Et voici le second acte. Pourquoi second ? Parce qu’il n’est plus d’exposition mais d’intrigue. L’intrigue est une espèce de conséquence de l’exposition. Il faut admettre qu’il existe une relation de causalité entre l’exposition du premier acte et l’acte Deux qui constitue l’espace de l’intrigue.
Plus précisément, le passage dans l’acte Deux est une réaction à l’incident déclencheur du premier acte (cet incident déclencheur peut aussi appartenir à l’histoire du récit qu’on s’apprête à conter et s’être produit avant l’acte Un et être ainsi déjà une conséquence). Par exemple, le personnage principal apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable dans l’acte Un ou bien nous faisons sa connaissance alors qu’il est déjà atteint par une pathologie incurable.
Le corps du récit
L’intrigue est matière. Mais elle serait lourde à porter pour le lecteur/spectateur s’il n’y avait pas un point médian (qui n’est pas exactement au centre de l’intrigue) qui sépare l’intrigue en deux. Par exemple, un personnage prépare son crime dans la première partie de l’acte Deux ; le point médian ou d’articulation est le crime lui-même et la seconde partie de l’acte Deux pose une nouvelle question dramatique : échappera t-il à la justice des hommes pour ce crime ou selon le sujet traité, devra t-il des comptes à la justice divine ?
L’acte Trois ensuite débute une nouvelle chaîne d’événements. Au moment du passage dans l’acte Trois, il se passe quelque chose comme une espèce de révélation ou de prise de conscience (et le lecteur/spectateur est invité à participer de cet aveu, confession ou dévoilement) qui meut alors le récit vers son climax, c’est-à-dire vers le point auquel le plus haut niveau d’intérêt et de réponse émotionnelle est atteint.
Après ce moment vient le dénouement. L’autrice et l’auteur ont déjà donné leur message lors de l’issue du climax, le dénouement est là cependant pour parfaire l’expérience du lecteur/spectateur, lui procurer une satisfaction en lui suggérant ce que sera la vie de l’héroïne ou du héros après le climax.
Ce dénouement peut être aussi empli de doutes. Lorsque le héros ou l’héroïne reviennent chez eux après leur aventure, les choses ont changées, eux-mêmes ont changés et même s’ils partagent avec leur communauté tout ce qu’ils ont appris au cours de leur voyage, ils s’aperçoivent qu’ils n’ont plus leur place au sein de cette communauté qu’ils ont pourtant aidés à devenir meilleure.
Quelque chose à dire
Lorsqu’on a une vérité à dire, la fiction est un moyen de le faire. Cette faculté d’articuler nos pensées est dans notre nature humaine. Depuis les temps immémoriaux, les récits possèdent cette autorité qui fait qu’on les entend et qu’on s’en abreuve.
Les récits possèdent cette faculté de lier des événements dans un ordre quelconque et l’intrigue alors constituée fait sens. C’est en observant (voire même en éprouvant) les échecs et les triomphes d’un personnage que le lecteur/spectateur apprend à gérer et à résoudre ses propres problèmes.
Chacun d’entre nous peut conter son propre récit. L’offrir aux autres peut nous aider et aider autrui en illuminant ce qui est caché par habitude, par crainte, par honte.. Se dire à travers un récit permet de lever le voile de l’illusion sur soi-même et par comparaison, autrui prend conscience du mensonge que lui-même ne cesse de se répéter.
C’est ainsi que l’on comprend que nous ne sommes pas seuls dans notre combat.
Une intention
Des paroles avec une intention, voici ce qui donne à un récit de la cohésion et de la signification. Mais que signifie signification ? Que d’une manière singulière et unique, ce récit émet une espèce d’onde qui nous frappe et nous entraîne. D’aucuns la nomment résonance.
L’autrice et l’auteur ont donc quelque chose à dire et le moyen qu’ils utilisent est le conte, la fable car pour se rendre intelligibles, il leur faut à la fois de la fiction et de la vraisemblance.
C’est ainsi que la structure entre en jeu car pour qu’un récit prenne forme, car c’est la forme que nous projetons dans le monde sensible ; la forme, la figure, la représentation, l’image, tout ce qui nous est perceptible.. sont ce que voit et entend un lecteur/spectateur par exemple ; il lui faut une armature.
L’armature soutient la forme. Mais qu’est-ce précisément une armature ? Est-ce un arrangement en trois actes ? Ou en cinq avec un incident déclencheur, des passages dans les actes Deux et Trois, un point médian comme véritable articulation du récit qui l’oriente sur une nouvelle direction, un dénouement et autant de moments que l’on puisse élaborer pour soutenir notre propos ?
L’autorité d’un récit est une idée. Vous avez quelque chose à dire. Et ce que vous avez à dire tient souvent en une phrase (tout au plus deux). L’autrice et l’auteur qui veulent parler de compétition par exemple ne souhaitent pas parler de compétition car c’est un thème trop général, qui concerne un ensemble de faits si diversifiés qu’on en perd de vue son idée ou bien qui concerne une majorité ou une totalité de faits qui sont alors banalisés et ennuyeux.
L’autrice et l’auteur qui veulent parler de compétition précisent ce qu’ils pensent de la compétition : par exemple, la compétition est parfois un mal nécessaire ou encore La compétition conduit à l’autodestruction. Cette prémisse est d’ordre moral. L’autrice et l’auteur possèdent une vérité et ils la jettent dans le monde afin qu’elles s’y confrontent avec d’autres vérités. Considérons un personnage qui a passé toute sa vie dans la jungle, parmi les animaux sauvages et voici que, pour la première fois, il découvre une grande cité toute emplie d’une foule bigarrée et bavarde.
Nous pouvons imaginer sa surprise ou son étonnement. Mais quels sont-ils autrement qu’une comparaison entre deux vérités ? Ce sont deux vérités qui se comparent dans un récit. Celle d’une autrice ou d’un auteur et celle d’un destinataire du récit. Les ressemblances et les différences décrites dans les situations fictives et la propre réalité de ce destinataire lui permettent d’ouvrir son regard sur d’autres paysages dont il ignorait encore l’existence. C’est l’aspect moral du discours d’un auteur ou d’une autrice : c’est une proposition de vie.
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