Un personnage multidimensionnel ne signifie pas que par moments, ce personnage peut agir de manière surprenante par rapport à ce que l’on connaît de lui. Souvent les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons excitent en nous des comportements qui ne nous caractérisent nullement.
Être multidimensionnel n’est pas un trouble du comportement. Cela signifie simplement que nous ne voyons rien de mal dans les actions que nous entreprenons, quelles qu’elles soient.
Une question de position
Nos jugements à propos d’autrui se construisent d’après différents intermédiaires : lorsque nous rencontrons de manière fortuite un être que nous apprécions et l’instant d’après un autre être que nous méprisons, notre humeur bascule au rythme du jugement que nous nous sommes forgés à propos de chaque individu.
Il n’est pas utile de détailler les vices et les vertus d’un être pour décider si nous devons l’apprécier ou non. Dans ce cas, les vices ont tendance à l’emporter sur les vertus : ainsi sommes-nous faits.
Un personnage multidimensionnel est un individu qui possède davantage de ressemblances et de concordances avec la lectrice et le lecteur. Ce qui nous le rend d’autant plus attachant car nous le comprenons mieux.
D’ailleurs nous nous identifions bien mieux aux faiblesses d’un personnage qu’à la perfection. Il n’y a rien à admirer dans la perfection. Démontrer l’avers et le revers d’un personnage, ce qu’il montre comme ce qu’il cache, est le moyen de le rendre réel, c’est-à-dire à la fois de faire réagir le lecteur/spectateur de manière sensible aux actions & réactions d’un personnage quelles que soient les circonstances ainsi que de provoquer en nous une espèce d’intuition sur la réalité de ce personnage.
Il suffit de peu pour que nous jugions un individu. Penser une scène consiste à aiguiller le lecteur/spectateur sur l’intuition que nous voudrions qu’il connaisse. Par exemple lorsque nous découvrons pour la première fois le don Corleone, nul besoin d’une scène compliquée avec moult dialogues : il nous suffit d’apercevoir comment les autres personnages présents dans la scène se comportent avec lui pour ressentir qui est cet homme.
C’est une idée bien qu’abstraite (comme le respect par exemple) qui devient palpable par cette espèce de mise en scène ou de mise en intrigue en narrant l’événement dans lequel elle se manifeste.
Assumer la complexité du personnage
Donner plus de profondeur à un personnage fait que le lecteur/spectateur oscille entre l’estime et la désapprobation. Un personnage moralement ambigu n’est peut-être pas la solution à adopter pour traduire un personnage en actions : ce serait plutôt une preuve de l’indécision de l’auteur ou de l’autrice en regard de ce personnage.
Pourtant, c’est ce qui est le plus proche de notre réalité. Autrui dans la réalité est difficile à caractériser. Si l’on se contente d’écrire sur ce que l’on connaît, autrui sera jugé d’après nos propres expériences, notre propre vécu. Deviner qui est l’autre est un exercice difficile & peut-être même impossible. Il nous faut donc inventer qui est l’autre, lui donner les contours d’une réalité qu’en tant que lecteur/spectateur nous reconnaissons.
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