (ce sera l’axe du vouloir, du désir) être joint à un..
- objet. Si le sujet veut cet objet, Greimas considère qu’il s’agit d’une jonction. En revanche, s’il ne le veut pas (comme un tueur qui cherche à se débarrasser du corps de sa victime), il y a alors disjonction.
- Un destinateur, c’est-à-dire ce qui déclenche l’action. Le destinateur est ce qui provoque l’action en exprimant que la jonction entre l’objet et le sujet soit réalisée (par exemple le roi demande au héros de sauver la princesse).
- Le destinataire est alors ce qui bénéficiera de la promesse liée à la demande du destinateur. Notons que ce destinataire peut être le destinateur lui-même ou bien le héros ou encore la victime (ou objet de la demande).
- Un adjuvant qui soutient le sujet dans sa démarche. Ce peut être une épée magique comme une qualité intrinsèque au héros comme son propre courage par exemple.
- S’il y a une aide, forcément la volonté du héros sera entravée par un opposant. Par exemple, la distance peut être un sérieux frein à l’accomplissement de la tâche ou bien une faille dans la personnalité du héros comme sa propre peur profondément enfouie en lui.
La simplicité de ce schéma réside dans le fait qu’il est entièrement centré sur l’objet du désir visé par le sujet et situé, en tant qu’objet de communication, entre l’émetteur ou destinateur et le récepteur ou destinataire – le désir du sujet étant, pour sa part, modulé dans les projections de l’aidant ou adjuvant et de l’opposant.
Dans le contexte des actants et de la théorie de l’acteur-réseau, les adjuvants et les opposants sont des entités ou des actants qui facilitent ou entravent les actions d’autres actants. Ils peuvent être compris en relation avec les auxiliaires positifs et négatifs, qui sont des substances, des outils ou des ressources qui aident ou empêchent la réalisation d’un objectif particulier.
Les adjuvants sont des actants qui fournissent un soutien, une assistance ou des ressources pour faciliter les actions d’autres actants. Ils peuvent améliorer l’efficacité, l’efficience ou la productivité en vue d’atteindre les résultats souhaités. Par exemple, dans un processus de fabrication, les machines, les outils ou les systèmes automatisés peuvent servir d’auxiliaires en accélérant la production, en améliorant la précision ou en réduisant les besoins en main-d’œuvre.
D’autre part, les opposants sont des actants qui créent des obstacles, des résistances ou des contraintes qui entravent les actions d’autres actants. Ils peuvent entraver les progrès, perturber les processus ou créer des difficultés pour atteindre les résultats souhaités. Les opposants peuvent prendre la forme d’intérêts divergents, d’objectifs contradictoires ou même d’obstacles physiques. Par exemple, dans un contexte commercial, les concurrents, les contraintes réglementaires ou les ressources limitées peuvent agir comme des opposants, remettant en cause le succès d’une entreprise particulière.
Les auxiliaires positifs (adjuvants) et négatifs (opposants) jouent un rôle crucial dans l’élaboration des interactions sociales et dans la détermination de la réussite ou de l’échec des actions et des processus. Ils mettent en évidence la nature dynamique et en réseau des phénomènes sociaux, en soulignant comment différents acteurs et ressources peuvent faciliter ou entraver la réalisation des objectifs et des résultats souhaités.
Vous êtes les adjuvants qui permettent à Scenar Mag de rester à vos côtés dans tous vos projets d’écriture. Faites un don, s’il vous plaît. Merci
