La cinquième fonction définit dans la Morphologie du Conte de Vladimir Propp est celle d’information obtenue. Cette fonction a pour but de créer un sentiment de malaise chez le lecteur/spectateur car elle concrétise une menace : il y a une peur et une anticipation car il semble que le méchant de l’histoire détient maintenant un pouvoir sur le héros ou l’héroïne.
Le terme de fonction étend le concept et l’organisation de ces fonctions donnée par Propp n’est pas une obligation. De même, les 31 fonctions qu’il définit n’apparaissent pas toutes nécessairement dans un conte.
Cela nous rappelle que la théorie, comme quelques uns sont amenés à le croire, ne tue pas plus la spontanéité ou l’innocence de l’écriture que de la lecture.
Une apparence trompeuse
Sous des atours charmeurs, le personnage que nous devinons maléfique, car en effet quelque chose en lui nous le désigne comme tel, reçoit de sa victime elle-même des informations ce qui rend celle-ci vulnérable car elle se dévoile.
Et cette espèce de nudité la fragilise.
L’information n’est pas reçue seulement par l’agresseur. Certes, c’est le cas général ; cependant, il est possible que ce soit la victime qui obtienne de son agresseur des informations. Le rôle de cette fonction est de mettre en place une situation dans laquelle la connaissance devient une arme qui blesse que ce soit l’agresseur qui l’utilise contre sa victime (car, en effet, si le héros ou l’héroïne révèle qu’il ou elle possède la carte d’un trésor, celui à qui il confie cette information cherchera à s’en emparer quitte à tuer son actuel possesseur) ou bien la victime elle-même qui, maintenant qu’elle possède cette information qu’elle n’aurait pas dû connaître, s’est mise en danger.
L’information obtenue est la conséquence de la fonction précédente que Propp nomme la reconnaissance. La question précédemment posée révèle l’ignorance et la réponse donnée occasionne une connaissance dangereuse.
Cela présuppose qu’il vaut mieux se tenir au mystère que de chercher une vérité. C’est l’aspect moral du conte. Quoique dans la vraie vie, l’Histoire au grand H de l’esprit démontre qu’il tend toujours vers une connaissance plus grande. Le progrès est une question de maîtrise après tout.
Cette cinquième fonction privilégie le dialogue. Dans Blanche-Neige, ce dialogue intervient même avec un objet lorsque le miroir répond à la belle-mère que, bien que sa beauté ne fasse aucun doute, il existe un autre être vivant qui est encore plus belle.
La fonction précédente de reconnaissance prépare ce dialogue. Ainsi, dans une scène qui se déroule dans une sombre forêt, une mère inquiète appelle son fils de toutes ses forces et elle trahit alors sa présence à la sorcière qui hante les lieux.
Exposition
Tout comme les quatre premières fonctions, l’information participe de l’exposition du récit. Si l’information n’est pas recueillie, il n’y aura pas d’intrigue. Si l’intrigue porte sur la découverte d’un trésor, le méchant de l’histoire doit être informé de son existence.
Ce qu’il y a d’oppressant avec cette situation, c’est qu’il n’y a pas de contrepoids à ce moment du récit. Le héros ou l’héroïne sont totalement à la merci de leurs propres habitudes ; ils n’éprouvent aucune méfiance.
Peut-être est-ce à ce moment que le lien entre le lecteur/spectateur, destinataire de l’effet et de l’impression qui en résulte, et le personnage est le plus fort, qu’il y a empathie dans notre envie de lui crier d’être en garde contre ce qui apparaît de toute évidence comme une mauvaise chose.
Lorsque cette fonction est inversée, c’est la victime elle-même qui apprend de son antagonisme. Par exemple, l’héroïne est atteinte d’un cancer. Ce cancer est son antagoniste et l’héroïne le sait et le décrit.
Alors que les 31 fonctions que définit Propp ne se retrouvent pas dans chaque conte, cette information s’avère comme indispensable parce qu’elle informe autant les personnages que la lectrice ou le lecteur. Situé dans l’exposition, ce moment du récit n’augure rien de bon pour l’héroïne ou le héros.
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