La clarté est un aspect important de l’écriture d’un scénario. Le défi pour l’autrice et l’auteur consiste à communiquer exactement ce qu’ils ont en tête sur la page car ce que le lecteur et la lectrice de ce scénario imaginent est précisément ce que l’autrice et l’auteur ont joué dans leur propre imagination.
Pour que cet effet soit possible, il est nécessaire d’attirer l’attention du lecteur/spectateur non sur ce qu’il se passe globalement mais sur les détails.
Introduire un personnage dans un récit, c’est d’abord considéré son importance dans le récit. Un personnage majeur recevra dès son introduction une attention toute particulière alors que des personnages secondaires seront juste brossés afin que nous comprenions ce en quoi ils sont utiles au récit afin que le lecteur/spectateur ne s’investisse pas émotionnellement envers un personnage qui ne mérite pas toute son attention.
Un exemple
Considérons ce prologue de 28 jours plus tard
Ce prologue consiste en les cinq premières pages du scénario. Dès celles-ci, le ton est donné c’est-à-dire qu’il ressort de cette écriture un sentiment singulier à la lecture. Le contexte paraît évident et il ne participe à ce prologue aucun personnage majeur. Nous avons des activistes, un scientifique, la séquence est terriblement dramatique mais nous ne investissons nullement envers ces personnages car ce n’est pas l’intention de cette séquence.
Ils ne sont pas nommés car cela est inutile : l’effet recherché par cette séquence est psychologique. Les auteurs cherchent à nous mettre dans un état d’esprit aux limites précises pour que nous ne divaguions pas hors du périmètre de jeu dans lequel ils nous entraînent.
Introduire un personnage qui compte pour le récit, c’est prendre conscience que ce personnage est un moyen d’accès au récit. Nous sommes attirés par des personnages que nous admirons, que nous craignons, qui nous intéressent ou qui nous intriguent.
L’admiration quelle que soit sa forme (curiosité, répugnance, sympathie, étonnement..) incite le lecteur/spectateur à suivre ce personnage. Il sera suivi non tant par ses actions mais pour l’état émotionnel dans lequel il se trouve au moment où il réalise une action. On nous donne à voir quand il agit & réagit mais cela a été préparé par l’autrice et l’auteur qui ont pensé à la signification intérieure d’un geste soit parce qu’il est mécanique, c’est-à-dire la conséquence d’une cause posée a priori, antérieurement (dans le passé du personnage ou bien dans son devenir lorsque ce geste anticipe une raison), soit dynamiquement lorsqu’il est admis que le personnage est animé d’une force qui, couplée à un mouvement, crée la dynamique d’un processus de transformation dont les actions sont autant de jalons d’un devenir en cours de formation.
Le choix des mots
Le choix des mots pour décrire un personnage permet des descriptions courtes. Les descriptions courtes assurent la fluidité des scènes. Le mot crée une image dans l’esprit de la lectrice et du lecteur.
L’image a une finalité. Les détails matériels qui y apparaissent comme par exemple un personnage qui porte une chemise hawaïenne ne sont pas gratuits. Ils révèlent quelque chose à propos du personnage, quelque chose d’intérieur qu’il envoie à la lectrice et au lecteur. Cette simple chemise hawaïenne par exemple peut suffire à expliquer ce qu’il fait & dit.
Votre tâche consiste à révéler deux ou trois détails clairs, succincts et vivants (c’est-à-dire dans l’âme ou le corps, dans l’humain) qui créent une image dans l’esprit de votre lecteur ou de votre lectrice, et qui transmettent quelque chose de l’essence de ce personnage. Les meilleures introductions de personnages ont tendance à inclure à la fois une perception (l’apparence physique du personnage) et une information singulière ou surprenante sur sa personnalité ou sa situation présente.
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