Les récits concernent des êtres. Ce sont certes des êtres de fiction mais ils sont beaucoup plus que des imitations. Ces êtres de fiction s’adressent à nous, lectrices et lecteurs des récits dans lesquels ils apparaissent. Plus précisément, ce sont leurs personnalités de fiction qui nous parlent. Elles doivent être humanisées afin que nous les comprenions et apprécions.
Ce qui caractérise l’être
S’interroger sur son personnage permet déjà de le penser différemment. Qui est-il pour lui-même et pour les autres ? Comment se perçoit-il ? Non seulement la conscience de son corps, l’image qu’il s’est construite de son corps (son schéma corporel) mais aussi toute la complexité de sa personnalité.
Les personnages littéraires peuvent être complexes et présenter de multiples facettes. La perception qu’ils ont d’eux-mêmes et la façon dont ils sont perçus par les autres varient considérablement en fonction du personnage et du projet qui les concerne.
Comment dépeindre un personnage en regard de lui-même ?
D’abord la perception de soi : Les personnages peuvent avoir une compréhension claire de leurs propres pensées, émotions, désirs, forces et faiblesses. Certains personnages peuvent avoir une profonde conscience de soi, tandis que d’autres peuvent avoir du mal à se comprendre pleinement.
Les personnages peuvent être confrontés à des questions d’identité, y compris leur rôle, c’est-à-dire la raison de leur présence, la nécessité qu’il s’imagine de celle-ci ; leur but qui se confond aussi avec leur raison d’être ; leurs valeurs.
Ils peuvent s’interroger sur leur place dans le monde ou lutter contre des conflits et des contradictions internes. Les personnages se développent et se transforment souvent tout au long d’un récit, tirant des leçons de leurs expériences et évoluant dans leur compréhension d’eux-mêmes.
La façon dont les personnages sont décrits et dépeints dans le récit peut influencer la manière dont ils sont perçus par les lectrices et les lecteurs. Ils peuvent être décrits comme des héros, des méchants (c’est-à-dire en regard des archétypes qu’ils incarnent, de leurs fonctions dans le récit) ou des individus complexes avec des traits positifs et négatifs.
Les personnages sont souvent définis par leurs relations et leurs interactions avec d’autres personnages. Penser ces relations est le garant de l’attention que lectrices et lecteurs donneront aux personnages. Ils peuvent être considérés comme des amis, des ennemis, des amants, des mentors ou des rivaux, en fonction de la dynamique établie dans le récit car, en effet, une relation connaît aussi un mouvement, une évolution dans la durée d’un récit.
Dans certains cas, les personnages peuvent servir de symboles ou d’archétypes représentant des concepts ou des thèmes plus larges, tels que l’amour, la justice ou la rédemption. Dans ce cas, leur perception par les autres peut être influencée par le rôle symbolique qu’ils jouent dans le récit.
Chaque personnage est unique, c’est-à-dire qu’il possède ses propres motivations & perspectives et les relations qu’il établit avec autrui le différencie tout autant au sein de la dramatis personæ (l’ensemble des personnages).
Que dit et ne dit pas un personnage ?
Les personnages s’expriment à travers des dialogues, des monologues et des pensées intimes, ce qui permet aux lecteurs et aux lectrices de comprendre leurs points de vue, leurs émotions et leurs motivations. La façon dont les personnages s’expriment et ce qu’ils choisissent de dire (ou de ne pas dire) peut révéler beaucoup de choses sur leur personnalité et sur le contexte narratif, c’est-à-dire les situations ou circonstances dans lesquelles ils sont jetés.
Les personnages fournissent souvent des informations sur eux-mêmes, leur passé et leurs objectifs par le biais de déclarations directes (un narrateur s’adresse au lecteur/spectateur ou bien une réminiscence, c’est-à-dire une scène à laquelle nous avons déjà assistée nous est rappelée comme un souvenir du personnage ce qui est différent de l’analepse, espèce de récit dans le récit), ou de conversations avec d’autres personnages.
Les personnages peuvent exprimer leurs pensées, leurs désirs, leurs peurs et leurs émotions les plus intimes, ce qui permet de mieux comprendre leur état mental et émotionnel. Les conversations que les personnages ont entre eux révèlent les relations, les conflits et les dynamiques qui les animent. Ils peuvent exprimer leurs opinions, partager des informations, persuader ou argumenter avec d’autres, ou se livrer à des plaisanteries pleines d’esprit.
Ce qu’ils ne disent pas
Ce sont les motifs cachés ou secrets : les personnages peuvent choisir de dissimuler leurs véritables intentions ou de cacher certaines informations aux autres, créant ainsi du suspense et du mystère dans le récit. Des personnages peuvent éviter d’aborder certains sujets en raison d’un inconfort personnel, de normes sociétales ou des répercussions potentielles que de telles discussions pourraient avoir sur leurs relations ou leur réputation.
Les personnages peuvent s’abstenir de parler ouvertement de leurs vulnérabilités ou de leurs insécurités, car ils peuvent craindre d’être jugés, exploités ou de perdre leur apparente domination. La raison pour laquelle ils ne disent pas certaines choses peut varier en fonction des traits de caractère individuels, des développements de l’intrigue ou des intentions thématiques. Il peut s’agir d’un moyen de faire monter la tension dramatique ou de maintenir le suspense, de mettre en évidence des conflits ou d’explorer les complexités de la nature humaine.
En outre, le silence des personnages peut permettre au lecteur/spectateur d’interpréter et de déduire des informations, l’engageant ainsi activement dans le processus de narration.
Une existence dans le monde
Les personnages de fiction existent dans le monde imaginé par l’autrice et l’auteur, que l’on désigne souvent comme un univers fictif. Le cadre ou l’environnement spécifique dans lequel les personnages subsistent peut varier considérablement en fonction de la narration et du genre. Les personnages peuvent vivre dans des lieux physiques spécifiques tels que des villes, des villages, des maisons, des écoles, des lieux de travail ou des paysages naturels tels que des forêts, des montagnes ou des déserts. Ces lieux constituent l’arrière-plan de leurs actions et de leurs interactions avec les autres personnages.
Ils existent aussi au sein de structures sociales et de communautés, y compris la famille, les classes sociales, les organisations ou même des sociétés fictives. Ces contextes façonnent leurs relations, leurs fonctions et leurs identités au sein du récit.
Il est important de noter que le cadre dans lequel les personnages subsistent est intimement lié à la narration et peut avoir un impact significatif sur leurs expériences, leurs motivations et leurs conflits. Les descriptions de l’autrice et de l’auteur et les techniques de construction du monde inventé donnent vie à ces décors, permettant au lecteur/spectateur de s’immerger dans l’environnement des personnages et de mieux comprendre leur situation.
Un personnage existe donc au sein d’un récit. Il est un être de fiction créé par une autrice ou un auteur pour habiter un monde qu’ils ont aussi créé et ce personnage transporte un ensemble singulier de traits de personnalité, d’émotions et d’expériences. Les personnages prennent vie dans les mots de l’autrice et de l’auteur en faisant appel à l’imagination des lecteurs et des lectrices et en suscitant leurs émotions.
Bien que les personnages sont conçus à l’image des personnes réelles, ils n’existent en fin de compte que dans le monde fictif créé par l’auteur et l’autrice. Le lecteur/spectateur perçoit et interprète les personnages comme des entités distinctes ayant leur propre personnalité, leurs propres motivations et une histoire personnelle. Cependant, il est important de se rappeler que les personnages sont des créations de l’imagination des auteurs et qu’ils n’existent pas au sens propre en dehors de l’œuvre littéraire dans laquelle ils sont dépeints.
Être soi-même
Lorsqu’un personnage est lui-même, il s’agit d’embrasser et d’exprimer son identité, ses croyances, ses valeurs et sa personnalité authentiques, sans prétention ni conformité aux attentes ou aux pressions de la société, c’est-à-dire des autres. Il s’agit d’accepter et d’embrasser ce que l’on est vraiment, y compris ses forces, ses faiblesses, ses caprices et son individualité.
Il y a des moments dans le récit où un personnage a besoin d’être lui-même, car cela lui permet de vivre une vie plus épanouissante et plus authentique. Lorsque vous êtes fidèle à vous-même, vous éprouvez un sentiment de paix intérieure et de satisfaction. Cela vous permet de faire des choix et de suivre des voies qui correspondent à vos véritables aspirations et valeurs, plutôt que d’essayer de vous conformer à des attentes extérieures.
Mais nous savons aussi que les personnages de fiction comme reflets de notre réalité ne disent pas toujours la vérité aux autres personnages. C’est un outil narratif qui facilite les rebondissements et les surprises dans un récit ainsi qu’une exploration de notre nature humaine. Ils peuvent délibérément mentir au lecteur/spectateur, se mentir à eux-mêmes, manquer d’une conscience de soi ou de la société, ou encore voir leur vision de la réalité faussée.
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