Vladimir Propp analysa des centaines de contes à la recherche de structures, de thèmes et de séquences communs. Il résulta de cette étude 31 unités narratives. Ces unités narratives peuvent être utilisées en partie afin de repérer éventuellement ce qui manque dans un récit ou bien pour mieux en articuler les différents moments.
Les 7 premières unités narratives introduisent la situation initiale du récit, c’est-à-dire Qui, Où, Quand, Comment et Pourquoi. Elles sont une phase préparatoire du récit.
Quelque chose manque
Quelqu’un ou quelque chose manque dans le monde du héros ou de l’héroïne. Habituellement, l’un des membres de la famille de l’héroïne ou du héros s’éloigne de la demeure familiale.
Un membre de la famille quitte la sécurité de l’environnement familial pour une raison quelconque. Cela peut être le héros ou l’héroïne ou bien un autre membre de la famille que l’héroïne ou le héros devront plus tard sauver. Dans tous les cas, cette division d’une famille apparemment unie injecte une tension initiale dans le scénario.
Ce qui apparaît dans cette toute première unité narrative est l’éclatement de la cohésion. Le héros et l’héroïne peuvent également être présentés ici, souvent sous la forme d’une personne ordinaire. Cela permet au lecteur et à la lectrice du conte de s’associer à l’héroïne et au héros comme s’ils étaient comme eux.
Lorsque l’héroïne et le héros vivent leur aventure, le lecteur/spectateur est alors entraîné dans l’aventure et vit par procuration les mêmes risques et la même volonté de résoudre le problème. La notion de famille n’est pas nécessairement une unité génétique, mais peut être un groupe ayant une certaine forme de cohésion, qu’il s’agisse d’une association (communauté, secte..), d’un groupe d’amis ou même d’une ville entière. Le terme famille a une connotation culturelle profonde de proximité, de confort et de sécurité.
L’absence est ainsi ce qui initie une crise à venir. L’héroïne et le héros sont présentés, puis quelque chose disparaît ou quelqu’un s’en va : quelque chose manque. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Le puissant sceptre magique volé au sorcier est moralement un acte mauvais, certes, mais le départ du héros ou de l’héroïne pour chercher fortune ou accomplir une destinée n’est peut-être pas si extraordinaire.
Cependant, il faut que quelque chose disparaisse. Cela entraîne un conflit personnel car soit le héros ou l’héroïne éprouvent le désir de récupérer l’objet manquant, soit ils hésitent encore à se lancer dans une telle quête.
Il faut bien comprendre que cette absence ne concerne pas l’imaginaire mais la mémoire. L’imaginaire donne du réconfort alors que les souvenirs rappellent douloureusement l’absence. Il s’agit davantage d’un ressenti d’absence soit de ce qu’on laisse derrière soi, soit de la présence habituelle qui n’est plus. Et cela rompt la vie ordinaire de l’héroïne et du héros.
Le personnage est dans la frustration, dans la négation. L’absence se détermine dans ce qui n’est plus. Cela implique donc un arrière-plan explicitant la relation perdue.
Pour rendre cette relation dramatique, nous savons que par nature le personnage principal possède une faiblesse, un trait de caractère qui le rend vulnérable. Ce qui manque est un soutien et la volonté de retrouver cet appui perdu s’en trouve accrue.
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