SUR LA PEUR

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Nos sens nous renvoient des informations. La vue & l’ouïe jouent un rôle important dans la compréhension des choses (la vue à cause qu’elle nous permet d’embrasser du regard notre environnement et d’en distinguer les détails et l’ouïe parce que, comme le sous-entend Aristote, elle nous permet de communiquer par le langage : ces définitions sont un peu réductrices mais notre propos est ailleurs).
Le traitement de l’information nécessite l’intervention de la perception mais pour aller au-delà de l’intuition, l’esprit humain exige beaucoup plus. Le récit d’une fiction est un discours complexe visant à enrichir, compléter et donner du sens à ce récit et à son sujet. Découvrons donc le complexe discours de la peur par le moyen de la fiction.

Un aspect de la réalité

Malgré sa subjectivité, la fiction offre souvent une vision plus profonde et plus honnête de la société, sans être limitée par un raisonnement scientifique ou même par la censure. En tant que questionnement intellectuel, la fiction capture les tendances sociales dissimulées ou ignorées et met en garde contre les tendances de leur développement potentiel.
Certainement, il y a une connexion entre la réalité (qu’elle quelle soit) et la fiction. Les autrices et les auteurs essaient de faire sens de comportements individuels et collectifs. Faire preuve d’objectivité n’est pas une évidence lorsque la compréhension du monde est ainsi soumise à autant de subjectivités.

La peur est une émotion, une passion multiforme. On la trouve dans le social, dans l’économie et bien sûr dans le politique (Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde nous dit Bertolt Brecht).

La réflexion sur diverses situations quotidiennes, depuis les expériences individuelles jusqu’aux pratiques collectives ou sociales de la peur, suggère que la peur est une méfiance rationnelle à l’égard de l’autre en tant que prolongement de la connaissance de soi, c’est-à-dire que notre individualité, qui fait que nous sommes ce que nous sommes, nous fait craindre l’autre et excite en nous nos instincts les plus barbares (et naturels que la société tend à dissiper par cette formule parmi quelques autres de Hillel l’Ancien de ne pas faire à son prochain ce qu’on détesterait qu’il nous soit fait).

Des monstres

peurLa mythologie et Harry Potter sont tout emplis de monstres effrayants. Chez Harry Potter, un monstre en particulier semble être une définition assez exacte de la peur (ou du moins qui permet de consacrer un temps suffisant à la peur dans le cours de la série) : les détraqueurs.

La peur pétrifie, elle paralyse et parfois elle tue. Elle se traduit par un sentiment de vide, celui du désespoir. Les détraqueurs sont une quintessence de la peur. Leur présence, c’est-à-dire une longue exposition à la peur, vide un corps de son âme et l’âme de ses souvenirs ou dit autrement, de la conscience de soi.

Il semble donc que lorsque la peur se manifeste chez un personnage de fiction, elle se traduise par des marques d’épuisement.

Je continue mes recherches sur la peur dans d’autres articles à venir. Merci

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One thought on “SUR LA PEUR

  1. Bonjour William,
    Imaginons un instant que ces détraqueurs, belle représentation de la peur comme tu dis, puissent devenir invisibles. Microscopiques et donc indétectables pour nos sens, ils pourraient se répandre dans nos corps et les détraquer jusqu’à la mort. La civilisation mondiale devrait alors se confiner chez elle pour éviter qu’un détraqueur ne l’infecte.
    Les réactions de peur aussi multiples que culturelles, pourraient alors créer un sentiment nouveau de cohésion ou du moins de compréhension de l’autre sur qui nous projetons nos peurs. 1 choix s’offrirait alors à l’humanité : changer profondément pour survivre ou continuer son chemin avec regarder.
    Il est des peurs constructrices que la fiction peut traiter comme la réalité inéluctable qui nous est imposée : la peur de la mort ou de la fin en reste l’une des plus puissantes.
    A cette question nous sommes aujourd’hui tous contraint d’y chercher une réponse. Si la pandémie de « détraqueurs » que nous avons connu n’amène pas notre civilisation à changer, c’est que nous n’avons pas donner suffisamment d’énergie dans la bataille. Pas suffisamment d’énergie pour comprendre dans quelle guerre nous sommes.
    La fiction est alors une belle arme pour éclairer, pour montrer d’autres chemins.
    Mais comme tu dis, la plus belle arme de la peur, c’est qu’elle épuise l’énergie et réduit donc les chances de comprendre.

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