La neuvième fonction que Vladimir Propp décela en étudiant de nombreux contes russes peut être comparée à un défi. Car, en effet, le héros ou l’héroïne prennent conscience du méfait & du manque de la fonction précédente.
Cette prise de conscience peut être personnelle, intérieure, profonde. Le personnage pense en effet à la situation et par lui-même, il se détermine à agir : il répond à une requête ou à une exigence qu’il juge justes. Ou bien, ce commandement provient de l’extérieur : un autre personnage formule alors cette requête.
L’entrée dans l’intrigue
Propp présente cette neuvième fonction tel un compromis. Comme l’a remarqué Syd Field, se saisir de l’intrigue par le héros ou l’héroïne n’est pas immédiat, cela se fait en deux mouvements. L’incident déclencheur rompt avec l’habitude car lorsque nous faisons connaissance de l’héroïne ou du héros, ils sont encore dans la répétition.
Cet incident déclencheur provoque un ébranlement dans la vie du personnage qui voit celle-ci en quelque sorte vaciller. Néanmoins, cet événement nouveau ne suffit pas. L’héroïne et le héros doivent parvenir à un compromis avec eux-mêmes. Ils acceptent la requête ou l’exigence ou bien leur existence dans le récit ne se justifie plus.
Selon les récits, l’héroïne ou le héros peuvent prendre deux formes. Soit il ou elle est en quête de quelque chose : une iniquité contre autrui a été commise et le héros ou l’héroïne se doivent de réparer cette injustice.
Dans son analyse structurelle des contes de fées, Vladimir Propp décrit différents rôles et fonctions des personnages que l’on retrouve généralement dans les récits traditionnels. L’un de ces rôles est celui de victime. Selon Propp, le héros ou l’héroïne en tant que victime est un personnage qui subit une injustice ou une oppression, souvent de la part du méchant de l’histoire ou d’une entité plus puissante.
Le héros et l’héroïne devenus victimes d’une situation subissent généralement une série d’épreuves et sont confrontés à divers obstacles et défis tout au long du récit. Ces épreuves peuvent inclure des souffrances physiques ou émotionnelles, la perte d’êtres chers ou un traitement injuste. Malgré sa victimisation, le héros et l’héroïne possèdent souvent des qualités de résilience, de détermination et la volonté de résister.
Le périple du héros et de l’héroïne victimisés implique souvent la recherche de la justice, de la rédemption ou une libération de leurs oppresseurs. Ils peuvent rencontrer d’autres personnages qui les aident ou les guident en cours de route, tels que des mentors ou des alliés, qui les assistent et accompagnent dans leur quête d’un avenir meilleur.
L’archétype du héros et de l’héroïne victimaires sert à susciter l’empathie et à créer un récit de lutte et de triomphe final, incitant le lecteur/spectateur à encourager la réussite du personnage en dépit de ses adversités.
Un moment décisif
Qu’ils soient victimes ou non, ce moment de la décision est significatif d’une articulation majeure du récit : ce moment est la cause qui justifie la nécessité de s’engager dans l’aventure. C’est en cela qu’il représente un défi : il faut du courage pour pénétrer un monde que l’on ne connaît pas.
Néanmoins, ce n’est pas aveuglément que le personnage se lance dans une telle quête ; une promesse est faite : probablement celle d’un monde meilleur, que ce monde soit intérieur ou extérieur. Mais la promesse ne suffit pas. Une menace sourde plane aussi sur la décision du personnage.
S’il reste désespérément suspendu à ses habitudes ou à son passé, nul doute que le personnage est déjà condamné. Et il le sait plus ou moins confusément.
Relever le défi amorce l’intrigue. Mais celle-ci ne commence vraiment que lorsque le héros ou l’héroïne se sont engagés sur le chemin : ouvrir les yeux sur une injustice est insuffisant si cette attitude n’est pas accompagnée par l’action, par une initiative individuelle.
L’action est nécessaire : Katniss des Hunger Games se sacrifie pour sauver sa sœur mais l’acte Deux ne se lance qu’au moment où Katniss monte dans le train qui la mène au Capitol.
Une route, un train, quelque chose qui chemine ou serpente est souvent symbolique d’un départ.
En somme, cette fonction de défi consiste en la présentation d’une tâche à accomplir proposée à l’héroïne et au héros puis à l’acceptation de cette tâche.
Je tiens à remercier personnellement au-delà des mots tous ceux qui soutiennent Scenar Mag. MERCI A VOUS