PART 1 : THE ADVENTURE OF THE HERO
Chapter 1 : Departure
3. Supernatural Aid
FOR those who have not refused the call, the first encounter of the hero’s journey is with a protective figure (often a little old crone or old man) who provides the adventurer with amulets against the dragon forces he is about to pass.
Pour ceux qui n’ont pas refusé l’appel, la première rencontre du voyage du héros est avec une figure protectrice (souvent un vieil homme ou une vieille femme) qui dote l’aventurier d’amulettes contre les forces du dragon qu’il est sur le point d’affronter.
Les forces draconiques (dragon forces)
Au cours de son aventure, le héros rencontre des puissances et des forces inconnues de lui.
Le voyage héroïque est un cheminement psychologique au cours duquel le héros ou l’héroïne tentent d’échapper à la captivité de leur condition et recherchent leur véritable soi. Héroïne et héros s’enfoncent dans le monde souterrain de la psyché pour y rencontrer les forces qui détruisent la vie, dénommées dragons par Campbell. Ces forces sont capables de fragmenter un être, de lever le dégoût de soi ; elles sont le siège de nos peurs, de nos angoisses et nous paralysent.
Tuer le dragon, c’est devenir son véritable soi.
Les figures que le héros ou l’héroïne rencontreront au cours de leur voyage seront de deux ordres opposées : ces figures (un amant, un père ou une mère, un étranger) peuvent renforcer le sentiment d’infériorité du personnage et chercheront à le soumettre, à ravir le libre-arbitre de ce personnage.
Au contraire, d’autres figures renforceront le sentiment de valeur et de pouvoir ou d’affirmation du héros ou de l’héroïne.
Cette haine de soi que connaît le héros ou l’héroïne au début de leur parcours vers l’intégrité sera personnifiée par un homme ou une femme ou quelque chose de masculin ou de féminin selon le vécu du personnage.
Car le voyage héroïque n’est pas une simple aventure. Et le monde dont il émane n’est pas simplement ordinaire, comme l’explique Campbell, ce monde dans lequel le héros se trouve souffre d’une déficience symbolique définitive. Campbell écrit que dans les mythes, il y a toujours une carence symbolique que le héros doit corriger, et c’est cette carence qui le pousse à s’engager dans son aventure.
Cette déficience peut prendre la forme d’un étouffement, d’une coercition, d’un ostracisme, d’une inhibition, d’une répression de la vie. Elle peut être l’expression de l’ignorance. Dans Hamlet, quelque chose de mauvais s’est emparé du Danemark et Hamlet jure de débarrasser le monde de cette engeance. Ce monde ordinaire est au bord de la ruine et tout empli de mort spirituelle ou physique. Ce monde a perdu contact avec le divin (en tant qu’attention à la vie), cette source ultime de toute vie, une source qui a été volontairement obstruée peut-être par cupidité, jalousie, la soif de pouvoir, la haine ou simplement l’intérêt personnel si intimement lié à la nature humaine.
Dans les mythologies, ces vices qui ne s’excluent pas mutuellement mais peuvent s’accumuler au sein d’un même individu sont souvent un monstre, un dragon ou un roi sans légitimité et tyrannique qui accumule les richesses et qui se détourne du bien général, avide de son intérêt personnel, dit Campbell.
Ce dragon peut se représenter sous la figure des parents qui refusent de renoncer au contrôle qu’ils exercent sur leur enfant.
Quant à l’expiation, elle consisterait en l’abandon de ce double monstre auto-généré en notre âme, c’est-à-dire le dragon pensé pour être Dieu (le surmoi) et le dragon pensé pour être le péché (le soi réprimé). Mais cela exige un abandon de l’attachement à l’ego lui-même ; et c’est ce qui est difficile. Il faut avoir la foi que le père est miséricordieux et compter ensuite sur cette miséricorde.
Ce monde apostat doit être sauvé. Il implore un héros rédempteur, porteur de la lame brillante, dont le coup, dont le toucher, dont l’existence, libérera la terre. Le héros doit voyager dans le monde de l’aventure, le monde spécial, qui n’a pas oublié l’essence éternelle de toute vie, et devenir le point par lequel les énergies de l’éternité (c’est-à-dire le divin en général) entrent dans le temps, de retour dans le monde ordinaire qui renaîtra de son ancienne mort et sera à nouveau libre.
Une utopie ?
Le christianisme est radicalement différent de la philosophie moderne de notre temps. Non seulement les anti-héros de la télévision moderne nous prouvent à quel point ce monde peut être horrible – ils nous montrent par les faits que ce monde horrible est tout ce qu’il y a ; il n’y a pas de héros pour sauver la situation.
Il n’y a pas de porteur de la lame brillante parce que personne n’est assez qualifié pour la manier, et si quelqu’un dit le contraire, vous ne devriez pas lui faire confiance. La vie est une histoire, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, ne signifiant rien, dit Macbeth. C’est ce qu’est le monde réel, donc notre télévision nous le dit, et croire le contraire peut être plein d’espoir, mais c’est naïf.
La lame brillante
La Bible nous dit qu’après avoir péché, Adam et Eve furent bannis de Eden. Pour les dissuader de revenir, Dieu place un chérubin à l’épée flamboyante à l’est du jardin. Plus tard, nous trouvâmes Excalibur très inspirée de l’Épée de Mars, cette épée magique appartenant à Attila le Hun. Et si l’on en croit l’auteur Geoffrey de Monmouth, cette même épée serait dérivée de celle de Jules César, Crocea Mors.
Et si l’on remonte jusqu’à la cause première, il s’agirait de la Faucille qu’utilisa Cronos contre son père Ouranos pour délivrer sa mère Gaïa de l’étreinte un peu trop pressante d’Ouranos.
La collection peut continuer : issue du shintoïsme, l’épée-nuage sourcilleuse du ciel fut découverte par le dieu Susanoo dans la queue du dragon qu’il vainquit. La mythologie nordique n’est pas en reste avec Gram (en norrois Noble Épée) ayant appartenu à Sigmund et à son fils Siegfried (ou Sigurd).
Toutes ces puissantes épées sont un caractère commun à de nombreuses légendes. Elles sont une image d’autorité et de pouvoir donnant à celui ou à celle qui les possèdent un droit de vie et de mort. Souvent, un tel discernement est au cœur du problème car ces épées sont animées de forces spirituelles qui ne sont déterminées au bien ou au mal qu’en raison de ceux qui les utilisent (un thème assez souvent employé dans les récits de toutes époques).
Une figure est fortement ancrée dans notre conscience. C’est celle de l’archange Michael tuant le dragon de son épée. Quand on se représente une telle image, elle est porteuse d’espoir. Cette image en effet reconnaît que des forces obscures et mauvaises animent tout être humain (elles sont personnifiées par le dragon qu’on peut sentir s’enrouler autour de nos âmes pour nous piéger et nous priver de pouvoir).
Toutefois des forces plus élevées existent aussi en nous. On peut les solliciter pour maintenir le dragon à distance ou pour l’apprivoiser en quelque sorte.
Joseph Campbell et le concept de numineux
Pour Campbell, le mythe est important non seulement parce qu’il organise des structures narratives familières, mais aussi parce qu’il est une voie vers la mise en œuvre de l’inconscient et la recherche de sens spirituel. Pour reprendre le langage de Carl Jung, il s’agit du numineux.
C’est cet aspect numineux du mythe qui le rend à la fois fascinant et déconcertant, du moins pour une approche théorique. Depuis Marx d’abord puis Freud ensuite, que Paul Ricœur a nommé l’herméneutique du soupçon, il n’y a pas de faculté particulière pour la spiritualité dans la condition humaine. L’aspiration à une signification transcendantale serait seulement le signe d’une peur de la mort ou un exutoire de la lutte des classes.
Mais peut-être notre scepticisme postmoderne pourrait-il remettre en question les limites du matérialisme scientifique. La survie du concept de mythe peut représenter non pas la persistance d’une illusion, mais le retour du refoulé dans un monde en apparence plus désenchanté que jamais.
Pour Jung, les mythes tendent à réhabiliter ces aspects de nos personnalités les plus négligés dans les sociétés modernes. L’expérience mythique est une expérience numineuse ; une expérience qui laisserait une impression durable et significative, peu importe si cette expérience est directement recherchée ou induite ou si elle surgit spontanément. L’intensité de telles expériences appelle le changement bien plus que l’intuition que l’on peut éprouver dans le besoin de changer. Cette expérience fait de nous des êtres différents.
Mais qu’est-ce que numineux ? Employé le plus souvent comme adjectif, il permet de qualifier la puissance ou la présence d’une divinité. C’est Rudolf Otto qui a vulgarisé ce terme en 1923 dans son ouvrage Le Sacré.
Selon Otto, l’expérience numineuse a deux aspects : mysterium tremendum qui est la crainte éprouvée devant la divinité ; et mysterium fascinas qui correspond à la fascination qu’exerce sur l’être la divinité et qui contraint l’être dans cette admiration. C’est à une communion avec le divin que l’expérience numineuse nous convie. Mais ce terme de divin peut être interprété différemment : la croyance en des divinités ou dans le surnaturel ou dans le sacré ou encore dans la transcendance quelle qu’elle soit.
La dotation
Autrefois, la vie humaine était très fragile en regard des catastrophes ; de nos jours, cette fragilité originaire s’est un peu amoindrie ; nous sommes plus vulnérables devant nos sentiments et les émotions qu’ils engendrent. Mais autrefois, les pandémies, les guerres, les famines, les catastrophes naturelles et d’autres nombreux facteurs revendiquaient la vie des individus comme tribut.
C’est ainsi que l’individu s’est mis en quête des protections les plus diverses sans se soucier de leur efficacité, ce qui implique aussi que le surnaturel s’est invité dans la résolution du problème et sa forme la plus commune fut le talisman ou l’amulette.
La nature humaine est ainsi faite qu’on alla chercher auprès des sorcières et des sorciers et des marchands spécialisés ces objets dont, eux seuls, connaissaient les secrets qu’ils revendaient souvent à des prix très élevés. Et c’était d’autant plus facile qu’on payait parce qu’on attribuait alors davantage de valeur à sa propre vie qu’à sa propre richesse sonnante et trébuchante.
On retrouve encore de nos jours de ces amulettes faites de bois, de métal ou d’argile ou de roche. Et elles ne cessent de surprendre par leur symbolisme les plus érudits. Il apparaît que la magie est une source extraordinaire de protection pour ceux qui en éprouvent le besoin. Une foule d’amulettes et de talismans aux propriétés diverses et variées servaient à différents usages.
Seuls les initiés possédaient le savoir-faire pour créer des amulettes car cette création était en elle-même un rituel. Chaque amulette ou talisman était fondé sur un symbole et parmi les plus populaires nous rencontrons l’Ânkh qui symbolise la vie chez les égyptiens ; le Yin et le Yang, les deux forces complémentaires de l’univers ( l’univers : le monde et ce qui le contient ou encore le mouvement de la vie..) ; le pentagramme, symbole de pouvoir, de magie et de la domination de l’esprit sur les éléments ; le caractère fú du bonheur pour les chinois ; le nazar boncuk, l’amulette du mauvais œil chez les turcs ; le nœud mystique Feng Shui, symbole de longévité & de bonne fortune ; le scarabée égyptien, symbole de la renaissance du soleil..
Des objets magiquement puissants
Une amulette est une idée rendue sensible afin d’être à portée de notre compréhension. Sa forme importe peu car le symbole est un intermédiaire entre notre esprit limité et des réalités intangibles comme la mauvaise fortune ou le mauvais œil ou au contraire pour favoriser l’amour, la bonne santé, la quête du pouvoir ou de la réussite..
Il peut être attribué à toutes sortes de matériaux une vertu magique inhérente, y compris des restes prétendus humains. Leur efficacité peut être renforcée par des figures gravées, par exemple des divinités ou des symboles, en particulier sur les pierres et les gemmes.
Cette dotation peut prendre n’importe quelle forme. Dans les mythes, cet objet est essentiellement protecteur. Du moins, il est destiné à donner à celui ou à celle qui le reçoit une espèce de laisser-passer vers des territoires apparemment inconnus et partant, dangereux.
Aux temps modernes, une parole peut avoir un effet différent. Elle est une invitation à la réflexion, à une introspection. Comprenez bien que l’extérieur n’intervient pas, la parole donnée est une même espèce de prise de risque à s’explorer.
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